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Delli segretarii de principi Cap .XXII. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Des segrétaires et ministres d'un prince. Chapitre XXII | Des secretaires d'un Prince Chap. 22. | Des secretaires des Princes. Chapitre XXII. | Des secretaires d'un Prince. Chap. 22. |
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Non è di poca importantia a un' Principe la elettion' de ministri, li quali sono buoni, o no, secondo la prudentia del' Principe. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Ce n'est pas chose de petite importance, pour le bien d'ung prince, que l'élection de ceulx dont ordinairement il se sert au ministère de sa maison et de son estat. Lesquelz sont bons ou maulvais selon ce que leur prince est prudent ou non. | Il n'y a pas peu d'affaire a un Prince de sçavoir bien choisir des serviteurs, lesquelz deviennent ou bons ou mauvais selon la sagesse du Prince. | Ce n'est chose de petite importance à un Prince que sçavoir eslire les serviteurs : lesquelz sont bons, ou non, selon qu'il les sçait prudemment choisir. | Il n'y a pas peu d'affaire à un Prince de savoir bien choisir des serviteurs, lesquelz deviennent ou bons ou mauvais selon la prudence du Prince. |
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Et la prima coniettura, che si fà d'un' Signore et del' cervel' suo, è veder' gli huomini che lui ha d'intorno: et quando sono sufficienti et fedeli, sempre si può reputarlo savio, perche ha saputo conoscerli sufficienti et mantenerseli fedeli. Ma quando siano altrimenti, sempre si può far' non buon' iudicio di lui: perche il primo error' ha fatto in questa elettione. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Car la première conjecture et jugement que l'on faict de la saigesse ou esprit d'un seigneur, est de veoir la qualité des hommes qui sont entour luy. Et s'ilz sont suffisans et fidelles, on peut toujours réputer que celluy qui a sceu congnoistre et maintenir telz serviteurs est saige et de bon esprit. Mais s'ilz sont aultres, alors on peult franchement juger qu'il est ignorant et lourdeault. Car la première faulte que faict ung homme est en l'élection des serviteurs. | Donc la premiere coniecture qu'on faict d'un Seigneur, et de son cerveau, c'est de veoir les hommes qu'il tient a l'entour de luy, lesquelz s'ilz sont suffisans et fideles on le pourra tousiours estimer sage d'autant qu'il les a sceu connoistre suffisans, et se les maintenir fideles. Mais quand ilz sont autres on peut tousiours asseoir un sinistre iugement, pource que ceste premiere faute qu'il a faict porte consequence au reste de sa vie, et a l'opinion qu'on aura de luy. | Car la premiere coniecture, que lon fait d'un seigneur, et de son entendement, se fonde communement sur les hommes, qu'il a aupres de luy : parce qu'estans suffisans et fidelles, on le peut tousiours reputer sage, pour avoir sceu congnoistre leur suffisance, et les maintenir en telle fidelité. Mais s'ilz sont autres, on ne fera iamais bon iugement de luy : d'autant que la premiere, et plus grande faute, qu'il sçauroit faire, est en ceste mauvaise election. | Donc la premiere coniecture qu'on fait d'un Seigneur & de son cerveau c'est de veoir les hommes qu'il tient à l'entour de luy : lesquelz s'ilz sont suffisans & fideles on le pourra tousiours estimer sage d'autant qu'il les a sceu connoistre suffisans & se les maintenir fideles. Mais quand ilz sont autres on peut tousiours asseoir un sinistre iugement, pource que cette premiere faute qu'il a faitte porte consequence au reste de sa vie & a l'opinion qu'on aura de luy. |
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Non era alcuno che conoscesse Messer' Antonio da Venafro per ministro di Pandolpho Petrucci, Principe di Siena, che non iudicasse Pandolpho esser' prudentissimo huomo, havendo quello per suo ministro. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Il n'y a aujourdhuy personne de ceulx, qui ont eu bonne congnoissance de messire Anthoine Venafry qui ne jugeast Pandolfo Petruccy prince de Siene estre homme tresprudent et de grand sçavoir, d'avoir ung tel homme à son service. | Il n'y avoit celuy qui conneust Messire Athoine de Venafre serviteur de messire Pandolfe Petrucci Prince de Siene qui n'estimast messire Pandolfe estre un tressage homme, de l'avoir pour son serviteur. | Oncques homme ne congneut Messire Antoine Venafre secretaire du seigneur Pandolfe Petrucce Prince de Siennes, qui n'estimast beaucoup la prudence dudit Pandolfe, ayant un tel homme en son service. | Il n'y avoit celuy qui connust Anthoine de Venafre serviteur du Seigneur Pandolfe Petrucci Prince de Siene qui n'estimast Pandolfe de l'avoir eleu à son service. |
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Et perche son' di tre generationi cervelli, l'uno intende per se, l'altro intende quando da altri gli è monstrò, il terzo non intende ne per se stesso ne per demonstratione d'altri. Quel primo è eccellentissimo, il secondo eccellente, il terzo inutile. Conveniva per tanto di necessità che, se Pandolpho non era nel' primo grado, fusse nel' secondo. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Et pource qu'il y a troys qualitez des entendemens humains : l'un entend le bien de soy mesme, l'autre l'entend quand on luy monstre, le tiers, qui est inutile, n'entend le bien ny de soy, ny avec la démonstration daultruy : il fault juger que si ledict Pandolfo n'estoit au premier degré, qui est le plus excellent, qu'il fust au second, qui est bon. | Or pource qu'il y a des cerveaux de trois sortes, les uns qui entendent les choses d'euxmesmes, les autres quand elles leur sont enseignees, les tiers qui ny par soymesme ny par enseignement d'autruy ne veullent rien comprendre : Le premier moyen est tresexcellent, le second est singulier, le tierce est du tout inutile. Il falloit donc necessairement que si messire Pandolfe n'estoit au premier degre des bons princes, qu'il fust pour le moins au second. | Or est ainsi, qu'il y a trois especes de cerveaux d'hommes, l'un entendant par soymesmes, l'autre par remonstrance d'autruy, et le tiers, qui n'entend, ne de soymesmes, ne par demontration d'ailleurs. Le premier est excellentissime, le second excellent, et le dernier entierement inutile. A raison dequoy failloit bien, que si le seigneur Pandolfe ne tenoit le premier degré, il fust necessairement au second. | Or pource qu'il y a des cerveaux de trois sortes, les uns qui entendent les choses d'eux-mesmes, les autres quand elles leur sont enseignées, les troisiemes qui ne par soymesme ne par enseignement d'autruy veulent rien comprendre : Le premier moyen est tres-excellent, le second est singulier, le tiers est du tout inutile. Il faloit donc necessairement que si le Seigneur Pandolfe n'estoit au premier degré des bons Princes, qu'il fust pour le moins au second. |
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Perche ogni volta ch' uno ha il iudicio di conoscer' il bene et il male che un' fà et dice, anchora che da se non habbia inventione, conosce l'opere triste et le buone del' ministro et quelle esalta et l'altre corregge: et il ministro non può sperar' d' ingannarlo et mantiensi buono. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Car quand ung homme a jugement de congnoistre le bien et le mal qu'on faict, jafois que de soy il n'aye l'invention des choses grandes, si congnoist il pourtant les bonnes oeuvres et les mauvaises du ministre, et loue les unes, et corrige les aultres, en sorte qu'il ne peult estre déceu, et les serviteurs sont bons par contraicte. | Pource que toutesfois et quantes qu'un homme a le iugement de connoistre le bien, ou le mal qu'un autre faict, ou dit encores que de soymesmes il ne puisse pas si bien inventer les choses, toutesfois il connoit bien lesquelles sont bonnes ou mauvaises de son serviteur, corrigeant celles ci, et recompensant celles la. Veu que son serviteur ne peut esperer de l'abuser, et pource il marche droit. | Car toutesfois, et quantes que l'homme a le iugement de discerner le bien et le mal commis par un autre encores que de luy mesmes il ne soit inventif, ne lairra pourtant de congnoistre les bonnes et mauvaises operations de son serviteur, exaltant les unes, et corrigeant les auttres : tellement que le serviteur ne congnoissant moyen pour tromper son maistre, est finablement contraint user de la bonté. | Pource que toutesfois & quantes l'homme à le iugement de connoistre le bien ou le mal qu'un autre fait ou dit, encore que de soymesme il ne puisse pas si bien inventer les choses, toutefois il connoist bien lesquelles sont bonnes ou mauvaises de son serviteur, corrigeant les unes & recompensant les autres : veu que son serviteur ne peut esperer de l'abuser & pource il marche droit. |
Segment 6 | |||
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Ma come un' Principe possa conoscer' il ministro, ci è questo modo che non falla mai. Quando tu vedi il ministro pensar' più a se chè a te, et che in tutte l'attioni vi ricerca l'util' suo, questo tal' così fatto mai non fia buon' ministro, non mai te ne potrai fidar'. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
La reigle pour congnoistre la suffisance du ministre est quand on voit ung serviteur penser plus à soy qu'à son maistre et qui en tous ses affaires cherche son prouffict, il fault incontinent juger qu'il ne sera jamais bon serviteur et duquel il ne se fauldra point fyer. | Or comme c'est qu'un Prince pourra connoistre son serviteur et sa nature voici un enseignement qui ne faut iamais. Quand tu vois un serviteur penser plus a soy qu'a toy, et qu'en tous ses manimens et affaires il regarde a son proffit, un tel serviteur ne vaudra iamais rien, et ne t'y dois point fier : | Voulant doncques trouver la maniere pour sçavoir prudentement choisir un serviteur, il faut suivre ceste maxime, qui ne deçoit iamais : C'est quand tu vois que le ministre pense plus en luy, qu'en roy, et qu'en tout ce qu'il fait, il a son profit en principalle recommandation, fay ton compte de n'avoir iamais bon, ne loyal service de cestuy là : | Or comme le Prince pourra connoistre son serviteur & sa nature, voicy un enseignement qui ne faut jamais. Quand tu vois un serviteur penser plus a soy qu'à toy & qu'en tous ses maniemens & affaires il regarde à son proufit, tel serviteur ne vaudra iamais rien & ne t'y dois point fier ; |
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Perche quello che ha lo stato d'uno in mano, non deve pensare mai a se, ma al Principe, et non li ricordar' mai cosa, che non appartenga a lui. Et da l'altra parte il Principe, per mantenerlo buono, deve pensar' al ministro, honorandolo, facendol' riccho, obligandoselo, participandoli gli honori et carichi, accioche gli assai honori, l'assai ricchezze concesseli, sian' causa che egli non desideri altri honori et ricchezze, et gli assai charichi gli faccino temere le mutationi, conoscendo non potere reggersi senza lui. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Car celluy qui a l'estat dung prince entre ses mains ne doibt jamais penser à soy, mais au seigneur, et ne luy remettre en mémoire chose qui n'appartienne à luy. Bien est vray que le prince de son costé doibt penser au serviteur, et l'honorer de biens et richesses, et luy faire part des charges honorables et dignes de sa suffisance, à celle fin que beaucoup d'honneurs et de richesses données par le prince, soyent cause qu'il n'en souhaicte daultres, et les charges luy fassent craindre les mutations et qu'il congnoisse ne se pouvoir maintenir sans luy. | pource que celuy la qui gouverne et tient dans sa main tout le gouvernement d'un Prince ne doit iamais penser a s'enrichir, mais plustost son maistre : et ne luy doit parler de rien, sinon qu'il touche le Prince, et qui apartienne aux affaires de son païs. Et d'autre part le Prince pour maintenir son serviteur en ceste bonne affection doit souvent penser a luy, luy donnant honneurs et finances, se l'obligeant a soy, et luy communiquant du prouffit aussi bien que de la peine, affin que les grans biens et richesses qu'il luy donnera soient cause qu'il n'en desire point d'autres, et les grosses charges qu'il soustiendra luy facent craindre les nouveautez : connoissant bien qu'il ne se pourroit maintenir en cest estat sans luy. | parautant que celuy, qui a les affaires d'un grand seigneur entre mains, se doit oblier du tout, pour addonner entierement son esprit à l'utilité, et advantage de son maistre, et n'avoir souvenance de chose qui ne luy appartienne. Le prince est tenu aussi de son costé penser au serviteur, pour le maintenir bon, en l'honnorant, l'enrichissant, et luy faisant part des grandes, et honnorables charges : à celle fin, que les honneurs et abondantes richesses à luy données, luy ressaisient l'envie d'en acquerir d'ailleurs. Et que semblablement les grandes charges luy facent craindre la mutacion de son maistre, congnoissant qu'il ne s'y peut maintenir sans luy. | pource que celuy qui gouverne & tient en sa main tout le gouvernement d'un Prince ne doibt iamais penser à s'enrichir, mais plustost son maistre : & ne luy doibt parler de rien, sinon de ce qui touche le Prince & qui appartienne aux affaires de son païs. Et d'autre part le Prince pour maintenir son serviteur en cette bonne affection doibt souvent penser a luy, luy donnant honneurs & finances, se l'obligeant à soy & luy communiquant du proufit aussi bien que de la peine, à fin que les grans biens & richesses qu'il luy donnera soient cause qu'il n'en desire point d'autres, & les grosses charges qu'il soustiendra luy facent craindre les nouveautez : connoissant bien qu'il ne se pourroit maintenir en cet estat sans luy. |
Segment 8 | |||
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Quando adunque i Principi et li ministri son' così fatti, posson' confidare l'uno de l'altro, quando altrimenti, il fin sarà sempre dannoso o per l'uno o per l'altro. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Quand doncq les princes et ministres seront ainsy conformes chacun à faire son debvoir, ilz se pourront fier l'ung de l'aultre, autrement vous congnoistrez que la fin sera malheureuse ou pour l'ung ou pour l'autre. | Quand donc les Princes et serviteurs sont telz ilz se peuvent fier l'un a l'autre : autrement la fin en sera tousiours dommageable tant a l'un qu'a l'autre. | Quand doncques les Princes et leurs ministres sont de ceste sorte, ilz se peuvent hardiment confier l'un à l'autre. Mais s'il en va entr'eux autrement, la fin s'en voirra tousiours pernicieuse, et dommageable pour l'un des deux. | Quand donc les Princes & serviteurs sont telz, ilz se peuvent fier l'un à l'autre : autrement la fin en sera tousiours dommageable tant à l'un qu'à l'autre. |