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De principati nuovi che con forze d'altri et per Fortuna s'acquistano Cap .VII. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Des principaultez nouvelles que l'on conqueste moyennant la force dautruy et par fortune. Chapitre VII | Des principautéz nouvelles qui se conquestent par les forces d'autruy. Chap. 7. | Des nouvelles principautez, qui s'acquierent par fortune, et le secours d'autruy. Chapitre VII. | Des principautez nouvelles qui s'acquierent par les forces d'autruy et par fortune. Chap. 7 |
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Coloro i quali solamente per Fortuna diventano di privati Principi, con poca fatica diventano ma con assai si mantengono; et non hanno difficultà alcuna tra via, perche vi volano. Ma tutte le difficultà nascono dapoi vi son' posti. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Par le contraire, ceulx qui d'estat privé seullement par la faveur de fortune deviennent princes, ont peu de travail à parvenir à la principauté, mais ilz en ont beaucoup à s'y maintenir et n'ont difficulté aucune par chemin, pource qu'ilz y vont quasi en volant, mais ilz en ont innumérables après qu'ilz se sont mys en possession dicelle. | Ceux qui de simples personnages deviennent Princes par le moyen seulement de fortune n'ont pas grand peine a se faire, mais beaucoup a se maintenir : et ne trouvent pas fort mauvais chemin au commencement, car ilz volent, mais toutes les difficultez naissent apres qu'ilz sont en train. | Ceux qui parviennent d'estat privé a quelque monarchie par le seul moyen de fortune, y parviennent fort aisément : mais la difficulté gist a s'y maintenir. Et ont bien peu d'empeschement pour y monter. Car lon y volle proprement par ceste voye. Toute la peine, et malaise ne se monstre, sinon quand l'on y est. | Ceux qui de simples personnes deviennent Prince par le moyen seulement de fortune n'ont pas grand peine à parvenir, mais beaucoup à s'y maintenir : & ne trouvent pas fort mauvais chemin au commencement, car ils volent, mais toutes les difficultez naissent apres qu'ils sont en train. |
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Et questi tali sono quelli a chi è concesso alcuno stato o per denari o per gratia di chi lo concede, come intervenne a molti in Grecia nelle Città di Ionia et del' Ellesponto, dove furon' fatti Principi da Dario, acciò le tenessero per sua sicurtà et gloria; come erano ancora fatti quelli Imperadori che, di privati, per corruttion' de soldati pervenivano allo Imperio. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Et de telles manières sont ceulx ausquelz quelque estat pourroit estre donné par argent, ou par libéralité d'un empereur comme il advint de plusieurs en Græce es citez d'Ionie et de l'Hellespont, qui furent faictz princes par Darius, affin qu'ilz tinsent les dites citez pour sa gloire et asseurance. Telz estoient aussy ces empereurs romains, qui par corruption ou tumultation des souldardz, de bas estat sautoient jusques l'empire. | Comme sont quelques uns auquelz on a donne des estatz, ou par argent, ou par faveur de celuy qui le permet : ainsi qu'il avint a plusieurs de Grece aux villes d'Ionie, et d'Hellespont, la ou Daire fit plusieurs petits roys affin qu'ilz tinssent le païs pour son asseurance et honneur : et comme on faisoit ces Empereurs de Romme qui parvenoient a ce degre prattiquant les souldarz par argent. | Ceste sorte de gens, sont communément ceux, qui se preparent l'entrée aux grandes Seigneuries par largesse de deniers, ou bien qui en ont don de quelque liberal, et magnifique Roy : comme il advint a plusieurs au païs de Grece, es villes des Ioniens, et de le Hellespont, qui furent créez Princes par Darius sur certains païs, lesquelles ilz advovoient tenir de luy, tant pour sa seureté, que sa reputation, et gloire. Du nombre desquelz sont pareillement aucuns Empereurs de Rome, qui par corruption des soldatz parvindrent à l'Empire. | Comme sont aucuns ausquelz on a donné des estatz, ou par argent, ou par faveur de celuy qui le permet : ainsi qu'il avint à plusieurs de Grece aux villes d'Ionie, & d'Hellespont, là où Darius fit plusieurs petits roys afin qu'ils tinssent le pays pour son assurance & honneur : & comme on fait les Empereurs de Rome qui parvenoient à ce degré prattiquant les soudarts par argent. |
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Questi stanno semplicemente in sù la volontà et Fortuna di chi gli ha fatti grandi, che son' due cose volubilissime et instabili, et non sanno et non possan' tenere quel' grado. Non sanno, perche, se non è huomo di grande ingegno et virtù, non è ragionevole che essendo sempre vissuto in privata fortuna sappia comandare. Non possono, perche non hanno forze che gli possino essere amiche et fedeli. | |||
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Ceulx cy ne se fondent sinon sur la volunté et fortune de celluy qui les aggrandit, qui sont deux choses très volubiles et instables, dont il est manifeste qu'ilz ne sçavent, et ne peuvent se maintenir en estat. Ilz ne sçavent, pour ce que s'il n'est personnaige de grand esprit et vertu, il n'est raisonnable qu'un homme qui a tousjours vescu en fortune privée, saiche commander au peuple ; ilz ne peuvent, acause qu'ilz n'ont point de forces qui leur puissent estre favorables et fidelles. | Ceux la sont fondez seulement sur la fortune, et volunte de ceux qui les ont faictz grans, qui sont deux choses incertaines et legeres. Outre ce qu'ilz ne sçavent, ni peuvent tenir ce reng la : ilz ne sçavent, car si ce n'est un homme de singulier esprit et vertu, il semble qu'aiant tousiours vecu en basse condition, il ne sçache user de l'autre : ilz ne peuvent, car ilz n'ont pas les forces qui leur puissent estre seures, et fideles. | Telz personnages vivent simplement à la discretion de la volonté, et fortune de ceux, lesquelz ont moyenné leur grandeur : qui sont deux choses fort legeres, et muables : et ne sçavent, ny ne peuvent s'entretenir longuement en ce degré. Ilz ne le sçavent, parce que si ce n'est un homme de merveilleux entendement, et vertu, iamais ne sçaura bien comme il faut commander, ayant tousiours vescu auparavant en fortune privée. Et ne le peuvent, car ilz n'ont forces aupres d'eux, en l'amitié et fidelité desquelles ilz se doivent beaucoup asseurer. | Ceux là sont fondez seulement sur la fortune & volonté de ceux qui les ont faits grans : qui sont deux choses incertaines & legeres. Outre ce qu'ils ne savent, ne peuvent tenir ce rang là : ils ne savent, car si ce n'est un homme de singulier esprit & vertu, il semble qu'ayant tousiours vecu en basse condition, il ne sache user de l'autre : ils ne peuvent, car ils n'ont pas les forces qui leur puissent estre sures & fideles. |
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Dipoi li stati che vengon' subito, come tutte l'altre cose de la natura che nascono et crescon' presto, non possono haver' le radici et correspondentie loro in modo ch' el primo tempo adverso non le spenga; se gia quelli tali, com' è detto, che sì in un' subito son' diventati Principi non son' di tanta virtù che quello che la fortuna ha messo loro in grembo sappino subito prepararsi a conservare, et quelli fondamenti che gli altri han' fatti avanti che diventino Principi, li faccino poi. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Davantaige les estatz qui soubdainement s'eslievent, si comme les autres choses naturelles qui naissent, et croissent legièrement, ne peuvent avoir leurs racines et correspondences si roides, que la première tempeste et adversité ne les froisse et accable. Si ceulx cy, qui legièrement deviennent princes, ne sont de si vigoureuse vertu qu'ilz se sachent sur le champ préparer à la conservation de ce que la fortune leur mect au giron oultre leur espérance, et faire, après estre devenuz princes, les mesmes fondemens pour establir leur estat que font les aultres au paravant. | D'avantage les seigneuries qui s'avancent si tost comme toutes les autres choses naturelles qui naissent et croissent soudain ne peuvent avoir les racines si fortes, et le reste de mesme correspondance, que le premier orage ne les abbate : si telles gens qui sont devenuz en peu de temps Princes ne sont (comme i'ay deia dit) de si grand fait, et vertu qu'ilz puissent s'apprester de contregarder ce que la fortune leur a mis dans le sein, & qu'ilz assizent les fondements apres estre parvenuz, ce que les autres font davant. | D'avantage les estatz, qui s'acquerent si promptement ne peuvent (comme toutes autres choses de ce monde, qui naissent et croissent à coup) prendre bien leur racine, et vigueur suffisante, que la premiere adversité de temps ne les adnichille. Si ce n'estoit au fort que le Prince ainsi subitement parvenu, fust tant sage, qu'il se preparast en un mesme instant de prudemment conserver ce que la fortune luy auroit mis en la main, et establist apres les fondemens de sa durée, selon que les autres ont apris de faire, comme i'ay dit, avant que devenir Princes. | D'avantage les Seigneuries qui s'avancent si tost comme toutes les autres choses naturelles qui naissent & croissent soudain, ne peuvent avoir les racines si fortes & le reste de mesme correspondance, que le premier orage ne les abbate : si telles gens qui sont devenuz en peu de temps Princes ne sont (comme i'ay deja dit) de si grand fait & vertu qu'ils puissent s'apprester de contregarder ce que la fortune leur a mis dans le sein, & qu'ils asseoient les fondements apres estre parvenuz, ce que les autres font davant. |
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Io voglio a l'uno et l'altro di questi modi circa il' diventar' Principe per virtù o per fortuna, addurre doi essempi stati ne dì della memoria nostra: Questi sono Francesco Sforza et Cesare Borgia. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Si m'a semblé bon pour exemple de ces deux moyens de devenir prince par vertu, ou par fortune, alléguer les gestes de deux grans hommes qui ont esté au temps de notre mémoire. Ce sont Françoys Sforce et César Borgia. | Ie veux produire de nostre souvenance deux exemples sur ces deux manieres de se faire Prince par vertu, ou par fortune : c'est de François Sforce, et de Cesar Borge. | Ie veux à ce propos quant à ceux, que la fortune ou vertu esleve à ce haut degré, amener deux exemples de fresche memoire : C'est à sçavoir de Francisque Sforze, et Cesar Borgia. | Ie veux produire de notre souvenance deux exemples sur ces deux manieres de se faire Prince par vertu, ou par fortune : c'est de François Sforce & de Cesar Borge. |
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Francesco, per li debitì mezi et con una gran virtù, di privato diventò Duca di Milano, et quello che con mille affanni haveva acquistato, con poca fatica mantenne. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
D'une part Françoys Sforce usant en tout et partout de bons moyens et grande vertu, de basse et privée condition, devint duc de Milan, et maintint bien aiseement ce qu'avec mille travaulx il avoit conquesté, | Sforce d'une excellente vertu, et par bons moyens de pauvre Capitaine devint Duc de Milan, & ce qu'il avoit gangne par mille travaus, il le maintint facilement. | Sforze se feit duc de Milan, par les moyens, qu'il failloit, et sa vertueuse diligence. Aussi maintint il fort paisiblement ce, que par mille travaux et fascheries il avoit conquesté. | Sforce d'une excellente vertu & par bons moyens de pauvre Capitaine devint Duc de Milan, & ce qu'il avoit acquis par mille travauz, il le maintint facilement. |
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Da l'altra parte, Cesare Borgia (chiamato dal' vulgo Duca Valentino) acquistò lo stato con la fortuna del' padre et con quella lo perdette, non ostante che per lui' s'usasse ogni opera et facessensi tutte quelle cose che per un' prudente et virtuoso huomo si devevan' fare per metter' le radici sue in quelli stati che l'armi et fortuna d'altri gli haveva concesse. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
dautrepart César Borgia qui vulgairement estoit appellé le Duc Valentin acquestat son estat de la Romaigne avec la fortune du père, et avec elle le perdit, combien qu'il employast tous les moyens qu'ung prudent et vertueux hommes doibt faire, pour mectre ses racines es estats que par les armes et la fortune daultruy il avoit acquestés. | D'autre part Cesar Borge qu'on appelloit communement le duc Valentin fut pousse a grans estatz par le moyen de la Fortune de son pere, aussi les perdit il avecques luy, nonobstant qu'il feist toutes les choses du monde, et qu'il employast tout son esprit a conduire ce que un sage et vertueux homme doit faire, pour bien enraciner ses estatz, que les armes, et fortune des autres luy avoyent donnez. | De l'autre costé Cesar Borgia (appellé autrement le Duc de Valentinois) acquit plusieurs belles Seigneuries, moyennant la fortune de son pere Pape Alexandre : avecques la mort duquel il perdit depuis tout, nonobstant qu'il y employast ses cinq sens de nature, et que par luy se pratiquassent toutes les receptes, qu'un homme prudent, et advisé sçauroit songer, pour trouver remede en semblable accident. | D'autre part Cesar Borge qu'on appelloit communement le Duc Valentin, fut poussé à grans estats par le moyen de la Fortune de son pere, aussi les perdit il avecques luy, nonobstant qu'il feist toutes les choses du monde, & qu'il employast tout son esperit à conduire ce que tout sage & vertueux homme doibt faire, pour bien enraciner ses estats, que les armes & fortune d'autruy luy avoient donnez. |
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Perche, come di sopra si disse, chi non fa i fondamenti prima, gli potrebbe con una gran' virtù fare di poi, ancor' che si faccino con disagio de l'architettore et pericolo de lo edifitio. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Car on pourroit après l'acquisition de l'estat, faire ses fondementz, quand d'aventure on n'auroit eu le moyen, comme dict est, de les faires au paravant, qui ne se peult touttefoys faire sans travail de l'architecteur, et sans grand dangier de l'édiffice. | Car un qui n'assiet (ce que i'ay dict par cy devant) les fondemens premiers il ne le pourra sinon avec une grand vertu faire apres, encore se feront ilz avec grand peine du maistre, et danger de l'edifice. | Car selon que i'ay traitté cy dessus, encores que l'on n'aye ietté ses fondemens avant la suitte, de l'edifice, il se pourroit faire que par une soigneuse industrie lon les assoiroit apres, combien que ce ne sçauroit estre sans extreme peine de l'ouvrier, et apparent danger du bastiment. | Car un qui n'assiet (ce que i'ay dit par cy devant) les fondemens premiers, il ne le pourra sinon avec une grand vertu faire aprez, encores se feront ils avec grand peine du maistre & danger de l'edifice. |
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Se adunque si considera tutti i progressi del' Duca si vedrà quanto lui havesse fatto gran' fondamenti a la futura potentia, li quali non giudico superfluo discorrere perche io non saprei quai preccetti mi dar' migliori a un' Principe nuovo che lo essempio de l'attioni sue, et se gli ordini suoi non gli giovorno, non fù sua colpa, perche nacque da una straordinaria et estrema malignità di Fortuna. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Si doncques l'on considère toutes les entreprises du Duc Valentin, l'on verra quelz fondementz il eust peu faire à la grandeur de son attente. Lesquelz j'estime qu'il ne sera hors de propos de briefvement discourir. Car je ne sçauroys bonnement donner meilleurs enseignemens à ung nouveau prince que les exemples de ses grandz faictz, et combien que ses moyens soient tous venuz à néant, si est ce que ce ne fut par sa faulte, mais par une extraordinaire et extrême malignité de fortune. | Si donc nous voulons regarder toutes les entreprises et menees de nostre Duc, nous verrons les grans fondemens, qu'il bastissoit pour sa puissance future. Surquoy si ie fais quelque discours ie ne penseray point estre sorti de propos : car ie ne sçache point meilleurs enseignemens pour un nouveau Prince que l'exemple des faictz de cestuy ci, ausquelz si le bon ordre qu'il y mit ne luy prouficta point, ce ne fut pas sa faute, mais une certaine envie et maligne adversite de Fortune fort estrange. | Si lon considere doncques bien les progrès du Duc de Valentinois, il apperra qu'il avoit estably de grans fondemens à sa future puissance : lesquelz ne sera point chose superflue discourir, parce qu'il ne m'est possible donner meilleurs preceptes a un nouveau Prince, que luy mettre devant les yeux pour exemple les gestes de ce personnage. Et si l'ordre, qu'il donna a ses affaires, ne luy servit de rien, ce ne fut pas totallement sa coulpe, ains celle d'une extraordinaire malignité de fortune. | Si donc nous voulons regarder toutes les entreprises & menées de notre Duc, nous verrons les grans fondements, qu'il bastissoit pour sa puissance future. Surquoy si ie faits quelque discours, ie ne penseray point estre sorty de propos : car ie ne sache point meilleurs enseignemens pour un nouveau Prince que l'exemple des faits de ce Duc, ausquels si le bon ordre qu'il y meit ne luy proffita point, ce ne fut pas sa faute, mais une certaine envie & malignité de Fortune fort estrange. |
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Haveva Alessandro Sesto, nel' voler' far' grande el Duca suo figlio, assai difficultà presenti, et future. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Alexandre VI constitué au pontificat, voulant faire grand César Borgia son filz, avoit plusieurs difficultés présentes et à venir, qui donnoient empeschement à son entreprinse. | Pape Alexandre VI. pour faire son filz Borge grand Seigneur avoit beaucoup d'empeschemens qui se presentoyent, et fussent advenuz. | Le Pape Alexandre vi. prevoyait en luy mesmes infinis empeschemens, tant presens, que futurs, pour faire le Duc son filz grand. | Pape Alexandre VI. pour faire son fils Borge grand Seigneur, avoit beaucoup d'empeschemens qui se presentoient & fussent avenuz. |
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Prima non vedeva via di poterlo far' Signor' d'alcuno stato, che non fusse stato di Chiesa; et volgendosi a torre quel' della Chiesa, sapeva ch' el Duca di Milano et i Vinitiani non gliel' consentirebbeno, perche Faenza, et Rimino eran' già sotto la protettion' de Vinitiani. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Premièrement il n'y avoit ordre de le faire seigneur de quelque estat qui ne fust à l'Église, et s'il se fust mys à desnuer le bien de l'Église, pour le donner à son filz, il sçavoit bien que le Duc de Milan et les Vénitiens n'y eussent jamais consenty, pource que Faënce et Riminy, pour ne venir à la puissance du pape, s'estoient desjà mises soubz la protection des Vénitiens. | Premierement il ne voyoit point moyen de luy donner quelques Seigneuries lesquelles ne fussent de l'eglise. Or voulant se mettre a reprendre ce qui estoit a l'eglise, il sçavoit bien que les Venitiens et le duc de Milan ne s'y accorderoyent iamais. Car Favence et Rimin estoyent soubz la protection des Venitiens. | En premier lieu il ne congnoissoit aucun expedient de l'approprier en seigneuries de terres, qui n'appartinsent à l'Eglise. Et quand il l'eust voulu faire sur le bien de l'Eglise, il faisoit bien son compte, que le Duc de Milan, ne les Venitiens ne luy eussent iamais accordé : parautant que Faenze, et Arimin estoient desia soubz la protection desditz Venitiens. | Premierement il ne voyoit point moyen de luy donner aucunes Seigneuries qui ne fussent de l'eglise. Or voulant se mettre à reprendre ce qui appartenoit à l'eglise, il savoit bien que les Venitiens & le Duc de Milan ne s'y accorderoient iamais. Car Favence & Rimini estoient soubz la protection des Venitiens. |
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Vedeva oltre a questo l'armi d'Italia, et quelle in spetie di chi si fusse possuto servire, esser' ne le mani di coloro che dovevan' temer' la grandeza del' Papa; et però non se ne poteva fidare, essendo tutte ne gli Orsini, et Colonnesi et lor' sequaci. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Oultre, il veoit les gens de guerre et entièrement toutes les armées d'Italie, et principallement les souldardz dont il sembloit qu'il se peut ayder, estre tous soubz la charge de ceulx qui devoient craindre la grandeur du pape, et pour ceste cause il ne s'en pouvoit fier. Cestassavoir es mains des Ursins et Colonnoys et leurs complices qui estoient seulz capitaines des armées de ce temps là. | Il voyoit outre cela les forces d'Italie, celles especialement desquelles il se pouvoit servir estre detenues par ceux qui devoyent craindre la grandeur du Pape, pour ceste cause ne se pouvoit bonnement fier, estant toutes entre les mains des Ursins, Colonnois, et leur suite. | Oultre cela il voyoit que les forces de l'Italie, speciallement celles dont il se feust peu servir, branloient toutes a la discretion de ceux, qui devoient craindre la grandeur du Pape. Et à ceste cause il n'avoit pas matiere de s'y fier, les voyans mesmement entre les mains des Ursins, ou des Coulonnois, et leurs suffragans. | Il voyoit outre cela les forces d'Italie, celles specialement desquelles il se pouoit servir estre detenues par ceux qui devoient craindre la grandeur du Pape, pour ceste cause ne se pouvoit bonnement fier, estant toutes entre les mains des Ursins, Colonnois, & leur sequelle. |
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Era adunque necessario che si turbassero quelli ordini et disordinare gli stati d' Italia, per potersi insignorir' securamente di parte di quelli. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Il estoit doncques nécessaire que tous ces estatz se missent en routte, et que les seigneurs d'Italie fussent mys en desroy, pour seurement saisir partie diceux. | Il failloit donc que ces gouvernemens fussent troublez, et que tous les estatz d'Italie fussent desordonnez, pour s'en pouvoir seurement emparer d'une partie, | Ce qui le contraignoit par necessité tascher à confondre l'ordre de ses ligues, et partialitez ensemble desunir, et troubler tous les estatz de l'Italie, pour se pouvoir seurement saisir de partie d'iceux, | Il failloit donc que ces gouvernemens fussent troublez, & que tous les estats d'Italie fussent desordonnez, pour s'en pouvoir surement emparer d'une partie, |
Segment 14 | |||
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Il che gli fù facile, perche trovò Vinitiani che, mossi d' altre cagioni, s' eran' volti a far' ripassar' i Francesi ìn Italia: il che non solamente non contradisse, ma fece più facile con la resolutione del' matrimonio antico del' Re Luigi. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Laquelle chose luy fut bien aisée à faire, car il trouva son occasion sur ce que les Vénitiens, esmeuz pour quelque autre raison, estoient délibérez et en point de faire descendre les Françoys en Italie. A laquelle entreprinse il ne s'opposa aucunement, ains qui plus est, il y ayda fort en concluant l'ancien traicté de mariage du roy Loys. | ce qui fut tresaise. Car il trouva les Venitiens, lesquelz esmeuz pour autres occasions s'estoyent avisez de faire repasser les François en Italie : aquoy non seulement il ne contredict, ains il presta la main, en accordant ce que demandoit le roy Loüys pour son premier mariage. | chose qui luy revient a facile effet, parce qu'il trouva apoint les Venitiens sur les termes de faire passer les Françoys en Italie, a l'appetit de quelques autres motifz. Ce que seulement il n'empescha pas, mais plustost en faciliza les menées, soubz couleur de la dispense, qu'il octroya au Roy Loys, pour la separation de son premier mariage. | ce qui fut tres-aisé. Car il trouva les Venitiens, lesquelz emeuz pour autres occasions s'estoyent avisez de faire repasser les François en Italie : à quoy non seulement il ne contredit, ains y presta la main, en accordant ce que demandoit le roy Loüys pour son premier mariage. |
Segment 15 | |||
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Passò adunque il Re in Italia con lo aiuto de' Vinitiani et consenso d'Alessandro, ne prima fù in Milano che il Papa hebbe da lui gente per l' impresa di Romagna, la qual' gli fù consentita per la reputatione del' Re. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Le roy doncques passa en Italie par l'ayde des Vénitiens et avec le consentement du pape Alexandre, et ne fust pas si tost à Milan qu'il donna secours au pape, pour faire guerre contre les seigneurs de la Romaigne. Laquelle fut incontinent occupée par le pape, sans qu'âme l'empescha de la tenir pour la crainte qu'ung chacun avoit du roy. | Le roy donc feit le voyage d'Italie par laide des Venitiens, et consentement du Pape, et ne fut pas si tost a Milan que le pape tira par prieres gens de luy pour l'entreprise de la Romagne, laquelle le roy luy accorda pour sa reputation. | Le Roy estant passé en Italie, moyennant l'ayde des Venitians, et le consentement d'Alexandre, ne fut si tost arrivé a Milan, qu'il bailla secours de gens au Pape pour subiuguer la Romaigne, laquelle ne demeura gueres à estre reduitte soubz sa main, pour la reputation de la puissance Françoyse. | Le roy donc feit le voyage d'Italie par l'ayde des Venitiens & consentement du Pape, & ne fut pas si tost à Milan, que le Pape tira par prieres gens de luy pour l'entreprise de la Romagne : laquelle le roy luy accorda pour sa reputation. |
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Acquistata adunque il Duca la Romagna et battuti i Colonnesi, volendo mantenere quella et procedere più avanti, l' impedivano dua cose: l'una l' armi sue che non gli parevano fedeli, l'altra la volunta di Francia; cioè temeva che l'armi Orsine, de le quali s' erà servito, non gli mancassen' sotto et non solamente gl'impedisseno l'acquistare ma li togliesseno l'acquistato, et che il Re ancora non gli facesse il simile. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Adoncques quand le duc eust ainsy acquise la Romaigne, et bien battu les Colonnoys, pour procéder plus avant, deux choses luy donnoient empeschement. Cestassavoir que d'une part il ne se pouvoit fyer de ses gensdarmes, daultre il craignoit la volunté du roy. C'est qu'il craignoit que les Ursins, desquelz il s'estoit servy, ne l'abandonnassent, et que non seulement ilz luy fissent empeschement à conquester, mais qui luy ostassent sa conqueste. De l'autre costé il craignoit que le roy ne luy en feit autant. | Apres avoir battu les Colonnois et surmonte la Romagne pour la garder et passer encores oultre, deux articles l'empeschoyent. L'un estoit pour ses soldars, qui ne luy sembloyent pas fort bien encouragez, l'autre estoit la volonte des François. C'est a dire il craingnoit que les gens des Ursins, desquelz il s'estoit servi, ne luy faillissent au besoing, et non seulement l'engardassent de gaigner quelques estatz, mais luy ostassent ce qu'il avoit ia vaincu, et que le Roy ne luy feist la pareille. | Le Duc ayant par ce moyen gaigné ce païs, et battu les Colonnois, deux raisons l'empescherent esperer de la tenir longuement, et destendre plus outre ses bornes et limites. L'une procedoit de ses soldatz, esquelz il n'avoit pas grande fiance : et l'autre étoit l'incertaine volonté de France. Car il craignoit, que la puissance des ursins, dont il s'estoit servy, ne luy feist un faux bond au besoing et que non seullement elle l'empeschast d'acquerir, mais luy voulust aussi tollir l'acquest : se doubtant du semblable de la part du Roy. | Apres avoir battu les Colonnois & surmonté la Romagne, pour la garder & passer encores outre, deux articles l'empeschoient. L'un estoit pour ses soldarts, qui ne luy sembloient pas fort bien encouragez, l'autre estoit la volonté des François. C'est à dire, il craingnoit que les gens des Ursins, desquels il s'estoit sery, ne luy faillissent au besoin, & non seulement l'empeschassent d'acquerir quelques estats, ains luy ostassent ce qu'il avoit ja conquiz, & que le Roy ne luy feist la pareille. |
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Degli Orsini n'hebbe un' riscontro quando, doppò la espugnatione di Faenza, assaltò Bologna, che gli vidde andar' freddi in quello assalto. Et circa el Re conobbe l' animo suo, quando, preso el Ducato d'Urbino assaltò la Toscana, da la quale impresa il Re lo fece desistere. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
De la volunté des Ursins il en eust ung signe très évident, quand après qu'il eust prins Faënce, il se fust mys à assaillir Boulogne et les veit aller froidement à l'assault, dont il congneut leur lascheté. Et touchant au roy il congneut son courage, quand après qu'il eust prins la duché d'Urbin, il se rua sur la Toscane, de laquelle entreprinse le roy le feit retirer. | Touchant les Ursins il en apparut quelque chose, quand apres la prinse de Favence il assiegea Boulongne, car il les veit se porter froidement a l'assault. Quant au Roy, il congneut bien sa fantasie lors que apres avoir occupe le Duche d'Urbin, il se iecta sur la Tuscane, dont le roy l'en feit retirer. | Les Ursins confirmerent ceste soupson par l'attainte qui luy en donnerent a l'assaut de Bouloingne la grasse, apres la prise de Faenze, ou ilz se monstrerent fort lasches et refroidis. Et quant au Roy, il luy descouvrit son courage lors que le Duc eut pris le duché d'Urbin, et voulut assaillir la Toscane : dont ledict seigneur le divertit. | Touchant les Ursins il en apparut quelque chose, quand apres la prinse de Favence il assiegea Boulongne, car il les veit se porter froidement à l'assault. Quant au Roy, il connut bien sa fantaisie lors que apres avoir occupé le Duché de Urbin, il se ietta sur la Tuscane, dont le roy l'en fit retirer. |
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Onde che il Duca deliberò non dependere più da la Fortuna et armi d'altri. Et la prima cosa, indebilì le parti Orsine et Colonnesi in Roma, perche tutti li adherenti loro, che fussino gentilhomini, si guadagnò, facendoli suoi gentilhomini et dando loro gran' provisioni, gli honorò secondo lor' qualità di condotte et di governi, in modo che in pochi mesi negli animi loro l'affettione de le parti si spense et tutta si volse nel' Duca. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Parquoy il se délibéra de ne s'appuyer plus à fortune, ny dépendre des forces daultruy, et pour la première entreprinse qu'il feit il affoiblit les parties Ursines et Colonnoyses dans Rome, et gagna tous leurs amyz et adhérenz gentilz hommes, et en leurs donnant grans gaiges et provisions les honora chacun selon la qualité de charges, de conduictes, d'honneurs et gouvernemens, tellement qu'en peu de temps l'affection des parties Ursines et Colonnoises fut anéantye et se tourna à la faveur du duc. | Pour ceste cause Borge delibera ne dependre plus de la fortune, ni des forces d'autruy. Donc la premiere chose qu'il feit, ce fut d'affoiblir le party des Colonnois, et des Ursins a Romme. Car il se gaigna tous les gentilz hommes qui tenoyent leur party, et leur donna selon leur qualitez des compaignies et gouvernemens, si bien qu'en peu de mois l'affection premiere s'estaignit, et se tourna toute vers Borge. | Au moyen dequoy le Duc delibera depuis en luy mesmes ne vouloir plus dependre de la fortune, et secours d'autruy. Comme tresbien apres l'executa, commançant de premiere entrée a affoiblir dans Rome la faction Ursine, et Coulonnoise, en attirant finement de son costé tous leurs adherans, qui estoient gentilz-hommes, les retenant de sa maison avecques fort honnestes appoinctemens, et leur donnant grosses et honnorables charges, et gouvernemens entre mains selon leur merite, et qualité : de façon qu'en peu de iours l'affection, qu'ilz portoient aux chefz de leurs ligues, se convertit entierement vers le Duc. | A cette cause Borge delibera de ne dependre plus de la fortune, ne des forces d'autruy. Donc la premiere chose qu'il fit, ce fut de affoiblir le party des Colonnois & des Ursins à Romme. Car il gaigna tous les gentilz-hommes qui tenoient leur party, & leur donna selon leur qualitez des compaignies & gouvernemens, si bien qu'en peu de mois l'affection premiere s'estaignit & se tourna toute vers Borge. |
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Doppò questo, aspettò l' occasione di spegnere gli Orsini, havendo dispersi quelli di casa Colonna: la qual' gli venne bene, et lui l'usò meglio. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
En après il attendit l'occasion de deffaire les Ursins, quand il eust mys en dispersion les Colonnois. Laquelle venue bien à propos, il ne faillit pas à l'exécuter encor plus saigement qu'on n'eust pensé. | Oultre plus ayant deia chatie les Colonnois il attendit les occasions pour destruire les Ursins lesquelles luy vindrent, bien a propos, et en usa encores mieux. | Cela fait, pensa d'attendre la commodité de pouvoir mettre les Ursins sous le pié, ayant un coup dissipé et fouldroyé la maison Coulonnoise. Ce qui luy vint à propos, comme il voulut, et le meit encores mieux à excecution. | Outre plus ayant deja chatié les Colonnois, il attendit les occasions pour destruire les Ursins : lesquelles luy vindrent bien à propos, & en usa encores mieux. |
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Perche, avvedutisi gli Orsini tardi che la grandeza del' Duca et de la Chiesa era la lor' ruina, fecero una dieta a la Magione nel' Perugino: da quella nacque la rebellione d'Urbino et li tumulti di Romagna et infiniti pericoli del' Duca, li quali superò tutti con l'aiuto de Francesi. | |||
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Pource que quand les Ursins s'advisèrent de leur ruyne, qui fut trop tard, provenante de la grandeur du duc et de l'Église, ilz firent entre eulx une diette de conseil en ung lieu de Pérouse, appellé la Maison. De ce conseil nacquist la rébellion d'Urbin et les tumultuations de la Romaigne et plusieurs aultres inconvenientz au grand dangier du duc. Desquelz touttefois il trouva moyen d'eschapper, avec le secours des Françoys | Car les Ursins s'estant advisez bien tard que la grandeur de ce duc, et de l'esglise estoit leur ruine, feirent une assemblee a la Magion pres de Perouse, dont vint la revolte d'Urbin, les troubles de la Romagne et infiniz dangiers, ou se trouva Borge : lesquelz toutesfois il surmonta tous avec l'aide des François. | Car les Ursins s'estans sur le tard advisez, que la grandeur du Duc et de l'Eglise estoit un apprest de leur ruyne, tindrent diete en une place nommée la Maison située dans le Perusin. Dont nasquit la rebellion d'Urbin, avec les troubles, et esmotions de la Romagne : qui causerent mille dangers et inconveniens au Duc : tous lesquelz il evada gentiment, secouru des Françoys en ceste necessité. | Car les Ursins s'estans avisez bien tard que la grandeur de ce Duc & de l'eglise estoit leur ruine, firent une assemblée à la Magion pres de Peruse, d'où vint la revolte d'Urbin, les troubles de la Romagne & infiniz dangers, où se trouva Borge : lesquels toutefois il surmonta tous avec l'ayde des François. |
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Et ritornatoli la reputatione ne si fidando di Francia ne d'altre forze esterne, per non le havere a cimentare si volse agl' inganni, et seppe tanto dissimulare l'animo suo che gli Orsini, mediante el Signor' Pauolo, si riconciliorno seco, con il quale il Duca non mancò d'ogni ragione d'officio per assicurarlo, dandoli Veste, denari et Cavalli, tanto che la simplicità loro gli condusse a Sinigaglia nelle sue mani. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
et qui plus est il regaigna sa première réputation. Et pour ce qu'il ne se vouloit fyer aux Françoys ny mectre son espérance en forces estrangiers, il se gecta sur les tromperies pour n'avoir occasion d'esprouver leur fidélité ; dont il sçeut tant faire et si bien dissimuler et cacher son courage que les Ursins se reconcilièrent avec luy par le moyen du seigneur Paule Vitelly, envers lequel le duc usa de toute gratiosité, affin qu'il s'asseurast et se fiast de luy, et en le garnissant d'habillemens, chevaulx et argent, mena si bien ses finesses que par leur simplicité, ilz se laissèrent mener à Sinigallia entre ses mains où ilz furent par luy sur le champ mys à mort. | Or estant remonte en sa premiere estime, et ne se voulant plus fier aux François, ny aux autres estrangers, pource qu'il ne les pouvoit faire tenir a chaux ni a ciment, il se tourna a la malice, et sceut tant bien faindre, et commander a son courage, que par le moyen du Seigneur Paule les Ursins feirent leur apoinctement avecque luy, avecques ce que Borge ne laissa rien de son devoir en toute raison pour les asseurer, leur donnant robes, argent, chevaux, si bien que leur simplesse les feit venir a Senegaile entre ses mains. | Mais apres avoir recouvré sa reputation, ne se voulant plus fier aux Françoys, ny autres forces estrangeres pour n'avoir plus besoing de les experimenter, se convertit à la pratique des ruses, ou il sceut tant bien user de dissimulation, que les Ursins à l'instance, et sollicitation du Seigneur Paule, se reconcilierent avecques luy : envers lequel il n'espargna aucune espece d'honnesteté, luy donnant precieux habillemens, deniers, et chevaux : si bien que les pauvres simples gens deceuz soubz le pretexte de ce beau semblant, se laisserent sans y penser, mener doucement à Sinygallia, entre ses mains, ou il en feit, et disposa, comme un chacun sçait. | Or estant remonté en sa premiere estime, & ne se voulant plus fier aux François, ny aux autres estrangers, pource qu'il ne les pouoit faire tenir à chaux ny à ciment, il se tourna à la malice & sceut tant bien feindre & commander à son courage, que par le moyen du Seigneur Paule des Ursins, firent leur appoinctement avecques luy, ioint que Borge n'oublia rien de son devoir en toute raison pour les asseurer, leur donnant robes, argent, chevaux, si bien que leur simplesse les fit venir à Senegaile entre ses mains. |
Segment 22 | |||
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Spenti adunque questi capi et ridotti li partigiani lor' amici suoi, haveva il Duca gittato assai buoni fondamenti ala potentia sua, havendo tutta la Romagna con el Ducato d' Urbino et guadagnatosi tutti quelli populi per haver' incominciato a gustare il bene esser' loro. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Quand donc il eust faict mourir tous ses chefs de parties, et qu'il eust reduict leurs amys et partisans de son costé, le duc avoit mys assez bons fondemens, pour establir une grande puissance, ayant la seigneurie de toute la Romaigne, le duché d'Urbin, et gaigné les cueurs de tous les peuples, qui commenceoient à se trouver bien contens d'estre soubz sa domination. | Estans donc les chiefz abbatuz, et leurs partisans estant devenuz ses amis, il avoit assez bien commence les fondemens de sa grandeur, tenant toute la Romagne avec le Duche d'Urbin, et gaignant la commune, qui commençoit a gouster le bien qu'elle avoit receu de luy. | Ayant doncq par ce moyen supprimé ses Principaux adversaires, et reduict leurs complices en son amitié, le Duc avoit assis fort bons fondemens pour sa future puissance, se voyant toute la Romaigne, et le Duché d'Urbin paisibles, avec le coeur du peuple, qu'il avoit gaigné, pour avoir commancé à luy donner le goust de son humain, et traittable gouvernement. | Estans donc les chefs abbatus & leurs partisans estans devenus ses amis, il avoit assez bien commencé les fondemens de sa grandeur, tenant toute la Romagne avec le Duché d'Urbin, & gaignant la commune, qui commençoit à gouster le bien qu'elle avoit receu de luy. |
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Et perche questa parte è degna di notitia et da esser' imitata d'altri, non voglio lasciar'la in drieto. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Et pour ce que ceste partye est digne de mémoire et mérite d'estre ensuyvie par aultres, je ne la veux point obmettre. | Et pource que cet endroit est digne de noter, pour ensuyvre, ie ne le veux pas laisser derriere. | Et parautant que cest endroit est digne de congnoissance, et imitation, ie ne le veux point passer par connivence. | Et pource que cet endroit est digne de noter, pour imitation, ie ne le veux pas laisser derriere. |
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Preso che hebbe il Duca la Romagna, trovandola esser' stata comandata da Signori impotenti, quali più presto havevano spogliato i lor' sudditi che correttoli, et dato lor' più materia di disunione, non d'unione, tanto che quella provincia era piena di latrocinij, di brighe et d'ogni altra sorte d'insolentia, giudicò necessario a volerla ridurre pacifica et obediente al braccio Regio, darli un' buon' Governo. Però vi propose Misser' Remiro d' Orco, huomo crudele et espedito, al qual' dette pienissima potestà. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Quand le duc eût occupé la Romaigne, trouvant qu'elle avoit esté dominé par certains seigneurs de petite puissance, qui avoient plutost pillé leurs subjectz que corrigé, et donné plutost matière de discord que d'alliance, tellement que la province estoit pleine de larcins, bandouliers, brigandises et de toutes insolences, il jugea qu'il estoit nécessaire de luy donner un bon et roidde gouvernement pour la reduire paisible et obéissante au bras royal. Parquoy il y feit aller pour gouverneur du pays un messire Remires Dorque, qui estoit homme cruel et expéditif, luy donnant pleine puissance de haulte et basse justice. | Apres que Borge eut surmonte la Romagne, il trouva qu'elle estoit gouvernee par beaucoup de petits seigneurs, lesquelz avoyent plus tost ronge, que range leur subiectz et qui leur avoyent plus donne d'occasion de se diviser, que de s'acorder et maintenir ensemble, si bien que le païs estoit plain de larrecins, de briganderies, et de telles sortes de meschancetez, il pensa estre necessaire pour la reduire en pais, obeissant au bras seculier et royal, de luy donner un bon gouvernement. Doncques il y constitua messire Remi d'Orque homme de cruelle et briefve iustice, auquel il donna entierement plaine puissance. | Car apres que le Duc eut pris la Romaigne, trouvant qu'elle avoit auparavant esté gouvernée par seigneurs pauvres, et souffreteux, qui plustost s'estoient adonnez à piller leurs subietz, et plus mis ce faisant de desordre, que de bonne police, tant que la Province estoit remplie de volleries, pragueries, et autres formes d'insolences : advisa qu'il estoit necessaire pour la rendre tranquille, et obeissante au bras de sa iustice, y proposer quelque bon et sage gouverneur. Parquoy il en donna la charge à un nommé Messere Remiro d'orco, homme cruel, et expeditif, auquel il attribua toute puissance. | Aprez que Borge eut occupé la Romagne, il trouva qu'elle estoit commandée par beaucoup de petits seigneurs, lesquels avoient plus tost rongé, que rengé leurs suietz & qui leur avoient plus donné d'occasion de se partialiser, que de s'accorder & maintenir ensemble : si bien que le païs estoit plein de larrecins, de briganderies & telles sortes de mechancetez : il pensa estre necessaire pour la reduire en paix obeissant au bras seculier & royal, de luy donner un bon establissement. Parquoy y constitua messire Remi d'Orque homme de cruelle & brefve iustice, auquel il donna entierement pleine puissance. |
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Costui in breve tempo la ridusse pacifica et unita con grandissima reputatione. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Cestuy cy punissant asprement les malfaicteurs en peu de temps la rendit paisible, obéissante et unye avec une grande authorité et renommée de sa vertu. | Cestuy ci en peu de temps la remist en tranquilite et union, avec son tresgrand honneur. | Cestuy cy ne demeura gueres à la reduire en paix, et union avecques une reputation tresgrande. | Cestuy en peu de temps la remit en tranquillité & union, avec son tresgrand honneur. |
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Dipoi giudicò il Duca non esser' a proposito sì eccessiva autorità, perche dubitava non diventasse odiosa, proposivi un' iudicio Civile nel' mezo della provincia con un' presidente eccellentissimo, dove ogni Città haveva l' avvocato suo. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
En après le duc jugea, que si excessive authorité d'un seul homme ne luy estoit plus nécessaire, se doubtant qu'elle ne le feist mectre en haine du peuple. Si ordonna un parlement civil au millieu de toute la province, avec un président tresexcellent, où chacune cité avoit son advocat. | Mais apres Borge estimant une si excessive authorite n'estre pas encores de saison, pource qu'il se doutoit qu'elle ne tournast en haine, il establit un parlement civil au milieu du païs avecque un sage President, la ou chasque ville avoit son advocat. | Depuis le Duc pensant, que l'excessive authorité de son gouverneur n'estoit pas fort convenable doubta qu'elle ne devint à la parfin odieuse. Que feit il ? Il vous erigea au beau milieu de la contrée une chambre de parlement, auquel il presidoit un tresexcellent personnage, et ou chacune ville avit son advocat special pour elle. | Mais aprez, Borge estimant une si excessive autorité n'estre encores de saison, pource qu'il se doutoit qu'elle ne tournast en haine, il establit un parlement civil au milieu du païs avecque un sage President, là où chaque ville avoit son Advocat. |
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Et perche conosceva le regorosità passate haverli generato qualche odio, per purgar' gli animi di quelli Popoli et guadagnarseli in tutto, volse mostrare che, se crudeltà alcuna era seguita, non era nata da lui ma da l' acerba natura del' ministro. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Et acause qu'il congnoissoit la rigorosité passée luy avoir engendré quelque peu de haine, pour purger la suspeçon des peuples et totallement gaigner les cueurs diceulx, il voulut monstrer que toute la cruaulté qui au paravant avoit esté faicte n'estoit aucunement proceddée de luy, mais de la nature du ministre qui estoit trop cruelle. | Et d'autant qu'il congnoissoit bien que la rigueur passee luy avoit engendre quelques inimities, pour la desraciner de leurs fantasies, et les tenir en son amitie par tous moyens, il voulut monstrer, que s'il estoit ensuyvi quelque cruaute, elle n'estoit pas venue de sa part mais de la mauvaise nature de son officier. | Et parce qu'il congnoissoit les rigueurs passées luy avoir engendré quelque haine, pour purifier ceste maulvaise opinion, et recouvrer la bonne volonté de son peuple, voulut monstrer, que si auparavant la cruauté s'estoit excercée, elle ne venoit point de luy : ainsde l'aigre, et cruelle nature du ministre. | Et d'aütant qu'il connoissoit bien que la rigueur passée luy avoit engendré quelques inimitiez, pour la desraciner de leurs fantaisies & les tenir en son amitié par tous moyens, il voulut monstrer, que s'il estoit ensuivy quelque cruauté, elle n'estoit pas venue de sa part, mais de la mauvaise nature de son officier. |
Segment 28 | |||
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Et preso sopra questo occasione, lo fece mettere una mattina in doi pezi a Cesena in sù la piaza con un' pezo di legno et un' coltello sanguinoso a canto: la ferocità del' qual' spettacolo fece quelli popoli in un' tempo rimanere' satisfatti et stupidi. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Et après avoir choisy l'occasion bien à propos de mectre son maltalent en exécution, le feist mettre par un matin en deux partz, sur le marché de Césennes avec ung souc de boys, et un large cousteau tout sanglant à costé : dont le regard du spectacle si horrible, en ung mesme instant contenta et estonna lesdictz peuples. | Prenant la dessus l'occasion au poil, il feit trencher en deux messire Remi d'Orque au milieu de la place de Cesene, et pres de luy un billot de bois ou pendoit un couteau sanglant la severite duquel espouventable spectacle feit tout le peuple ensemble demeurer estonne, et content. | Si bien que prenant occasion sur cela, il luy feit un beau matin couper la teste en la grand place de Cesene. La ferocité, et furie de ce spectacle contenta et espouventa tout a un coup grandement la commune. | Prenant là dessus l'occasion au poil, il fit trencher en deux parts messire Remi d'Orque au mylieu de la place de Cesene, & pres de luy un billot de bois où pendoit un couteau sanglant : la severité duquel espouvantable spectacle fit tout le peuple ensemble demeurer estonné & content. |
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Ma torniamo donde noi partimo. Dico che trovandosi il Duca assai potente et in parte assicurato de presenti pericoli, per essersi armato a suo modo et haver' in buona parte spente quelli armi che vicine lo potevano offendere, li restava, volendo procedere con l'acquisto, el respetto di Francia. Perché conosceva che dal' Re, il qual' tardi s'era avveduto del' error' suo, non gli sarebbe sopportato. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Mais retournons d'où nous sommes partiz. Et je diz que le duc se voyant desjà assez puissant, et en partie asseuré d'avoir pourveu aux présens dangiers, acause qu'il avoit une bonne gensdarmerye sienne et avoit destruict la plupart de ces Ursins qui estoient en armes et luy pouvoient nuyre, il ne luy falloit plus penser qu'à s'asseurer du costé des Françoys. Il congnoissoit bien que le roy ne supporteroit plus ses manières de faire, qui trop tard s'estoit radvisé de sa faulte. | Mais retournons d'ou nous sommes partis. Doncques se trouvant Borge assez puissant et asseure en partie des dangers presens, pour s'estre fortifie a sa mode, et pour avoir aboli la plus grand part de ses voisins, qui le pouvoyent offencer, il ne restoit aucune chose pour passer outre affin de gangner païs a quoy il deust avoir esgard, sinon les François. Car il congnoissoit bien que le roy, lequel s'estoit advise bien tard de sa faute ne l'endureroit iamais. | Mais en reprenant nostre premier propos : Ie dy que se voyant le Duc desia puissant et exempt des dangers, que pour lors il pouvoit le plus craindre, s'estant fortifié à son advantage, et ayant anneanty toutes les armes, qui luy pouvoient nuyre de pres : il luy restoit, voulant conquerir d'avantage, gagner ce point en ses affaires, que les Françoys ne luy peussent empescher le cours de ses entreprises. Car il faisoit bien son compte, que le Roy (lequel s'estoit un peu trop tard pris garde de sa faute) ne luy donneroit iamais support. | Mais retournons d'où nous sommes partiz. Se trouvant donques Borge assez puissant & assuré en partie des dangers presens, s'estant fortifié à sa mode & pour avoir aboly la plus grand part de ses voisins, qui le pouoient offencer, il ne restoit aucune chose pour passer outre affin de gaigner païs à quoy il deust avoir egard, sinon les François. Car il connoissoit bien que le roy, lequel s'estoit avisé bien tard de sa faute ne l'endureroit iamais. |
Segment 30 | |||
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Et cominciò per questo a cercare amicitie nuove et vacillar' con Francia, ne la venuta che feceno i Francesi verso il Regno di Napoli contro a li Spagnoli che assediavon' Gaeta. Et l'animo suo era di assicurarsi di loro, il che gia saria presto riuscito, se Alessandro viveva. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Dont il commença à chercher nouveaux amiz et monstrer qu'il n'avoit plus que faire de l'alliance des Françoys, qui fut pour lors qu'ilz passèrent au royaume de Naples, contre Hespaignolz qui estoient au siège devant Gaicte. Et à la vérité il estoit délibéré de leur faire quelque bon tour, pour s'asseurer d'eulx, de laquelle sienne fantasie il fust venu au dessus bien tost après, si pape Alexandre eust survécu. | A ceste cause il commença de chercher amitiez nouvelles, et bransler quasi pour les François, lors qu'ilz descendirent au Royaume de Naples contre les Espagnolz qui assiegeoyent Gayete. Aussi avoit il en fantasie de affoiblir les François si bien qu'il n'eust aucune peur d'eux : ce qui fut bien tost advenu, si le Pape eust vecu. | A ceste cause il commença de la en avant a chercher nouvelles alliances, et vaciller à l'endroit des Françoys, lors qu'ilz vindrent au Royaume de Naples contre les Espagnolz, qui tenoient le siege devant Cayete : ne taschant a autre fin que se ietter hors de leur crainte, et nuisance : ce qu'il eust finablement fait, sans la trop soudaine mort de Pape Alexandre. | A cette cause commença de cercher amitiez nouvelles & bransler quasi pour les François, quand ils descendirent au Royaume de Naples contre les Espagnols qui assiegeoient Gayette. Aussi avoit il en deliberation d'affoiblir les François si bien qu'il n'eust aucune paour d'eux : ce qui fust bien tost avenu, si le Pape eust vecu. |
Segment 31 | |||
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Et questi furon' i governi suoi circa le cose presenti. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Voylà donc ses gouvernemens et emprinses dont il usa touchant les choses présentes. | Et telz ont este ses maniments quant aux affaires de ce temps la qui s'offroyent : | Et par là on peut entendre, comme il disposa ses affaires du present. | Et tels ont esté ses manimens quant aux affaires de ce temps là qui s'offroient : |
Segment 32 | |||
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Ma quanto alle future, lui haveva da dubitar' prima che un' nuovo successor' alla Chiesa non li fusse amico et cercassi torgli quello che Alessandro gli haveva dato. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Mais quand aux futures il avoit à craindre qu'un nouveau successeur en l'Église ne fust son ennemy, et n'entreprinst de luy oster ce que Alexandre luy avoit donné. | mais au regard de ce qui pouvoit advenir il se doutoit fort en premier lieu que celuy qui succederoit au siege de Romme, ne fust point de ses amis, et qu'il s'efforçast d'oster ce que le Pape Alexandre luy avoir donne. | Or quant aux choses qu'il devoit pourvoir sur l'advenir, il luy falloit premierement obvier à ce qu'aucun n'estant point son amy, ne succedast à la Papauté : lequel s'efforçast apres, luy oster ce qu'il avoit acquis par le moyen de son pere. | mais au regard de ce qui pouoit avenir, il se doutoit fort en premier lieu que celuy qui succederoit au siege de Romme, ne fust point de ses amis, & qu'il s'efforçast de luy oster ce que le Pape Alexandre luy avoit donné. |
Segment 33 | |||
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Et pensò farlo in quattro modi. Prima, con spegner' tutti i sangui di quelli Signori che lui haveva spogliato, per torre al' Papa quelle occasioni. Secondo, con guadagnarsi tutti i gentilhuomini di Roma per poter' con quelli, et come è detto, tenere el Papa in freno. Terzo, con ridurre il Collegio più suo che poteva. Quarto, con acquistar' tanto Imperio, avanti che' l Papa morisse, che potesse per se medesimo resister' ad un' primo impeto. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Parquoy il pensa d'y pourveoir en quattre manières. Premièrement d'esteindre la lignée de tous ceulx qui avoit offensez, pour priver le pape de telles occasions. Secondement de gaigner tous les gentilshommes de Romme. Tiercement de reduire le collège des cardinaulx le plus qu'il pouvoit à sa faveur. Quartement d'acquérir si grand estat et dommaine avant que le pape mourust, qu'il eust puissance de repoulser avec ses forces propres ung premier rencontre de quelconque ennemy. | A quoy il se delibera remedier en quatre sortes. Premierement d'abolir tout le sang et parentage de ces Seigneurs qu'ilz avoit desheritez, pour oster au pape les occasions de les penser remectre. Secondement d'attirer et gaigner a soy tous les gentilz hommes Romains, afin qu'il peut par leur moyen tenir le Pape en bride. Tiercement de reduire le college des Cardinaux le plus qu'il pourroit a son parti. Quartement de se faire si puissant avant que le Pape mourust, qu'il peust luy mesme resister au premier assaut d'un chacun. | Et de fait il essaya par quatre manieres. La premiere, en destruisant, et mettant entierement à neant tout le parentage des Seigneurs, à qui il avoit fait tort, pour tollir au nouveau Pape la couleur et occasion, qu'il y eust peu prendre de vouloir venger ceux qui eussent resté. La seconde, en attirant à soy le party de toute la noblesse de Rome, pour pouvoir avecques leur secours tenir le Pape en bride. La tierce, en reduisant le college des Cardinaux le plus de son costé, qu'il pouvoit. Et la quarte, en ce faisant si grand avant la mort de son pere, qu'il peust de luy mesme resister à une premiere venue d'affaires. | A quoy il se delibera remedier en quatre sortes. Premierement d'abolir tout le sang & parentage de ces Seigneurs qu'ils avoit saccagez, pour oster au Pape les occasions de les penser remettre. Secondement d'attirer & gaigner à soy tous les gentilz-hommes Romains, afin qu'il peust par leur moyen tenir le Pape en bryde. Tiercement de reduire le college des Cardinaux le plus qu'il pourroit à son party. Quartement de se faire si puissant avant que le Pape mourust, qu'il peust luymesme resister au premier assault d'un chacun. |
Segment 34 | |||
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Di queste quattro cose, a la morte d' Alessandro n'haveva condotte tre, la quarta haveva quasi per condotta. Perche de signori spogliati ne amazò quanti ne potè aggiugnere et pochissimi si salvorono. I gentilhuomini Romani s' haveva guadagnato. Et nel' Collegio haveva grandissima parte. Et quanto al' nuovo acquisto, haveva disegnato diventar' Signor' di Toscana et possedeva già Perugia et Piombino, et di Pisa haveva presa la protettione. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
De ces quatre moyens il avoit desjà pourveu à trois, et avoit le quatriesme quasi fourny. Pource que des seigneurs par lui desnuez de leur estat, il mist à mort tous ceulx qu'il peust empoigner, tellement que diceulx bien peu se saulvèrent. Il avoit aussi gaigné par argent les gentilz hommes rommains, et de ceulx du Collège la pluspart estoit pour luy, et quand à acquérir quelque grosse seigneurie, il avoit délibéré de devenir seigneur de la Toscane. Il possedoit desjà Pérouse et Plombin, et tenoit Pise soubz sa protection, | De ces quatre points sur la mort d'Alexandre il en avoit mis trois a chef, le quatriesme il avoit quasi parfaict. Car des Seigneurs qu'il avoit despouillez il en avoit faict mourir autant qu'il en avoir peu tenir, et ne s'en sauva que bien peu. Touchant les gentilz hommes Romains, il se les avoit attirez. Il avoit la plus grand part des Cardinaux pour luy. Et au regard des nouveaux aquez il avoit pourpense devenir Seigneur de la Tuscane, et tenoit desia Perouse et Plombin, aiant pris la protection de Pise, | De ces quatres choses il en auroit accomply les trois, lors qu'Alexandre mourut : et estoit presque venu au bout de la quatrieme : parce que de tous les Seigneurs, qu'il avoit depossedez, il en feit mettre à mort tant, qu'il en peut empoigner, et bien peu se sauverent. Ensemble avoir gaigné tous les Gentils-hommes Romains, et praticqué pour luy une bien grande partie du college. Quant à l'augmentation de ses terres, son entreprise estoit se faire seigneur de la Toscane, et tenoit desia en sa main la ville de Peruse, et Plombin : ayant avec tout cela pris la protection de Pise. | De ces quatre points sur la mort d'Alexandre il en avoit mis trois à chef, le quatrieme il avoit quasi parfait. Car des Seigneurs qu'il avoit despoüillez il en avoit fait mourir autant qu'il en avoit peu tenir & ne s'en sauva que bien peu. Touchant les gentilz-hommes Romains, il se les avoit attirez. Il havoit la plus grand part des Cardinaux à sa devocion. Et au regard des nouveaux aquez, il avoit pourpensé devenir Seigneur de la Tuscane, & tenoit deja Peruse & Plombin, ayant pris la protection de Pise, |
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Et come non havessi havuto haver' respetto a Francia, che non glien'haveva d'havere più, per esser' già i Francesi spogliati del' Regno di Napoli dali Spagnuoli, in forma che ciascuno di loro era necessitato di comperar' l'amicitia sua, saltava in Pisa. | |||
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et n'eust esté quelque peu de crainte qu'il avoit des Françoys, combien qu'il ne les craignoit plus guère, acause que les Françoys estoient fraischement chassés du royaume de Naples par les Hespaignolz, tellement que les ungs et les aultres estoient contrainctz d'achepter son amitié, il se fut incontinant rué dans Pise pour s'en faire seigneur. | et n'avoit aucun egard aux François, comme s'il n'eust plus a faire d'eux, pource qu'ilz estoient chassez du royaume de Naples par les Espagnolz : en sorte qu'un chacun estoit contraint d'acheter son amitie. Il se iettoit sur Pise : | Et comme il n'eust plus occasion de craindre l'empeschement des Françoys, qui estoient ia deschassez par les Espagnolz hors le Royaume de Naples, en forme qu'un chacun d'iceux avoit besoing d'achepter son amitié : la seigneurie de Pise ne luy pouvoit faillir. | & n'avoit aucun egard aux François, comme s'il n'eust plus à faire d'eux, pource qu'ils estoient chassez du royaume de Naples par les Espagnols : en sorte que chacun estoit contraint d'achaitter son amitié il se jettoit sur Pise : |
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Doppò questo, Lucca et Siena cedeva subito, parte per invidia de Fiorentini et parte per paura. I Fiorentini non havevan' rimedio. | |||
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Laquelle chose s'il eust faicte, Lucques et Senne se fussent rendues, tant pour la crainte de sa grande puissance comme pour l'envye qu'ilz portoient aux Florentins, tellement que les Florentins mesmes eussent esté troussez et n'eussent eu aulcun remède pour se délivrer de sa main. | Apres elle Lucque, et Siene eussent facilement este de la partie, ou par depit des Florentins, ou de peur qu'ilz avoyent : les Florentins ne se fussent peu sauver. | Et apres ceste cy Siennes, et Luques se fussent incontinent rendues, partie en hayne des Florentins, partie de belle peur, à quoy les Florentins n'eussent sceu remedier. | Aprez elle, Luque & Siene eussent facilement esté de la partie, ou par depit des Florentins ou de paour qu'ils avoient : les Florentins ne se fussent peu sauver. |
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Il che se li fusse riuscito, che gli riusciva l'anno medesimo che Alessandro morì, s' acquistava tante forze et tanta reputatione che per se stesso si sarebbe retto, senza dependere da la Fortuna o forza d'altri, ma solo da la potentia et virtù sua. | |||
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Laquelle chose s'il eust parachevée comme sans point de faulte il en fust venu à bout la mesme année qu'Alexandre mourut, il eust eu tant de forces acquises et si grande réputation qu'il se fust soubstenu sur son estat, sans s'appuyer à la fortune ny aux forces daultruy, ains seullement sur sa puissance et vertu. | Faisant cela (ce qu'il eust fait l'annee mesme que Pape Alexandre mourut) il se fut amasse telles forces, et acquis si grande reputation qu'il eust peu maintenir, et gouverner luy mesme sans dependre de la fortune, et forces d'autruy, seulement de sa vertu et puissance. | Si tout cela luy eust ensemble succedé, comme il succedoit sans doubte la mesme année, que Alexandre deceda : il s'acqueroit tant de force, et reputation, que, de luy mesme il se fust peu maintenir en vigueur, sans dependre de la fortune, ou renfort d'autruy : ains seullement de sa puissance, et vertu. | Faisant cela (ce qu'il eust fait l'année mesme que Pape Alexandre mourut) il eust assemblé telles forces & acquiz si grande reputation, qu'il eust peu maintenir & gouverner luy mesme sans dependre de la fortune & forces d'autruy, ains seulement de sa vertu & puissance. |
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Ma Alessandro morì doppò cinque anni ch'egli haveva incominciato a trarre fuore la spada, lasciollo con lo stato di Romagna solamente assolidato, con tutti gli altri in aria, intra doi potentissimi eserciti inimici, amalato a morte. | |||
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Mais Alexandre mourut cinq ans après qu'il eust commencé à mectre la main à l'espée et le laissa seullement seigneur de la Romaigne toute réduicte et incorporée en ung, tous les aultres estoient encore en herbe, entre deux armées de deux ennemyz trespuissans, malade à mort. | Mais Pape Alexandre mourut cinq ans apres que Borge avoit commence a degainer l'epee, laissant la Romagne seulement bien assise et ferme, tous les autres estatz quasi en l'air, entre deux camps ennemis, et trespuissans, malades iusques a la mort : | Mais son pere luy faillit cinq ans apres, qu'il commença à desgainer espée, et ne luy laissa rien de solide tenue que la Romaigne : le reste demeurant incertain comme une chose en l'air, et estant mallade au lit de la mort, entre deux trespuissantes armées ennemies. | Mais Pape Alexandre mourut cinq ans aprez que Borge avoit commencé à degainer l'epée, laissant la Romagne seulement bien assise & ferme, tous les autres estatz quasi en l'air, entre deux camps ennemis & tres-puissans, malade iusques à la mort : |
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Et era nel' Duca tanta ferocia et tanta virtù, et sì ben' conosceva come gli huomini s' habbino a guadagnare o perdere, et tanto eron' validi li fondamenti che in sì poco tempo s'haveva fatti, che se non havesse havuto quelli eserciti adosso o fusse stato sano, harebbe retto a ogni difficultà. | |||
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Touttefois le duc estoit ancor si ardent, si fier et de telle vertu, et si bien sçavoit comment les hommes se doibvent gaigner ou perdre, et si bien fondé se sentoit en si peu de temps, qu'il avoit commencé, que s'il n'eust eu les deux armées sur luy, ou qu'il eust esté sain et délivré de sa personne, il eust surmonté toutes ces difficultez. | toutesfois il estoit si brave, et connoissoit si bien les moyens comme il faut gangner, ou perdre les hommes, et les fondemens qu'il s'estoit basti en si peu de temps estoient si fermes, que si deux osts n'eussent este prestz a luy courre sus, ou s'il esut este guari, il eust surmonte tous empeschemens. | Ce Duc estoit garny d'un si grand cueur, et hardement, congnoissant si bien par quelles voyes les hommes se devoient gagner, ou perdre, et telz venoient à estre les fondemens qu'il avoit iettez en si peu de temps, que sans l'empeschement de ces deux gros exercites, ou de son extreme malladie, il fust parvenu au dessus de ses affaires. | toutefois il estoit si brave & connoissoit si bien les moïens comme il faut gangner ou perdre les hommes, & les fondemens qu'il s'estoit basty en si peu de temps estoient si solides, que si deux osts n'eussent esté prests à luy courre sus, ou s'il eust esté guary, il eust surmonté tous les destourbiers & empeschemens. |
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Et che li fondamenti suoi fussin' buoni, si vidde: che la Romagna l' aspettò più d'un' mese; in Roma, ancora che mezo morto stette securo, et benche i Baglioni, Vitelli et Orsini venissero in Roma, non hebbon' seguito contro di lui; poté far', se non chi egli volle, almeno che non fusse Papa chi egli non voleva. | |||
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Et qu'il soit vray que ses fondemens fussent bons, il fut clere à congnoistre de ce que la Romaigne l'attendit plus d'ung moys, mesme dans Romme il estoit en seureté, ancor qu'il fut demy mort, et jafoit que les Baillons, Vitelles, et Ursins vinsent à Romme, touttefoys ilz n'eurent aucune suytte contre luy, il estoit en si grand crédit au Collège des Cardinaulx, que si bien il n'eust sçeu faire eslire pape celuy qu'il eust voulu, pour le moins il pouvoit empescher qu'ung sien ennemy ne l'eust esté. | De fait on peut bien veoir que ses fondemens estoyent fort seurs, quant a la Romagne il fust attendu plus d'un mois, encore qu'il fust demi mort : Et si n'osa personne luy faire facherie dans Romme. Et bien que les Baillions, Vitelles, Ursins vinssent a Romme, si n'eurent ilz point de suite contre luy. S'il ne peut faire Pape celuy qu'il eust bien voulu, pour le moins il fit que celuy qui ne vouloit pas ne le fut point. | Et que ses fondemens fussent bons, le païs de la Romaigne assez le tesmoigna, laquelle tint bon pour luy plus d'un mois, encores qu'on le veit presque demy mort à Rome, ou il demeura en seureté tant que sa maladie dura. Et bien que les Baglions, Vitellins, et Ursins retournassent à Rome le voyant mallade, comme au desespoir de guerison, ilz ne trouverent oncques, qui se voulust bander pour eux contre luy. Et si eut bien le pouvoir, s'il ne feit eslire Pape celluy qu'il eust voulu, pour le moins d'empescher, que celluy, qu'il ne vouloit pas, le fust. | De fait on peut bien veoir que ses fondements estoient fort surs, quant à la Romagne il fut attendu plus d'un mois, encore qu'il fust demy mort : Et si n'osa personne luy faire facherie dans Romme. Et bien que les Baillious, Vitelles, Ursins vinsent à Romme, si n'eurent ils point de suite contre luy. S'il ne peut faire Pape celuy qu'il eust bien voulu, pour le moins il fit que celuy qu'il ne vouloit pas, ne le fust point. |
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Ma se ne la morte di Alessandro fusse stato sano, ogni cosa gli era facile. Et lui mi disse, ne dì che fù creato Iulio secondo, che haveva pensato a tutto quello che potessi nascere, morendo el padre, et a tutto haveva trovato rimedio, eccetto che non pensò mai, in sù la sua morte, di star' ancor' lui per morire. | |||
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Et certes s'il eust esté sain quand Alexandre mourut, rien ne luy estoit impossible. Car il me disoit du temps que le pape Jules II fut esleu qu'il avoit pourveu et ordonné bon remède, à tout ce qui pouvoit survenir à la mort de son père, fors qu'il n'avoit jamais pensé qu'en ceste heure là il deust estre luy mesme en dangier de mourir. | Mais s'il n'eust este malade, quant Pape Alexandre mourut tout luy eust este facile. Aussi me le dit il le iour que le Pape Iules fut esleu qu'il s'estoit avise de tout ce qui pouvoit survenir a la mort de son pere, trouvant remede par tout, fors qu'a sa propre mort, ne se doutant point qu'il deust encores luy mesme mourir. | Mais s'il eust esté en bonne disposition lors qu'Alexandre mourut, toutes choses alloient à son souhait. I'ay souvenance qu'il me dit (es iours, que Iulle second fut esleu) avoir pensé à tous les inconveniens, qui luy pouvoient advenir son pere mourant, et à tous trouvé le remede prest, excepté, qu'il n'avoit iamais estimé, voire sur le point de la mort, devoir si tost mourir. | Mais s'il n'eust esté malade, quand Pape Alexandre mourut, tout luy eust esté facile. Aussi me le dit il le iour que le Pape Iules fut eleu, qu'il s'estoit avisé de tout ce qui pouoit survenir à la mort de son pere, trouvant remede par tout, fors qu'à sa propre mort, ne se doutant point qu'il deust encores luy mesme mourir. |
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Raccolto adunque tutte queste attioni del' Duca, non saprei riprenderlo, anzi mi par' (com' io ho fatto) di preporlo ad imitar' a tutti coloro che per Fortuna et con l'armi d'altri son' saliti a l'Imperio; perche lui, havendo l'animo grande et la sua intention' alta, non si poteva governare altrimenti et solo si oppose alli suoi disegni la brevità della vita d'Alessandro et la sua infirmità. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
En examinant donc toutes les manières du duc, je ne scauroys bonnement trouver en quoy le reprendre, ains me semble bon, comme j'ay faict, de le mettre pour exemple, devant les yeulx de tous ceulx qui par fortune et armes daultruy veullent parvenir à l'empire, pour ce qu'ung tel homme de si grand couraige, et de haulte entreprinse ne se pouvoit autrement gouverner et rien ne fut contraire à ses entreprinses fors la briefveté de la vie d'Alexandre et sa maladie. | Toutes ces entreprises assemblees, et considerees, ie ne voi point en quoy il merite d'estre repriz, ains il me semble qu'il le faut, comme i'ay faict proposer pour exemple a tous ceux qui par fortune, et avec les armes d'autruy sont parvenus a grands estats et seigneuries. Car aiant le cœur grand et l'intention haute, il ne se pouvoit porter autrement, et la mort seulement d'Alexandre et sa propre maladie s'opposa a ses desseins. | Pesant doncq, et considerant bien ensemble tous les gestes de ce Duc, ie ne voy point ou lon le puisse reprendre (ienten quant a conduire, et faire ses besongnes) ains il me semble (selon que i'ay dit) devoir estre proposé comme un exemplaire à tous ceux, qui par le moyen de fortune, et secours d'autruy veullent sauter aux principautez. Car ayant le cueur tant magnanime, et les intentions si hautes, ne pouvoit se gouverner autrement. La seulle trop briefve vie de son pere, et sa grande malladie, s'opposerent à l'execution de ses braves entreprises. | Toutes ces entreprises assemblées & considerées, ie ne voy point en quoy il merite d'estre repris, ains il me semble qu'il le faut (comme i'ay fait) proposer pour exemple à tous ceux qui par fortune & avec les armes d'autruy sont parvenus à grans estats & Seigneuries. Car ayant le cueur grand & l'intention haute, il ne se pouvoit porter autrement, & la mort seulement d'Alexandre & sa propre maladie s'opposa à ses desseins. |
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Chi adunque giudica necessario nel' suo Principato nuovo assicurarsi de gli nimici, guadagnarsi amici, vincere o per forza o per fraude, farsi amare et temer' da popoli, seguire et riverire da soldati, spegner' quelli che ti possono o debbono offendere, innovar' con nuovi modi gli ordini antichi, esser' severo et grato, magnanimo et liberale, spegner' la militia infidele, crear' de la nuova, mantenersi l'amicitie de' Re et de li Principi, in modo che ti habbino a benificare con gratia o a offendere con rispetto, non può truovar' più freschi essempi che l' attioni di costui. | |||
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Si doncques aulcun estime luy estre nécessaire pour establir son nouveau principat de s'asseurer de ses ennemyz, gaigner amys, vaincre par force, ou par tromperye, se faire aymer et craindre des peuples, se faire suyvre, et honorer des gensdarmes, extaindre ceux qui peuvent ou doibvent nuyre, renouveller par nouvelles coustumes les ordres anciens, estre sevère, aggréable, magnanime, hautain et libéral, casser la gensdarmerie desloyalle, créer la nouvelle, maintenir l'amytié des roys et princes en telle sorte qu'ilz se mettent à te faire plaisir avec grâce, ou t'assaillir avec crainte de ta puissance, il ne peult trouver meilleurs exemples que les faictz et gestes de ce duc Borgia. | Qui donc pensera estre necessaire en sa nouvelle Principaute, s'asseurer des ennemis, s'acointer des amis, gaigner ou par force ou par finesse, se faire aimer et craindre du peuple, se faire honorer et suyvre des soldars, ruiner ceux qui nous peuvent ou doivent endommager, refrechir par nouveaux moyens les anciennes coustumes, estre rigoureux et gracieux, hautain et liberal, casser les soldars desquelz on ne se peut seurement fier, en apointer de nouveaux, se maintenir en amitie des Roys et des Princes : en sorte que ilz te facent plaisir avec faveur, ou qu'ilz ne t'offencent point sans respect : il ne peut choisir plus frais exemples, que les faicts de cestuy ci. | Et pourtant quiconque estimera necessaire, à l'avenement de son regne nouveau, se fortifier en premier lieu contre ses ennemis, gaigner amis, vaincre soit par force, ou par cautelle, se faire aymer et craindre de ses subietz, suivre et reverer de ses soldatz, adnichiller ceux qui te peuvent, ou ont quelque raison de te vouloir nuyre, immuer par nouvelles ordonnances les anciennes formes de vivre, estre severe, gratieux, magnanime, et liberal, supprimer la gendarmerie suspecte, et en establir de nouvelle, s'entretenir en lamitié des Roys, et Princes, en telle façon qu'ilz soyent volontiers promptz à te faire plaisir, et tardifz à t'offencer, il ne pourra trouver plus frais, et convenables exemples, que les actes, et gouvernement de ce Duc. | Qui donc pensera estre necessaire en sa nouvelle Principauté, s'assurer des ennemis, s'accointer des amis, gaigner ou par force ou par ruse, se faire aymer & craindre du peuple, se faire honorer & suivre des soldars, ruiner ceux qui nous peuvent ou doivent endommager, refraichir par nouveaux moyens les anciennes coustumes, estre rigoureux & gracieux, hautain & liberal, casser les soldars desquels on ne se peut surement fier, en appointer de nouveaux, se maintenir en amitié des Roys & des Princes : en sorte qu'ils te facent plaisir avec faveur, ou qu'ils ne t'offencent point sans respect : il ne peut choisir plus frais exemples que les faits du Duc Valentin. |
Segment 44 | |||
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Solamente si può accusarlo ne la creation' di Iulio secondo, ne la quale lui hebbe mala elettione. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Seullement on le pourroit reprendre en la création de pape Jule en laquelle il eust mauvaise élection. | Seulement on ne le peut reprendre en la creation du pape Iules II. Car il le choisit mal : | On le peut seullement blamer d'une chose, d'avoir souffert l'election de Iulle second : laquelle luy fut grandement preiudiciable. | Seulement on le peut reprendre en la creation de Pape Iules II. Car il le choisit mal : |
Segment 45 | |||
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Perche, come è detto, non possendo fare un' Papa a suo modo poteva tenere che uno non fusse Papa, et non doveva acconsentir' mai al' Papato di quelli Cardinali, che lui havessi offesi o che diventati Pontifici havessino ad haver' paura, di lui. Perche gli huomini offendono o per paura o per odio. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Car, comme cy dessus nous avons dict, puys qu'il ne pouvoit faire un pape à son grè, il debvoit empescher que ung ne le fust à son malgré. Dont il ne debvoit jamais donner consentement à la papaulté des cardinaulx qu'il avoit offensez, ou qui debvoient, estant papes, avoir crainte de luy : acause que les hommes offensent et nuysent à aultruy de haine ou de crainte. | d'autant que ne pouvant ainsi comme i'ay desia dict faire un Pape a sa guise : il pouvoit au moins si bien faire que un tel ne fust point Pape. Et ne devoit iamais consentir que les Cardinaux qu'ilz avoit offensez fussent eleuz, ny ceux qui parvenuz a la Papaute deussent avoir peur de luy. Car les hommes nuisent aux autres ou de peur ou de haine. | Car (comme i'ay recité) ne pouvant faire un Pape à sa guise, il luy estoit possible tenir la main a ce, qu'aucun n'y parvint de tous les Cardinaux qu'il avoit auparavant rendus ses ennemis, ou qui estans Papes se fussent peu craindre de luy. Parautant que les hommes ne s'esforcent moins communement de nuyre par crainte, que malveillance. | d'autant que ne pouant (comme i'ay desia dit) faire un Pape à sa guise. Il pouoit au moins si bien faire qu'un tel ne fust point Pape, & ne devoit iamais consentir que les Cardinaux qu'ils avoit offencez fussent eleuz, ne ceux qui parvenuz au Papat deussent avoir paour de luy. Car les hommes nuisent aux autres ou de paour ou de hayne. |
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Quelli che lui haveva offesi eron', tra gli altri, San Pietro ad vincula, Colonna, San Giorgio, Ascanio. Tutti gli altri assunti al Pontificato havevan' da temerlo, eccetto Roano et gli Spagnoli. Questi per coniuntione et obligo, quello per potentia, havendo congiunto seco il Regno di Francia. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Ceulx qu'il avoit offensé estoient entre plusieurs autres, les cardinaulx de Sainct Pierre ad Vincula, Colonne, Sainct Georges, Ascanio, tous les aultres, s'ilz eussent esté esleuz au pontificat avoient occasion de le craindre, hormis le cardinal de Rouen et les Hespaignolz, l'un pour sa puissance et ayde du royaume de France, les aultres pour la puissance et mérites de son père qui estoit hespaignol. | Ceux qu'il avoit fachez estoient entre les autres le Cardinal S. Pierre ad vincula, Colonne, S. George, et Ascaigne : tous les autres, s'ilz fussent eleus, ilz avoient occasion de le craindre fors le Cardinal d'Amboise, et les Espagnols :ceux ci par alliance et amitie, le Cardinal d'Amboise pour sa grande authorite, tirant avec luy tout le royaume de France. | Or les Cardinaux qu'il avoit offensez, estoient entre autres, celuy de sainct Pierre ad vincula, le Cardinal Colonne, le Cardinal Sainct George, et Ascanio. Tous les autres, quand ilz eussent esté Papes, avoient matiere se doubter de luy. fors le Cardinal de Rouen, et les Espagnolz : ceux cy à cause de l'alliance, et obligation, qui luy devoient, l'autre pour le regard de l'appuy et support de France. | Ceux qu'il avoit offensez estoient entre les autres le Cardinal S. Pierre ad vincula, Colonne, S. George & Ascaigne : tous les autres, s'ils eussent esté eleus, ils avoient occasion de le craindre fors le Cardinal d'Amboise & les Espagnols : ceux cy par alliance & amitié, le Cardinal d'Amboise pour sa grande autorité, tirant avec luy tout le royaume de France. |
Segment 47 | |||
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Per tanto il Duca innanzi ad ogni cosa doveva crear' Papa uno Spagnuolo, et, non potendo, deveva consentire che fusse Roano et non San' Pietro ad vincula. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Partant le duc avant toutes choses debvoit faire pape ung hespaignol et s'il ne le pouvoit faire, devoit consentir à la papaulté du cardinal de Rouen, et non pas de Saint Pierre ad Vincula. | Pour cette cause Borge devant toutes choses devoit faire un Pape Espagnol, et s'il n'eust peu il devoit accorder que ce fust Amboise, et non pas S. Pierre ad vincula. | Parquoy sus toutes choses luy falloit briguer l'election d'un Espagnol : ne le pouvant faire, il devoit au fort consentir celle du Cardinal de Rouen, et non de Sainct Pierre ad vincula. | A cette cause Borge avant toutes choses devoit faire un Pape Espagnol, & s'il n'eust peu, il devoit accorder que ce fust Amboise & nompas S. Pierre ad vincula. |
Segment 48 | |||
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Et chi crede che nè personaggi grandi i benificij nuovi faccino dimenticare l'ingiurie vecchie s'inganna. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Car certainement on s'abuse grandement à penser qu'aux grans personnages, les nouveaux bénéfices facent mectre en oubly les anciennes injures. | Car celuy qui pense que es grans personnages les nouveaux plaisirs facent oublier les vieilles iniures, il s'abuse. | Car c'est simplesse de penser que les nouveaux plaisirs facent oblier aux grandz seigneurs les vieilles iniures, et offenses. | Car celuy qui pense que és grans personnages les nouveaux plaisirs facent oublier les vieilles injures, il s'abuse. |
Segment 49 | |||
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Errò adunque il Duca in questa elettione, et fù cagion' de l'ultima rovina sua. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Voylà doncques comment le duc fist grand erreur en la création de ce pape là, qui fut cause de sa dernière ruyne. | Borge donc faillit en ceste derniere election, et fut cause de sa derniere ruine. | Et par ainsi le Duc commit une bien lourde faute en la creation de Iulle, moyennant laquelle il appresta l'occasion de sa derniere ruyne. | Borge donc faillit en cette election qui fut cause de sa derniere ruine. |