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Quante siano le spetie della militia et de soldati mercennarij Cap .XII . | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
De toutes les sortes des gens de guerre, et speciallement des soudardz mercennaires. Chapitre XII | Combien il y a de forces de faire la guerre et des soldars estrangers. Chap. 12. | Quantes especes y a de gens de guerre : et des Soldatz Mercennaires. Chapitre XII. | combien y'a d'especes de gens de guerre & des soldats mercenaires ou soudoyez. Cha. 12. |
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Havendo discorso particolarmente tutte le qualità di quelli Principati de quali nel' principio proposi di ragionare, et considerato in qualche parte le cagioni del' bene et del' male esser' loro, et monstri i modi con li quali molti han' cerco d' acquistarli et tenerli, mi resta hora a discorrer' generalmente l'offese, et difese che in ciascun' de prenominati possono accadere. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Après avoir particulièrement discouru les qualitez de toutes les principautez dont au commencement j'avois proposé de parler, et en partie examiné les causes de leur bien et de leur mal, et monstré les manières que plusieurs ont usé pour les conquester et retenir, il me reste encore à discourir des choses appartenantes aux défenses et offenses daultruy, qui peuvent survenir à chascun desdictz estatz. | Apres avoir discouru particulierement toutes les sortes de ces principautez desquelles au commencement i'avois delibere de parler, aiant conioint en partie la cause de leur avancement ou ruine et monstre les manieres par lesquelles plusieurs ont essaie de les acquester et tenir, il me reste encore a traicter generalement des empeschemens et remedes qui a chacune d'elles sçauroient survenir. | Ayant particulierement discouru toutes les qualitez des principautez, dont i'avois au commancement deliberé parler, et remonstrer en partie dont procedent les occasions de leur bon ou mauvais estat, ensemble declaré les moyens avec lesquelz plusieurs se sont esvertuez les acquerir, et conserver. Reste presentement d'escrire en general les offenses, et defenses qui peuvent advenir en chacune d'icelles. | Aprez avoir discouru particulierement toutes les sortes de ces principautez desquelles au commencement i'avois projetté de parler, ayant conioint en partie la cause de leur avancement ou ruine & monstré les manieres par lesquelles plusieurs ont essayé de les acquester & maintenir, il me reste encore a traiter generalement des empeschemens & remedes qui a chacune d'elles pourroient survenir. |
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Noi habbian' detto di sopra come ad un' principe è necessario havere li suoi fondamenti buoni, altrimenti di necessità convien' che rovini. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Nous avons dict cy dessus qu'il est nécessaire à un prince d'avoir bons fondemens pour establir son estat, aultrement par nécessité il convient qu'il tende à ruyne. | Nous avons dict ci devant qu'il faut qu'un Prince soit bien fonde, autrement qu'il sera perdu. | Nous avons cy devant dit, comme il est necessaire à un Prince avoir ses fondemens bons : autrement faut de necessité qu'il tombe en decadence. | Nous avons dit cy devant qu'il faut qu'un Prince soit bien fondé, autrement qu'il sera perdu. |
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E principali fondamenti che habbino tutti gli stati, così nuovi come vecchi o misti, son' le buone leggi et le buon' armi; et perche non possono buone leggi dove non sono buone armi, et dove son' buon' armi conviene che siano buone leggi, io lasserò indrieto il ragionar' de le leggi et parlerò de l' armi. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Les principaulx fondemens que tous les estatz vieux et nouveaux ou meslez, doibvent avoir sont les bonnes loys et les bonnes armes, par laquelle diction j'entendz bons hommes de guerre. Et à cause que les bonnes loix ne peuvent estre où il n'y ayt bonnes armes, et où les bonnes armes sont, il est convenable qu'il y ayt bonnes loix, je ne traicteray point des loix et parleray seulement des armes. | Or les principaux fondemens qu'aient point tous les estatz aussi bien les nouveaux comme les vieux, et les meslez, sont les bonnes lois et bonnes armes. Et pource qu'il n'est possible d'avoir de bonnes lois ou les forces ne vallent rien et ou les armes sont bonnes, il est aussi bien raisonnable que les lois soyent bonnes : ie laisseray de parler des lois et traiteray des armes. | Les principaux fondemens que tous les potentaz se puissent voir, soient Nouveaux, Anciens, ou Mixtes, sont les bonnes loix, et les bonnes armes. Et parautant que les bonnes loix demeurent sans effet, ou les bonnes armes sont defaillantes, et ou les bonnes armes regnent, il est aussi de besoing que les loix y soient bonnes. Ie me deporteray de disputer des loix, et dresseray mon propos des armes : | Or les principaux fondemens qu'ayent tous les estats aussi bien les nouveaux comme anciens, & les meslez, sont les bonnes lois & bonnes armes. Et pource qu'il n'est possible d'avoir de bonnes loix là où les forces ne valent rien : & où les armes sont bonnes, il est aussi raisonnable que les loix y soyent bonnes : ie laisseray de parler des loix & traiteray des armes. |
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Dico adunque che l' armi, con le quali un' Principe defende el suo stato, o le son' proprie, o le son' mercennarie o ausiliarie o miste. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Je diz doncq que les gens de guerre, dont ung prince se sert pour la deffense de son estat sont ou proppres à luy, ou estrangiers prins à la soulde, que j'appelle mercennaires, ou auxiliaires, ou meslez. | Mon opinion est donc que les armes par lesquelles un Prince deffend son païs ou sont les siennes propres, ou bien soudoiees des etrangers, ou de quelque Prince son ami qu'il luy envoye secours, ou meslees des uns et des autres. | Disant, que les armes, avec lesquelles un Prince defend ses terres, sont ou Propres ou Mercennaires, ou Auxiliaires, ou Mixtes. | Mon opinion est donc que les armes par lesquelles un Prince defend son païs ou sont les siennes propres ou des estrangers soudoyez, ou de quelque Prince son amy quy luy envoye secours, ou meslées des uns & des autres. |
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Le mercennarie et ausiliarie son' inutili et pericolose, et se un' tiene lo stato suo fondato insù l'armi mercennarie non starà mai fermo ne sicuro, perche le son' dis'unite, ambitiose et senza disciplina, infedeli, gagliarde fra gli amici, fra gli inimici vili, non hanno timor' di Diò, non fede con gli huomini ; et tanto si differisce la rovina, quanto si differisce lo assalto, et ne la pace sei spogliato da loro, ne la guerra da inimici. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Les mercennaires et auxiliaires sont inutiles et dangereux pour celluy qui s'en sert, et si quelcun tient son estat fondé sur la foy des estrangiers mercennaires, jamais ne sera asseuré ou ferme en icelluy. Pource qu'ilz ne sont jamais d'accord entre eulx mesmes, et sont ambitieux, desloyaux, sans discipline de guerre, braves entre amyz, lasches entre les ennemys, ilz n'ont ny crainte de Dieu, ny foy envers les hommes, tellement que tu ne peulx différer d'estre ruyné sinon d'autant que tu demoures à estre assailly d'ailleurs. Dont tu te treuves en temps de paix estre déstroussé par eulx, en temps de guerre par tes ennemyz. | Les soudoiez d'etrangers et le secours ne vallent rien, et si sont bien fort dangereuses. Et si un homme veut fonder l'asseurance de ses estatz sur les forces des etrangers, seurement il ne s'y pourra maintenir. Car elles ne s'accordent pas facilement entre elles et si sont tout pour l'honneur et ne sont point bien ordonnees ny obeissantes. D'autre part elles ne sont pas trop fideles, entre amis fort brave entre ennemis point de cœur, elles n'ont point la crainte en Dieu ny la foy aux hommes, et d'autant on retarde a les deconfire qu'on retarde a les assaillir en temps de pais tu seras pille d'eux, en temps de guerre des ennemis. | Les Mercennaires, et Auxilliaires sont dangereuses, et de peu de profit, tant que si un seigneur fonde la durée de son estat sur telles forces, il n'aura iamais ferme ny asseurée domination : parce qu'elles sont seditieuses, ambitieuses, sans aucune discipline, et peu fidelles, braves avec leurs amis, et contre les ennemis lasches : n'ont aucune crainte de Dieu, ne foy envers les hommes : et de tant se differe seulement la ruyne, de celuy qui s'en sert, que l'assaut est differé. En saison de paix tu es mangé d'eux, en la guerre par tes ennemis. | Les soudoiées d'estrangers ne valent rien, & sont fort dangereuses. Et si un homme veut fonder l'asseurance de son estat sur les forces mercenaires, ne sera iamais soustenu ferme. Car elles sont desunies, ambitieuses sans discipline, desloiales, entre amis sont braves, entre ennemis peu de cueur, elles n'ont point de crainte de Dieu ne de foy aux hommes, & d'autant on retarde a les deconfire qu'on retarde a les assaillir en temps de paix tu seras pillé d'eux, en temps de guerre des ennemis. |
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La cagion' di questo è che non hanno altro amore ne altra cagione che le tenga in campo che un' poco di stipendio, il quale non è sufficiente a fare che li voglion' morir' per te. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
La cause de cecy est, qu'ilz n'ont autre amour ny autre cause qui les retienne en camp, sinon une petite soulde qui n'est pas suffisante à les induyre qu'ilz veuillent mourir pour toy ; | La raison et cause de cela est qu'il n'ont autre amour et chose qui les tienne au camp qu'un peu de gages. Ce qui n'est pas suffisant a faire qu'il meurent pour toy : | La cause de tout cecy est, qu'ilz n'ont autre affection, ne raison pour les retenir en un camp, à ton service, fors la friandise de quelque peu de soulde, laquelle n'est sufisante à les faire vouloir mourir pour toy. | La cause de cela est qu'il n'ont autre amour & ny occasion qui les tienne au camp qu'un peu de gages. Ce qui n'est pas suffisant a faire qu'il meurent pour toy : |
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Voglion' ben' essere tuoi soldati mentre che tu non fai guerra, ma, come la guerra viene, o fugirse o andarsene. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
ilz sont bien contents d'estre à tes gaiges pendant que tu ne feras la guerre, mais icelle venue, ou il faille jouer des cousteaux, ilz se délibèrent tousjours ou de fuyr, ou de t'abandonner. | ilz veullent bien estre a toy pendant que tu ne fais point la guerre, mais aussi tost que la guerre est revenue ilz veullent ou s'enfuir, ou se desapointer. | Ilz veullent bien estre tes pensionnaires tant, que tu ne feras point la guerre : mais elle venant Messieurs s'enfuyent ou se retirent : | ilz veulent bien estre a toy pendant que tu ne fais point la guerre, mais aussi tost que la guerre est revenuë ne desiroyent que fuir ou se desapointer. |
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La qual' cosa deverei durar' poca fatica a persuadere, perche la rovina d' Italia non è hor' causata da altra cosa che per esser' in spatio di molti anni riposatasi insù l' armi mercennarie. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Pour laquelle chose prouver et faire clairement apparoistre, ne me fault grandement efforcer : pource que la ruyne d'Italie n'est proceddée d'ailleurs que de s'estre jectée par plusieurs années sur les armes mercennaires. | Ce qui ne deveroit pas estre fort difficile a faire croyre, car la destruction d'Italie qui est pour le present n'est advenue d'autre chose que pour s'estre par long espace repose sur les armes estrangeres et soudoiees, | Chose qui nous devroit facillement persuader la destruction d'Italie n'avoit esté d'ailleurs occasionée, que pour s'estre, l'espace de plusieurs ans, reposée sur les armes de louage : | Ce qui ne devroit pas estre fort difficile a faire croire : car la destruction d'Italie qui est a present n'est advenuë d'autre chose que de s'estre par long espace reposé sus les armes estrangeres & soudoyées, |
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Le quali fecion gia per qualcuno qualche progresso, et parevan' gagliarde infra loro, ma come venne il forestiero, elle mostroron' quel' che l'erano. Onde che a Carlo Re di Francia fù lecito pigliar' Italia col' gesso. Et chi diceva che n'eran' cagion' i peccati nostri diceva il vero, ma non eran' gia quelli che credeuan', ma questi ch' io ho narrato. Et perche gli eran' peccati di Principi, n' hanno patito la pena ancora loro. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Bien est vray que telles gens feirent jadiz quelque beaux faict d'armes à la faveur de quelcun, et sembloit à les veoir qu'ilz fussent hardiz et de grand valeur, mais quand se vint à donner sus aux ennemyz, ilz monstrèrent bien que ce n'estoit rien qui vaille. Au moyen dequoy, il fut loysible à Charles roy de France de prendre toute l'Italie et la saccager entièrement. Et ceulx qui disoient en criant que c'estoient nos péchez qui en estoient la cause, disoient bien la vérité, mais ilz estoient abusez en la qualité des péchez. Car c'estoient ceulx que j'ay cy dessus racomptez, et non pas ceulx qu'ilz pensoient et pource que cela advenoit par la faulte et ignorance des princes, ilz en ont aussy souffert condigne recompense. | lesquel les firent pour aucuns quelque avancement, et sembloit bien que ce deust estre quelque chose : mais aussi tost qu'il y vint un autre estranger elles monstrerent ce qu'elles estoient. D'ou vint que le roy Charles peut bien courir toute Italie avec la craie (cest a dire que sans aucune resistance ne faisoit qu'envoier marquer ses logis) et ceux qui disoient que noz pechez en estoient cause disoient bien vray, mais ce nestoient pas les pechez qu'ilz perisoient, plustost ceux la que i'ay raconte et d'autant que c'estoient pechez et fautes des Princes ilz en ont porte la peine eux mesmes aussi bien que les autres. | lesquelles ont fait possible autresfois bonne preuve au service de quelqu'un, et par la desrobé la reputation de vaillantes. Mais quand les puissances estrangeres vindrent deça les mons, elles monstrerent bien tost ce, qu'on en devoit pour l'advenir estimer. Au moyen dequoy il fut aisé, et permis au Roy Charles huitiesme prendre l'Italie avecques le bouclier sans l'espée. Et celluy qui disoit noz pechez en estre cause, il disoit bien verité : mais ce n'estoient seullement ceux qu'il pensoit, ains les autres que ie vien de reciter. Et procedans lesdites fautes, et pechez des Princes, aussi raisonnablement en ont ilz porté la peine. | lesquelles firent pour aucuns quelque avancement, & sembloit bien que ce deust estre quelque chose : mais aussi tost qu'il y vint un autre etranger, elles monstrerent ce qu'elles estoient. D'où vint que le Roy Charles peut bien prendre toute Italie avec la craie ceux qui disoient que noz pechez en estoient cause disoient bien vray, mais ce n'estoient pas les pechez qu'ilz pensoient, ains ceux que i'ay raconté & d'autant que c'estoient pechez & fautes des Princes ils en ont porté la peine eux-mesmes aussi bien que les autres. |
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Io voglio dimostrar' meglio la infelicità di queste armi. I capitani mercennarij o sono huomini eccellenti, o no; se sono, non te ne puoi fidare, perche sempre aspireranno a la grandeza propria o con l'opprimer' te, che li sei padrone, o con l'opprimer' altri fuor' de la tua intentione; ma se non è virtuoso, ti ruina per l'ordinario. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Je vueil encores plus clairement démonstrer la malheurté de ces armes mercennaires par ce qui s'ensuit. Les capitaines mercennaires ou ilz sont hommes excellens au faict de guerre, ou ilz ne le sont pas. S'ilz le sont, c'est follye à toi de te fyer en eulx. Car ilz aspireront tousjours à s'enrichir et remonter eulx mesmes, ou en opprimant toy mesme qui est leur maistre, ou en combattant quelque aultre hors de ton intention. Mais si le capitaine n'est vertueux, ordinairement il perd les batailles, et par cela te mect en ruyne. | Ie veux bien davantage monstrer la malheurete de cette sorte de gendarmes. Les Capitaines soudoies sont ou tresexcellens homms, ou non : s'ilz le sont, tu ne t'y dois pas fier. Car ilz tacheront a se faire grans eux mesmes ou en te ruinant toy qui es leur maistre, ou en destruisant d'autres contre la volunte : et si le Capitaine n'est pas vertueux il sera cause de ta perdition. | Or pour monstrer encores plus clairement l'imperfection, et malheureté de ses armes, il faut entendre que les Capitaines Mercennaires ou sont personnages excellens, ou gens de peu de fait. S'ilz vallent quelque chose, tu n'as occasion de t'y fier beaucoup, parce qu'ilz aspirent tousiours à leur grandeur, ou en entreprenant sur toy, qui es leur maistre, ou en opprimant quelqu'un contre ton intention ; mais si c'est un homme de petite valleur, il ne peut faillir te destruire par la voye ordinaire. | Ie veux bien d'avantage monstrer la malheureté de cette espece de soldatz. Les Capitaines soudoiés sont ou tresexcellens hommes, ou non : s'ils le sont, tu ne t'y dois pas fier. Car ils tacheront à se faire grands eux-mesmes ou en te ruinant toy qui es leur maistre, ou en destruisant d'autres contre ton intention : & si le Capitaine n'est pas vertueux il sera cause de ta perte. |
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Et se si risponde che qualunche harà l'arme in mano farà questo medesimo, o mercennario o no, replicherei come l'armi hanno ad esser' adoperate o da un' Principe o da una .republica. Il Principe deve andar' in persona a far' lui l'officio del' Capitano; la Republica ha da mandare i suoi Cittadini, et, quando ne manda un' che non riesca valente, debbe cambiarlo; et, quando sia, tenerlo con le leggi che non passi el segno. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Si aucun me mectoit en avant que l'on ne peult éviter ce dangier, acause que tout homme qui aura la charge de telles gens entre les mains fera le semblable, ou mercennaire, ou autre qu'il soit, je luy respondroys que personne ne se doibt mesler de faire mestier des armes, si ce n'est ung prince ou une républicque : le prince y doibt aller en personne, et faire luy mesme l'office de capitaine. Les républicques y doibvent envoyer pour capitaines en chef leurs citoyens, et s'ilz s'y portoient mal, y en envoyer dautres ; s'ilz s'y portoient honnestement, leur faire faire le debvoir, et les contraindre par les loys du pays à n'entreprendre rien oultre ce qu'il leur seroit commandé. | Et si on me respond que tout Capitaine qui aura les armes au poing, quiconques soit il ou soudoie ou autre en pourra faire le semblable, ie repliqueray que c'est ou un Prince ou une republique qui faict la guerre : le Prince y doit aller luy mesmes en personne et faire le devoir d'un bon Capitaine. Une Republique envoira de ses citoyens, et quand elle en aura mande un qui ne s'y porte pas vaillamment le changera, et s'il est vaillant le tiendra de court avec les lois, si bien qu'il ne les puisse enfraindre. | Et si l'on me respondoit, que tout autre, qui aura les armes en maniment, peut faire le semblable, soit Mercennaire, ou non : Ie repliqueray que la guerre se fait ou par un Prince, ou une Republicque. Le Prince, y doit aller en personne, et faire luimesmes l'office de Capitaine. La Republicque y envoye ses citadins. Et quand elle en donne la charge à un qui ne se monstre homme de bien, promptement le doit changer, ou l'y laissant, le regler si etroitement en sa commission, qu'il ne puisse oultrepasser les bornes à luy presises. | Et si on me respond que tout Capitaine qui aura les armes au poing, quiconque soit ou soudoyé ou autre en pourra faire le autant, ie repliqueray que c'est ou un Prince ou une republique qui fait la guerre : le Prince y doibt aller luy-mesme en personne & faire le devoir de bon Capitaine. Une republique envoyra de ses citoyens, & quand elle en aura mandé un qui ne s'y porte pas vaillamment elle le changera, & s'il est vaillant le tiendra de court avec les lois, si bien qu'il ne les puisse enfraindre. |
Segment 12 | |||
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Et per esperienza si vede i Principi soli et Republiche armate far' progressi grandissimi, et l'armi mercennarie non far' mai se non danno ; et con più difficultà viene a la obedienza d'un' suo Cittadino una Republica armata d'armi proprie che una armata d'armi forestiere. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
L'on a veu par expérience qu'il n'y a eu que les princes, qui d'eulx mesmes se sont mys à la guerre, et les républicques armées, qui ayent faict grandz gestes, et que les mercennaires ne font jamais que dommage, mesme qu'à plus grande difficulté, une républicque armée d'armes propres vient à l'obéyssance d'ung sien citoyen, qui se vueille saisir de la seigneurie, qu'une qui est armée de gens estrangiers. | Mesmes on voit par experience, les Princes seuls, et les Republiques bien aguerries faire grandes choses : mais les armees soudoiees ne faire iamais que mal et dommage. Davantage a plus grand peine cherra soubz la tirannie d'un de ses citoyens une Republique fournie de ses propres armes, qu'une autre defendue de forces etrangeres. | Lon voit par experience que les Princes, et Republicques n'empruntans rien de leurs voisins, et estans d'eux mesmes agguerris, font, et executent de grandes entreprises : et qu'au contraire les armes Mercennaires ne servent que de dommage. Ioint qu'une Republicque fondée sur ses propres forces, s'assubiectist plus difficillement soubz l'obeissance d'un sien citadin, que celle qui depend du secours estranger. | Mesmes on void par experience, les Princes seuls & les Republiques bien aguerries accomplir de grandes choses : mais les armées soudoyées ne faire iamais que mal & dommage. D'avantage a plus grand peine cherra soubz la tyrannie d'un de ses citoyens une Republique fournie de ses propres armes, qu'une autre defendue de forces etrangeres. |
Segment 13 | |||
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Sterono Roma et Sparta molti secoli armate et libere. I Svizeri sono armatissimi et liberalissimi. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Les républicques de Rome et Sparte demourèrent libres par plusieurs siècles, pource qu'elles entretenoyent la discipline militaire. Les Souysses aussy sont armez, et à ceste cause sont libres au possible. | Romme et Sparte furent long temps en armes, et en liberte : Les Suisses sont fort aguerriz, et en tresgrande liberte. | Rome, et Sparte se maintindrent plusieurs siecles en liberté par le moyen de leurs propres puissances. Les Suysses sont semblablement fort agguerris, et libres. | Romme & Sparte furent long temps en armes, & en liberté : Les Suisses sont fort aguerriz, & en tresgrande liberté. |
Segment 14 | |||
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De l'armi mercennarie antiche per essempi ci sono li Cartaginesi, li quali furno per esser' oppressi da lor' soldati mercennarij, finita la prima guerra co i Romani, ancora che i Cartaginesi hauesser' per Capitani proprij Cittadini. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Du malheur des armes mercennaires nous avons pour exemple les Carthaginoys, qui furent presque defaictz et oppressez par les souldards mercennaires, après la première guerre contre les Romains, combien que les capitaines fussent de leur propre cité. | Des armes soudoiees du temps passe nous avons pour exemple les Carthaginois, lesquelz furent a peu pres destruiz par leur soldars etrangers, apres qu'ilz eurent finy la premiere guerre contre les Rommains, bien qu'ilz eussent de leurs propres citoyens pour Capitaines. | Mais nous avons, pour un ancien exemple des armes Mercennaires, les Carthaginois, qui se veirent une fois sur le point d'estre saccagez par leurs soudars pensionnaires, leur premiere guerre contre les Romains finie, encores que leurs propres citadins en fussent capitaines. | Des armes soudoyées du temps passé nous avons pour exemple les Carthaginois, lesquelz furent a peu pres destruictz par leurs soldars estrangers, aprez qu'ilz eurent finy la premiere guerre contre les Rommains, bien qu'ilz eussent de leurs propres citoyens pour Capitaines. |
Segment 15 | |||
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Philippo Macedone fù fatto da Thebani, doppò la morte di Epaminunda, Capitano de la lor' gente, et tolse lor', doppò la vittoria, la libertà. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Philippe de Macedoyne après la mort de Épaminondas fut par les Thébains esleu capitaine de leur armée, et après la victoire leur osta la liberté. | Philippe de Macedoine fut faict apres le deces d'Epaminonde par les Thebains Capitaine de leurs gens, aussi la victoire emportee il leur osta la liberte. | Phelippe de Macedoine fut lieutenant general sur l'armée des Thebains depuis la mort d'Epaminondas et leur osta la liberté, apres la victoire. | Philippe de Macedoine fut fait aprez le decés d'Epaminonde par les Thebains, Capitaine de leur armée, aussi la victoire gaignée, il leur tollist la liberté. |
Segment 16 | |||
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I Milanesi, morto el duca Philippo, soldorno Francesco Sforza contro a Vinitiani, il quale superati l'inimici a Caravaggio, si congionse con loro per opprimere i Milanesi suoi patroni. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Les Milanoys après la mort du duc Philippe souldoyèrent Françoys Sforce contre les Vénitiens, lequel après avoir vaincu les ennemyz à Caravage se joignit avec eulx pour opprimer les Milanoys qu'il servoit. | Les Milanois apres que leur Duc Philippe fut mort soudoierent François Sforce pour mener la guerre contre les Venitiens, lequel apres avoir vaincu les ennemis a Caravage, tourna sa robe se ioignant avec eux pour donner sus les Milanois ses seigneurs. | Les Milannois, mort que fut le Duc Phelippe viscontin, souldoierent Francisque Sforze contre les Venitiens, lequel ayant vaincu ses ennemis à Caravais, se rallia depuis avecques eux pour asservir ses Seigneurs et maistres à luy. | Les Milanois apres que leur Duc Philippe fut mort, soudoierent François Sforce pour mener la guerre contre les Venitiens, lequel aprez avoir vaincu les ennemis à Caravage, tourna sa robe se ioignant avec eux pour donner sus les Milanois ses Seigneurs. |
Segment 17 | |||
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Sforzo suo padre, essendo Soldato de la Regina Giovana di Napoli, la lasciò in un' tratto disarmata, onde lei per non perder' il Regno, fù costretta gittarsi in Grembo al' Re D'Aragona. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Sforce son père estant à la soulde de la royne Jehanne de Naples, la laissa soubdainement sans armée, dont elle fut contraincte, pour ne perdre le royaume, de se mectre à la miséricorde du roy d'Arragon. | Sforce son pere estant aux gages de la Royne Iehanne de Naples la laissa en un instant toute depourvue de gensdarmes, si bien qu'elle fut contrainte de se getter au sein du Roy d'Arragon. | Sforze son pere estant soudard de la Royne Iehanne de Naples, abbandonna sa maistresse en un moment : tant que pour sauver son Royaume elle fut contrainte se ietter entre les bras du Roy d'Arragon. | Sforce son pere estant aux gages de la Royne Ianne de Naples, la laissa en un instant toute depourveue de gens de guerre, si bien qu'elle fut contrainte de se getter au sein du Roy d'Arragon. |
Segment 18 | |||
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Et se i Vinitiani et Fiorentini hanno accresciuto per lo adrieto lo Imperio loro con queste armi, et li lor' Capitani non se ne son' però fatti Principi ma li hanno difesi, rispondo che li Fiorentini in questo caso son' stati favoriti da la sorte, perche de Capitani virtuosi, li quali potevon temer', alcuni non han' vinto, alcuni hanno havuto oppositioni, altri han' volto l'ambitioni loro altrove. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Et jafoit que les Vénitiens et les Florentins par cy devant ayent augmenté leur estat par telles armes, et que leurs capitaines ne se soient pourtant saisiz de la principaulté, à cela je respondz que les Florentins en ce cas ont esté plus heureux que saiges, et que la fortune leur a porté grande faveur. Pource que des vertueux capitaines dont ilz se pouvoient doubter, les ungs ne gaignoient point les batailles, les aultres avoient des oppositions, les aultres tournoyent ailleurs leur ambition, et convoitise de dominer. | Et si les Venitiens et Florentins ont par le passe augmente leur seigneuries en ceste sorte d'armes, et neantmoins leurs Capitaines ne s'en sont point faict leurs Seigneurs, mais les ont trebien deffendus : Ie responds que les Florentins en ce cas ont este favorisez de l'adventure : car de leur Capitaines vertueux lesquelz ilz pouvoient craindre les aucuns n'ont pas eu du meilleur, les autres ont eu quelques contradictions, les autres ont tourne leur convoitize d'un autre coste. | Et si les Venitiens, et Florentins ont cy devant augmenté leur empire par le service de telz chefz de guerre, sans que pourtant leurs Capitaines se soient faitz leurs maistres, mais au rebours les ayent tresbien servis. Ie respondz, que les Florentins ont esté en ce cas favorisez de la fortune, parautant que de tous les excellens Capitaines, dont ilz se sont servis, les uns n'ont pas esté vaincqueurs à la guerre, les aucuns ont eu des oppositions et contrarietez à leurs entreprises, les autres ietterent ailleurs le feu de leur ambition. | Et si les Venitiens & Florentins ont par le passé augmenté leurs seigneuries en ceste sorte d'armes : & neanmoins leurs Capitaines ne s'en sont point fait emparez, mais les ont tresbien deffendus : Ie responds que les Florentins en ce cas ont esté favorisez de l'aventure : car de leurs Capitaines vertueux lesquels ils pouoient craindre, aucuns n'ont pas eu du meilleur, les autres ont eu quelques contradictions, les autres ont tourné leur convoitize d'un autre costé. |
Segment 19 | |||
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Quello che non vinse fù Giovanni Acuto, del' qual', non vincendo, non si potea conoscer' la fede, ma ognun' confessa che, vincendo, stavano i Fiorentini a sua discretione. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Celluy qui en combattant ne gaigna point la bataille pour les Florentins, fut un Jehan Aigu l'angloys, duquel la foy pour n'avoir point vaincu ne pouvoit estre congneue, si est ce que l'on ne peult nyer que s'il eust vaincu, les Florentins eussent esté contrainctz de demourer à sa discrétion. | De ceux qui n'ont pas este victorieux vous avez Iehan Acut, duquel ne congnoissant point la victoire, on ne pouvoit congnoistre la loiaute, mais un chacun me confessera que s'il eust gaigne la iournee les Florentins estoient a sa discretion. | Iehan l'Aigu, fut de ceux qui ne vainquirent pas, la foy duquel ne peu : estre congneue, veu sa fortune : mais un chacun confessera, que s'il eust vaincu, les Florentins s'en alloient inevitablement soubz sa discretion. | De ceux qui n'ont pas esté victorieux, vous avez Iehan Acut, duquel ne connoissant point la victoire, on ne pouoit connoistre la loyauté, mais un chacun me confessera que s'il eust gaigné la iournée, les Florentins estoient à sa discretion. |
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Sforzo hebbe sempre i Bracceschi contrarij, che guadagnorno l'un' l'altro. | |||
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Sforce eut tousjours les Brassesques contre luy, tellement qu'ilz s'empeschoient l'un l'autre. | Sforce le pere a tousiours eu les Bracchesques contraires, si bien qu'ilz se sont gardes lun lautre, | Francisque Sforze eut tousiours les Brascheques pour contraires, qui se servirent d'épeschement l'un à l'autre. | Sforce le pere a tousiours eu les Bracchesques contraires, si bien qu'ils se sont gardez l'un l'aure. |
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Francesco volse l'ambition' sua in Lombardia ; Braccio contro la Chiesa et il' Regno di Napoli. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Mais Françoys, son fils tourna son ambition sur la Lombardie, et Braccio contre l'Eglise, et le royaume de Naples. | François Sforce a decharge son ambition sur la Lombardie : Bracche contre l'Eglise et le roiaume de Naples. | Francisque appliqua ses desseins vers la Lombardie, et Nicolas Picenin à l'encontre de l'Eglise, et le Royaume de Naples. | François Sforce a dechargé son ambition sur la Lombardie : Bracche contre l'Eglise & le royaume de Naples. |
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Ma vegnamo a quello, ch' è seguito poco tempo fà. Fecero i Fiorentini Pauol' Vitelli lor' Capitano, huomo prudentissimo et che di privata fortuna haveva preso riputatione grandissima; se costui espugnava Pisa, nessuno sarà che nieghi come è conveniva a Fiorentini star' seco, perche, se fusse diventato Soldato de lor' nimici, non havevan rimedio, et, tenendolo, havevano ad obedirlo. | |||
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Venons à ce qui est advenu de naguères les Florentins prindrent pour capitaine ung Paulo Vitelly homme tresprudent, et qui de privée fortune par sa vertu avoit acquis grande réputation en faict de guerre. Si cestuy cy eust prins Pise, les Florentins eussent estés contrainctz de faire ce qu'il eust voulu, et ce pour cause qu'il se pouvoit mectre aux gaiges des Pisans, laquelle chose s'il eust faicte ilz estoient troussez, ou en demourant avec eulx les forcer de le faire prince. | Mais venons a ce qu'il n'y a pas long temps qui a este faict. Les Florentins firent Paul Vitel leur Capitaine, homme fort sage et qui de basse fortune estoit devenu en tresgrande estime, lequel surmontant Pise comme il pretendoit, personne ne me niera qu'il estoit force que les Florentins fussent de son coste, car s'il se fust voulu mettre pour les ennemis il ny avoit aucun remede, qu'ilz n'eussent este contrains de luy obeir. | Or venons à ce, que puis peu de temps en ça nous avons veu advenir. Les Florentins esleurent Paulle Vitelli pour leur Capitaine, homme tresprudent, et qui de basse qualité estoit monté à une merveilleuse reputation s'il eust pris la ville de Pise, il n'y a personne osant nyer, que les Florentins ne fussent contraintz le retenir perpetuellement avecques eux, par ce que s'il eut esté pour autruy, ce leur estoit dommage irreparable, mais le retenant, il leur eust falu consequemment par succession de temps luy obeïr, | Mais venons à ce qu'il n'y a pas long temps qui a esté fait. Les Florentins firent Paul Vitel leur Capitaine, homme fort sage & qui de basse fortune estoit monté en tresgrande estime, lequel emportant Pise comme il pretendoit, personne ne me niera qu'il estoit force que les Florentins fussent de son costé, car s'il se fust voulu mettre pour les ennemis, il n'y avoit aucun remede qu'ils n'eussent esté contraints de luy obeir. |
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I Vinitiani, se si considera i progressi loro, si vedrà quelli securamente et gloriosamente haver' operato mentre che fecion' guerra ì lor' proprij, che fù avanti che si volgessino con l' imprese in terrà, dove comuni gentilhuomini et con la plebe armata operorno virtuosamente; ma come cominciorno a combattere in terra, lasciorno questa virtù et seguitorno i costumi di Italia. | |||
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Et quand aux Vénitiens si l'on considère bien leur manière de procéder, l'on verra qu'ilz ont tousjours usé de grande vertu et saigesse, pendant qu'ilz ne se servoient que d'eulx mesmes à la guerre, qui fut avant qu'ilz entreprinsent sur terre ferme, et trouvera qu'avec leurs gentilz hommes et le populaire armé ilz se portèrent vertueusement par la mer. Mais depuis qu'ilz commencèrent à combattre par terre, leur première vertu fut anéantye, dont ilz suivirent le train des coustumes d'Italie. | Quand aux Venitiens si on considere bien leur avancements, on verra qu'ilz ont et plus seurement, et avec plus grand honneur guerroie pendant qu'ilz faisoient la guerre eux mesmes, avant qu'ilz eussent tourne leurs entreprises en terre ferme : car au lieu que leur gentilz hommes avec le populaire bien equippe batailloit vaillamment, depuis qu'ilz ont commence de combatre sur terre ilz ont perdu cette vertu, suyvant les coutumes d'Italie. | au regard des Venitiens, si lon contemple bien leurs progrès, ilz se trouveront avoir seurement, et vertueusement operé tant qu'ilz ont mené la guerre par leur gent naturelle. Ce qui à esté avant qu'ilz entreprissent iamais rien sur terre ferme lors, que leur seulle noblesse, et populaire estoient employez en leurs batailles, ou ilz feirent merveilles. Laquelle vertu commença à leur defaillir, quand ilz commencerent de combatre en terre, et qu'ilz se meirent à suivre la mode d'Italie. | Quant aux Venitiens si on considere bien leur avancement, on verra qu'ils ont & plus surement & avec plus grand honneur guerroié pendant qu'ils faisoient la guerre eux-mesmes, avant qu'ils eussent tourné leurs entreprises en terre ferme : car au lieu que leurs gentilz-hommes avec le populaire bien equippé batailloit vaillamment, depuis qu'ils ont commencé de combattre sur terre, ils ont perdu cette vertu, suivant les coustumes d'Italie. |
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Et nel' principio dello augumento loro in terra, per non vi haver' molto stato et per esser' in gran' riputatione, non havevon' da temer' molto i lor' Capitani. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Bien est vray que sur leurs premiers acquestz en terre ferme, pour n'y estre séjournez longuement, et pour la grande réputation que dès longtemps ilz avoient acquise, ilz n'avoient point d'occasion de craindre leurs capitaines, | Et au premier de leur accroissement a cause qu'ilz n'avoient sur terre pas grand chose, et pource qu'ilz estoient en grande reputation, l'occasion de craindre leur Capitaines n'estoit pas grande, | Toutesfois sur le principe de leurs conquestes terrestres, pour n'y avoir pas encores beaucoup de domination, et estre d'ailleurs grandement redoubtez, la matiere ne les convioit pas de craindre fort leurs Capitaines. | Et en leur premier accroissement à cause qu'ils n'avoient sur terre pas grand chose, & qu'ils estoient en grande reputation, l'occasion de craindre leurs Capitaines n'estoit pas grande, |
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Ma come essi ampliorno, che fù sotto el Carmignola, hebbono un' saggio di questo errore, perche vedutolo virtuosissimo, battuto che hebbono sotto il suo governo il Duca di Milano et conoscendo da l'altra parte come egli era freddo ne la guerra, giudicorno non poter' più vincere con lui, perche non voleva; ne potean licenciarlo per non perder' cio che havevan' acquistato, onde che furono necessitati per assicurarsi di amazarlo. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
mais quand ilz se commencèrent à estendre et amplyer en dommaine, qui fut soubz le Carmagnole leur Capitaine, ilz receurent ung évident guerdon de leur téméraire entreprinse. Car le voyant homme tresvertuex, et après que par sa conduicte ilz eurent battu le duc de Milan, et dautrepart coingnoissant qu'il alloit froidement à la guerre, ilz jugèrent qu'ilz ne gaigneroient plus rien avec luy. Parquoy ilz ne se pouvoient se deffaire de luy, et pareillement n'osoient luy donner congé, pour ne perdre ce que par luy ilz avoient conquesté tellement que pour s'en asseurer ilz le feirent mourir. | mais aussi tost qu'ilz vindrent a croistre, comme dessous le Carmignole, ilz eurent un presage de cette faulte : car le cognoissant estre homme fort vaillant, apres ce qu'il eust si bien accoustre le Duc de Milan, et voiant d'autre coste comme il se portoit froidement en la guerre, ilz penserent qu'ilz ne pourroient plus rien gaigner avec luy, et d'autant qu'ilz ne vouloient ne pouvoient aussi le casser, de peur qu'ilz ne perdissent ce qu'ilz avoient ia conqueste, ilz furent contrains pour s'asseurer de luy le faire mourir. | Mais comme ilz vindrent à se dilater, qui fut au temps de Carmignolle, ilz feirent un essay de cest erreur : parce que l'ayant congneu homme de souveraine vertu, veu les grosses victoires, qu'ilz eurent soubz la conduite contre le Duc de Milan, et advisant d'autrepart, comme il se refroidissoit à la longue, penserent, qu'ilz ne feroient plus iamais beaufait par son moyen, puis que son vouloir estoit aliené : et ne pouvoient franchement luy donner congé, pour peur de perdre ce qu'il leur avoit acquis : tant que finablement ilz furent forcez de le faire mettre à mort pour s'en asseurer. | mais aussi tost qu'ils vindrent à croistre, comme dessous le Carmignole ils eurent un presage de ceste faute : car le connoissant estre homme fort preux & hardy, aprez ce qu'il eust si bien accoustré le Duc de Milan, & voiant d'autre costé comme il se portoit froidement en la guerre, ils penserent qu'ils ne pourroient plus rien gaigner avec luy, & d'autant qu'ils ne vouloient ne pouoient aussi le casser, de paour de perdre ce qu'ils avoient ja conquesté, ils furent contraints pour s'assurer de luy, le faire mourir. |
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Hanno di poi havuto per lor' Capitano Bartolomeo da Bergamo, Roberto da Sanseverino, Conte di Pitigliano et simili, con li quali havevan da temer' de la perdità, non del guadagno loro, come intervenne di poi a Vailà, dove in una giornata perderon' quello che in .VIII. cento anni con tante fatiche havevon' acquistato, perche da queste armi nascon' solo i lenti, tardi et deboli acquisti et le subite et miracolose perdite. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Depuys leurs capitaines ont esté Barthélémy de Bergame, Robert de Sainct Séverin, comte de Pétillan, et autres, soubz la charge desquelz ilz ne debvoient pas tant craindre l'ambition diceulx, que leur propre perte en bataille, comme après il advint à Vayla où en une seule journée ilz perdirent tout ce que par grandz travaulx et grandz fraiz en DCCC ans ilz avoient conquesté. Car à la vérité de telles gens mercennaires s'il y a des acquestz, ilz sont longs et débiles, et s'il y a perte elle est soubdaine et incomparable. | Ilz ont depuis eu pour Capitaine Barthelemi de Bergame, Robert de Sainct Severin, le Conte de Petigliane et autres semblables : avec lesquelz ilz devoient plustost craindre qu'ilz ne perdissent que non pas qu'ilz gaignassent quelque chose, comme il advint depuis a Vaïle la ou en une iournee ilz perdirent tout ce qu'ilz avoient en huict cens ans gaigne par si grand peine. Car de cette maniere de gensdarmes il en vient de longues, et foibles conquestes, mais les pertes en sont soudaines et merveilleuses. | Depuis ilz ont euz pour conducteurs de guerre Messire Bartholomne Coyon de Bergame, Robert de sainct Severain Conte de Periglian, et autres semblables : se servans desquelz ilz leur failloit plus craindre la perte, que le gaing : selon que bien tost apres advint à Vaile, ou ilz perdirent en une seulle iournée ce, qu'en huit cens ans avoient par tant de peines conquesté. Dont ne se faut esbahir, attendu que de ceste sorte d'armes procedent les tardifz et foibles acquestz, et les soudaines, et miraculeuses pertes. | Ils ont depuis eu pour Capitaine Barthelemi de Bergame, Robert de Saint Severin, le Comte de Petiglian & autres semblables : avec lesquels ils devoient plustost craindre qu'ils ne perdissent, que qu'ils gaïgnassent quelque chose, comme il avint depuis à Vaïle, là où en une journée ils perdirent tout ce qu'ils avoient en huict cens ans acquiz à si grand peine. Car de cette maniere de gend'armerie il en sort de longues & foibles conquestes, mais les pertes en sont soudaines & merveilleuses. |
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Et perche io son' venuto con questi essempi in Italia la quale è stata governata già molti anni da l'armi mercennarie, le voglio discorrer' più d'alto, accio che vedute le origini, et progressi di esse si possin' meglio corregger'. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Et puys que par ces exemples je suis venu à parler d'Italie, laquelle par plusieurs années s'est gouvernée par mercennaires, j'en veulx parler plus au long, et commencer de plus haut la raison de leur procédure, à celle fin qu'en ayant congneu l'origine on les puisse plus aiseement corriger. | Et pource que les exemples m'ont mene iusques en Italie gouvernee ia long temps a par les armes etrangeres ie les veux discourir un peu plus haut affin que leur source et acroissement connuz on les puisse mieux corriger. | Et parautant que ie suis allé chercher mes exemples iusques en Italie, ou les soudars Mercennaires ont eu tant de cours, i'en veux prendre mon propos de plus loing, afin que leur origine et progressions congneues, on les puisse mieux corriger. | Et pource que les exemples m'ont mené iusques en Italie gouvernée ja long temps a par les armes etrangeres, ie les veux discourir un peu plus haut afin que leur source & accroissement connuz, on les puisse mieux corriger. |
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Havete da intender' come, tosto che in questi ultimi tempi lo Imperio cominciò ad esser' ributtato di Italia et che il Papa nel' temporale vi prese più reputatione, si divise la Italia in più stati. Perche molte de le Città grosse preson' l'armi contro i lor' nobili, li quali prima, favoriti da lo Imperadore, le tenevan' oppresse, et la Chiesa le favoriva per darsi reputation' nel' temporale. Di molte altre lor' Cittadini ne diventaron' Principi. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Vous debvez entendre que depuis que l'empire dernièrement a esté rebouté hors d'Italie, et que le pape a commencé à prendre authorité temporelle, l'Italie se divisa en plusieurs estatz : car plusieurs grosses citez prindrent les armes alencontre de leurs seigneurs, qui soubz la faveur de l'empereur les tenoyent oppressées, et aussy l'Église leur aydoit pour prendre plus grande authorité au temporel. Et de plusieurs autres citez les citoyens mesmes se feirent seigneurs. | Vous devez entendre qu'aussi tost qu'en ces derniers temps l'Empire commença d'estre reboutte et chasse d'Italie, et que le Pape eust pris plus de reputation en cas du temporel, l'Italie fut divisee en plusieurs estatz : car la plus part des grosses villes prindrent les armes contre leur gentilz hommes, lesquelz premierement par la faveur de l'Empereur les tenoient en oppresse : et l'Eglise en soutenoit d'aucuns pour augmenter son credit en temporel : de quelques autres, leur citoyens s'en firent Seigneurs. | Vous devez entendre, que tost apres, que l'empire fut transporté hors l'Italie, et que le Pape commença prendre grandeur sur le temporel, la province se divisa en plusieurs estatz, à cause que maintes citez s'estoient rebellées contre leur noblesse, qui les avoit auparavant foullées et opprimées soubs la faveur, que l'Empereur luy portoit, ausquelles l'Eglise tenoit la main au contraire, pretendant par là s'aggrandir en la temporalité. Plusieurs autres furent assubiecties par leurs mesmes citoyens, qui s'en feirent Princes : | Vous devez entendre qu'aussi tost qu'en ces derniers temps l'Empire commença d'estre reboutté & chassé d'Italie, & que le Pape eut pris plus de reputation en cas du temporel, l'Italie fut departie en plusieurs estats : car la plus part des grosses villes prindrent les armes contre leurs gentilz-hommes, lesquels premierement par la faveur de l'Empereur les tenoit en oppression : & l'Eglise en soutenoit d'aucuns pour augmenter son credit en temporel : de quelques autres leurs citoyens s'impatroniserent. |
Segment 29 | |||
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Onde che, essendo venuta l' Italia quasi in mano de la Chiesa et di qualche Republica, et essendo quelli preti et quelli altri Cittadini usi a non conoscer' arme, incominciorno a soldar' forestieri. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Au moyen dequoy, estant l'Italie reduicte soubz la puissance de l'Eglise, et de peu de républicques, et de ceulx cy les ungs estoient prestres, les autres citoyens non accoustumez aux armes, par nécessité ilz se ruèrent sur les armes mercennaires, et soubdoyèrent des estrangiers. | Ainsi estant l'Italie venue quasi en la main de l'Eglise, et de quelques Republiques, et n'estant point ces Prestres et autres citoyens apris a manier les armes, ilz commencerent a soudoier des etrangers. | tellement que l'Italie tomba presque toute soubz la subiection du Pape, et de quelque autre particuliere Republicque : et estans ceux cy prebstres, et ceux là simples citadins, espece de gent non pratiquée en la congnoissance des guerres, leur fut besoing soudoier les estrangers. | Ainsi estant l'Italie venue quasi en la main de l'Eglise, & de quelques Republiques, & n'estant point ces Prestres & autres citoyens aprins à manier les armes, ils commencerent à soudoyer des etrangers. |
Segment 30 | |||
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El primo che dette riputation' a questa militia fù Alberigo da Cómo Romagnuolo. Da la disciplina di costui discese, fra gli altri Braccio et Sforzo, che ne lor' tempi furono arbitri di Italia. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Le premier qui donna réputation à ses armes mercennaires, fut ung Alberic de Conio romagnol, de la discipline duquel sont descenduz Braccio et Sforce, qui furent en leur temps les plus grandz capitaines et quasi les arbitres d'Italie. | Le premier qui donna bruict a cette sorte de faire la guerre ce fut Auberi de Come de la Romaigne, de l'escole duquel descendirent entre autres Bracche et Sforce qui en leurs temps tenoient toute l'Italie a leur discretion : | Et le premier, qui donna bruit à ceste forme de faire, fut un nommé Albert de Come Romagnolle. De l'escolle de cestuy cy sortirent entre plusieurs, Bracche, et Sforze, soubz la volonté desquelz l'Italie bransla, tant qu'il vesquirent. | Le premier qui donna bruit à cette espece de soldars fut Auberi de Come de la Romagne, de l'escole duquel descendirent entre autres Bracche & Sforce, qui en leurs temps tenoient toute l'Italie à leur discretion : |
Segment 31 | |||
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Doppò questi venerò tutti gli altri, che fino a nostri tempi hanno governate l'armi d' Italia, et il fin' de le lor' virtù è stato che quella è stata corsa da Carlo, predata da Luìgi, sforzata da Ferrando et vituperata da Svizeri. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Après ceulx cy sont venuz les aultres qui ont jusques à nostre temps gouverné les armes d'Italie, la vertu desquelz luy a esté si peu duysante et proufitable qu'elle a esté courue par Charles, saccagée par Loys, forcée par Ferrand, et déshonorée par les Souysses. | Apres ceux la vindrent tous les autres qui iusques a nostre temps ont este les chefz des armees d'Italie. La fin de si belles prouesses est qu'elle a este courue du Roy Charles, pillee du roy Loüys, forcee du roy Fernand, et villenee des Suisses. | Apres eux sont venus tous les autres qui ont iusques à nostre temps gouverné les armes de ceste contrée : et l'effet de leur prouesse s'est déclaré en ce, que la province a esté ravagée par Charles, saccagée par Loys, forcée par Ferdinand, et diffamée par les Suysses. | Aprez eux vindrent tous les autres qui iusques à nottre temps ont esté les chefs des armées d'Italie. La fin de si belles proüesses est, qu'elle a esté courue par le Roy Charles, pillée par le Roy Loüys, forcée par le Roy Fernand, & villanée par les Suisses. |
Segment 32 | |||
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L'ordine che loro hanno tenuto è stato prima, per dar' riputation' a lor' proprij, haver' tolto riputatione a le fanterie. Fecion questo perche, essendo senza stato et in sù l'industria, i pochi fanti non davon lor' riputation' et li assai non potevon nutrire; et però si ridussero a cavalli, dove con numero sopportabile eron' nutriti et honorati; et eron' ridotte le cose in termine che, in un'esercito di vinti milia Soldati, non si truovavan' duo milia fanti. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
L'ordre que ces gentilz capitaines tenoient estoit tel, que pour faire valloir leur marchandise, ilz ostèrent le crédit aux gens de pied du premier sault. La cause de cela est pource qu'ilz estoient sans estat, et sur la poincte de leur industrie, et pour cela les gens de pied en petit nombre ne leur donnoient aucun crédit, dautrepart à en prendre grand nombre, ilz ne les pouvoient nourrir ; au moyen dequoy ilz se reduysirent aux chevaulx où avec un nombre supportable ilz estoient nourryz honorablement. Et qui plus est en une armée de vingt mil hommes, l'on n'eust pas trouvé deux mil hommes de pied. | L'ordre qu'ilz ont tenu est tel que premierement pour s'acquerir honneur a eux mesmes, ilz l'ont oste aux fanteries : Ilz faisoient cela car n'aiant point de païs et s'avançant par invention, peu gens de pie n'eussent sçeu faire grande faction, d'en norrir beaucoup ilz ne pouvoient, et pource ilz se reduisirent aux gens de cheval, desquelz d'un nombre competant ilz estoient entretenus et honorez, et les matieres estoyent venues en ces termes, qu'en un camp de vingt mille soldars il ne s'en fust pas trouve deux mille de pied. | La façon, dont ilz userent, est d'avoir de premiere entrée tollu la reputation de la fanterie, pour l'attribuer à la cavallerie. Et feirent cela, parce que n'estans fondez de biens, horsmis leur industrie, une petite trouppe de gens de pié ne leur pouvoit pas acquerir grand bruit : ny advancement : et en avoir quantité, la difficulté estoit de les soudoier et nourrir. Au moyen dequoy ilz s'adonnerent aux gens de cheval, dont ilz s'entretenoient plus honorablement, avec provision de competant nombre, et vindrent les choses iusques là, qu'en une armée de vingt mille combatans, on n'y eust point trouvé mil hommes de pié. | L'ordre qu'ils ont tenu est tel que premierement pour s'acquerir honneur à eux-mesmes, ils l'ont osté aux fanteries : Ils faisoient cela car n'aiant point de païs & s'avançant par invention, peu de gens de pié n'eussent sceu faire grande faction, d'en nourrir beaucoup ils ne pouoient, & pource ils se reduirent aux gens de cheval, d'esquels d'un nombre competant ils estoient entretenuz & honnorez ; & les matieres estoient venues en ces termes, qu'en un camp de vingt mille soldars il ne s'en fust pas trouvé deux mille de pié. |
Segment 33 | |||
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Havevan' oltre a questo usato ogni industria per levar' via a se et a soldati la fatica et la paura, non s' amazando ne le zuffe ma pigliandosi prigioni et senza taglia; non traevan' di notte alle terre; quelli de le terre non traevon' di notte alle tende; non facevan' intorno al campo ne steccato ne fossa; non campeggiavon' il verno. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Oultre plus, pour faire toutes choses sans grand travail des souldards, et sans aucune crainte de mort, ez batailles ilz ne s'entretuoyent point, mais seullement se prenaient prisonniers et sans rançon, de nuict ilz ne faisoient point de batterie aux villes, ceulx des villes pareillement ne tiroient point aux tendes, entour leur camp ilz ne faisoient ny lice ny fossay, et ne campoient jamais en temps d'hyver. | Oultre ce qu'ilz avoient emploie tout leur esprit et diligence pour oster et a eux et a leur gens la peine et la peur, ne se tuant point l'un l'autre a la bataille, mais se prenans prisonniers et sans rançon. Ilz ne tiroient point de nuict ny ceux du camp contre la ville ny ceux de la ville au camp : Ilz ne faisoient point a lentour du camp ny rempar ny fosse. Ilz ne tenoient point les champs en yver, | Outre tout cela ilz s'esvertuerent par toutes les voyes, qu'il leur fut possible, d'esloingner d'eux, et de leurs soudars la peine, et la peur, ne s'entretuans point aux batailles, mais se prenans prisonniers, et sans aucune rançon. Ilz ne venoient point de nuit donner allarmes aux villes assiegées, ne ceux des villes ne sortoient point à ces heures pour aller à l'escarmouche sur les tentes des ennemis. Leur camp n'estoit point environné de barrieres, ne tranchées, et ne campegoient point le temps d'hyver. | Outre ce qu'ils avoient emploié tout leur esperit & diligence pour oster & à eux & à leurs gens la peine & la paour, ne se tuant point l'un l'autre à la bataille, mais se prenans prisonniers & sans rançon. Ils ne tiroient point de nuit ne ceux du camp contre la ville, ne ceux de la ville au camp : Ils ne faisoient point à l'entour du camp ne rempar ne fossé. Ils ne tenoient point les champs en hyver, |
Segment 34 | |||
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Et tutte queste cose eran' permesse ne lor' ordini militari et trovati da lor' per fuggir', come è detto, et la fatica et pericoli, tanto che essi hanno condotta Italia Schiava, et vituperata. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Lesquelles choses estoient toutes accordées entre eulx en leurs ordres militaires, et furent par eulx articulées pour éviter, comme dict est, la peine et les dangiers de la guerre tellement qu'ilz ont rendu l'Italie esclave et déshonorée. | et toutes ces choses la estoient inventees et promises entre eux et observees par leur statutz pour eviter, comme i'ay desia dict, et le travail et le danger : tant y a qu'ilz ont faict l'Ialie serve et villenee comme elle est. | Toutes ces choses estoient obmises par nonchallance en leur discipline militaire, et par eux introduites pour eviter, comme i'ay dit, le travail et les dangers : si bien qu'ilz ont à la parfin rendu l'Italie esclave et descriée. | & toutes ces choses estoient inventées & monopolées entre eux & observées par leurs statuz pour eviter, comme i'ay desia dit, & le travail & le danger : tant y a qu'ils ont rendu l'Italie serve & honnie comme elle est. |