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Di quelli che per sceleratezze sono pervenuti al' Principato. Cap .VIII. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
De ceux qui par meschanceté et fraude sont devenuz princes. Chapitre VIII | De ceux-la qui par meschancetés sont parvenuz a la Principauté. Chap. 8. | De ceux qui par voyes vicieuses sont parvenus au Principat. Chapitre VIII. | De ceux qui par vice sont parvenuz à Principauté. Chap. 8 |
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Ma perche di privato si diventa ancora in dui modi Principe il che non si può al tutto o a la fortuna o a la virtù attribuire, non mi par' da lasciar'li indrieto, ancora che de l'uno si possa più diffusamente ragionare, dove si trattasse de le Republiche. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Mais acause que d'estat privé, l'on devient prince encores de deux aultres manières qui ne se peuvent bonnement atribuer, ny à fortune ny à vertu, je ne veulx oublier à en discourir, combien que de l'une des deux, on puisse plus au long parler en traictant des républiques. | Mais d'autant qu'on parvient en deux autres manieres de bas estat estre prince, sans qu'on puisse dire estre du tout ou vertu, ou fortune : il me semble qu'on ne les doit point laisser derriere, encores que de l'une on puisse parler plus au long quand on traitteroit des communautez. | Or parautant que de condicion privée lon devient encores Prince en deux manieres, qui ne se peuvent entierement attribuer à la fortune, ou vertu, la raison veut bien que nous en facions quelque mention : combien que le siege d'en deviser plus amplement de l'une, seroit plus propre ou le besoing s'offriroit traitter particulierement des Republiques. | Mais d'autant qu'on parvient en deux autres manieres de bas estat à estre Prince, sans qu'on le puisse attribuer du tout à vertu ou fortune : il me semble qu'on ne les doit point laisser derriere, encore que de l'une on puisse parler plus au long quand on traitteroit des communautez. |
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Questi sono quando o per qualche via scelerata et nefaria s'ascende al' Principato, o quando un' privato cittadino con el favore de l'altri suoi cittadini diventa Principe de la sua patria. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
L'une est quand par quelque forfaict, meschant moyen, fraude, ou trahison, l'on se faict prince. L'aultre quand ung privé citoyen, par la faveur de ses concitoyens devient prince de la nation. | Ces manieres ici sont quand ou par quelque moyen malheureux et meschant on monte a la Principaute, ou bien quand un simple citoyen par la faveur des autres citoyens devient seigneur de son païs. | Ces deux manieres sont, quand par quelque vicieuse, et damnable voye lon monte au Principat, et la seconde quand un citoien privé se fait, par la faveur de ses autres Citadins, Seigneur de sa patrie. | Ces manieres cy sont quand ou par quelque moyen mal-heureux & meschant on monte à la Principauté, ou quand un simple citoyen par la faveur des autres citoyens devient Seigneur de son païs. |
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Et parlando del' primo modo si mostrerà con dui essempi, l'uno anticho, l'altro moderno, senza entrare altrimenti ne meriti di questa parte, perche io giudico che bastino a chi fusse necessitato imitarli. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Et pour bien entendre la première de ces deux manières, je la déclareray seullement par deux exemples l'un ancien l'aultre moderne, sans autrement entrer aux mérites de ceste partie, car j'estime qu'ilz suffiront pour enseignement à celluy qui seroit contrainct de les ensuivre. | Pour commencer a la premiere nous la declarerons par deux exemples, l'un ancien, l'autre de ce temps ci sans entrer autrement sur leur merites et bon droit. Car i'estime qu'il souffiront a celuy qui sera contrainct de les ensuyvre. | Parlant de la premiere, ie fonderay mon intention, et la prouveray par deux exemples, l'un ancien, et l'autre moderne, sans autrement entrer sur le merite, et iustice de cest affaire : parce qu'ilz me semblent devoir suffire à celluy, qui s'en voudroit servir en la conduitte de telle entreprise. | Pour commencer à la premiere nous la declarerons par deux exemples, l'un ancien, l'autre de ce temps cy, sans entrer autrement sur leur merite & bon droit. Car i'estime qu'il suffiront à celuy qui sera contraint de les ensuivre. |
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Agathocle Siciliano, non solo di privata ma d'infima et abietta fortuna, divenne Re di Siracusa. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Agatocles Sicilien non seullement d'estat privé, mais d'une paouvre et tresville condicion devint prince de Siracuse. | Agatocle de Sicile se fit roy de Syracuse aiant este devant non point de simple et privee condition, mais infime et abiecte, | Agathocles de Sicille, non seullement de privée, mais aussi de basse, et vile qualité devint Roy de Siracuse. | Agatocle de Sicile se fit Roy de Saragouse, ayant esté paravant non point de simple & privée condition, mais de la plus vile & basse, |
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Costui nato d' uno orciolaio tenne sempre per i gradi della sua fortuna vita scelerata. Nondimanco accompagnò le sue scelerateze con tanta virtù d' animo et di corpo che, voltosi a la militia, per li gradi di quella pervenne a esser' pretor di Syracusa. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Cestuy cy estant fils d'un potier tousjours mena, selon que son métier et fortune le requéroit, une malheureuse et tresmeschante vye touteffoys il coulora ses meschancetez, avec une si grande vertu de cueur et de corps, qu'en se gectant sur le faict de guerre, suivant les degrès des hommes de gensdarmerye, vint à estre prevost de Siracuse. | pource qu'il eut un pere potier, et mena tousiours une vie detestable selon les degrez de fortune. Toutesfois il accompaigna les vices d'une si grande force d'esprit et de corps, que s'estant adonne a la guerre de charge en autre il fit tant qu'il fut Capitaine des Syracusains. | Ce galland estant filz d'un potier, continua par tous les degrez de sa fortune une tresmauvaise et reprouvée vie : toutesfois il accompagna ses vices d'une si grande braveté de courage, et de corps, qu'il se mit à suyvre les armes : ou il feit tant petit à petit que, par ses iournées, et diligences il parvint à estre Preteur de Siracuse. | comme celuy qui eust un pere potier & mena tousiours une vie detestable selon les degrez de fortune. Touotefois il accompaigna les vices d'une si grande force d'esperit & de corps, que s'estant adonné à la guerre de charge en autre, il fit tant qu'il fut Capitaine des Saragousins. |
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Nel' qual' grado essendo constituto, et havendo deliberato voler' diventar' Principe et tener' con violenza et senza obligo d' altri quello che d'accordo gli era stato concesso, et havuto di questo suo disegno intelligentia con Amilcare Carthaginese, il quale con gli eserciti militava in Sicilia, congregò una mattina il Popolo et il Senato di Syracusa come s'egli havessi havuto a deliberare cose pertinenti a la Republica. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Auquel degrès quand il se vit constitué ayant délibéré de se faire prince de Siracuse et tenir par force sans estre obligé à aultruy, ce que par accord des citoyens luy avoit esté donné, après avoir communiqué son entreprinse avec Amilcar de Cartage, qui pour lors avec son armée faisoit la guerre en Sicile, par ung matin feit assembler le peuple et le sénat de Siracuse, comme s'il eust voulu consulter de quelque chose d'importance pour la républicque. | Apres estre establi en dignite il mist en sa teste de se faire Roy, et tenir par force, sans obligation d'autruy ce qu'on luy avoit accorde par consentement. Aiant aussi des secrettes intelligences de son dessein avec Amilcar de Cartage, lequel acompaigne de grosse puissance menoit guerre en Sicile. Il assembla un beau matin tout le peuple et le Senat de Syracuse, comme aiant a consulter sur les affaires touchant le commun. | Se voyant constitué en cest estat, et aspirant secrettement à la Tyrannie, pour tenir violentement, et sans en sçavoir gré à autruy, ce que volontairement luy avoir esté accordé : apres avoir communiqué ceste intelligence avec Amilcar de Carthage lequel tenoit armée en Sicille, assembla un matin le Peuple, et Senat de Siracuse, comme s'il eust eu à mettre affaires en deliberation grandement importantes à la chose publique : | Aprez estre estably en dignité, il mit en sa teste de se faire Roy & tenir par force, sans obligation d'autruy ce qu'on luy avoit accordé par consentement. Ayant aussi de secrettes intelligences de son dessein avec Amilcar de Carthage, lequel accompaigné de grosse puissance menoit guerre en Sicile. Il assembla un beau matin tout le peuple & le senat de Saragouse, comme ayant à consulter sur les affaires concernans le public, |
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Et a un' cenno ordinato fece da suoi soldati uccidere tutti li Senatori et li più ricchi del' Popolo; li quali morti, occupò et tenne il Principato di quella Città senza alcuna controversia civile. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Et tout incontinent faisant un certain signe à ses souldards, feit mectre à mort tous les sénateurs et les plus riches du peuple. Lesquels occis il occupa et tint la principaulté de celle cité sans aucun débat de ses citoyens. | Et par un signe qu'il avoit donne a ses soldars il fist mettre a mort tous les Senateurs, et les plus riches du peuple. Lesquelz estant tuez, il occupe et tient par force le royaume sans aucun debat entre les citoyens. | et à un mot de guet feit mettre a mort par ses satellites tous les Senateurs, et plus riches du Peuple : laquelle execution parachevée, il occupa la souveraineté de la ville sans aucun empeschement. | là où par un signe qu'il avoit donné à ses soldars, il fit mettre à mort tous les Senateurs & les plus riches du peuple. Lesquels estant tuez, il occupe & tient par force le royaume sans aucun debat entre les citoyens. |
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Et benche da i Carthaginesi fusse due volte rotto et ultimamente assediato, non solamente poté difendere la sua Città, ma, lasciata parte de la sua gente a la difesa di quella, con l'altre assaltò l'Affrica et in breve tempo libero Syracusa da l' assedio et condusse i Carthaginesi in estrema necessità, quali furno necessitati ad accordarsi con quello a essere contenti della possessione de l' Affrica, et ad Agathocle lasciar' la Sicilia. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Et combien que par après il fust deux fois défaict en bataille mys en routte, et finablement assiegé, touttefoys il eust le couraige non seullement de se défendre dans sa ville, mais aussy d'assaillyr aultruy. Car en laissant partie de ses gens pour tenir la ville avec le demourant il donna l'assault à l'Affricque, et en peu de temps contraigny ses ennemys à oster le siège de devant Siracuse, et meit les Cartaginoys en extrême nécessité tellement qu'ilz furent contraictz de s'accorder avec luy, et d'estre contens de leur Affrique, et laisser la possession de Sicile à Agatocles. | Et bien qu'il eust eu deux routes des Carthaginois, mesmes a la fin fust assiege, toutesfois il eut le pouvoir et hardiesse non point seulement de se defendre et soy et sa ville, mais aiant laisse une partie de ses gens pour la garde de la ville, avec l'autre partie il envahit l'Affrique, et en peu de temps il mena les Carthaginois en ces termes de quitter le siege, et les reduisit en si extreme necessite qu'il leur fut force d'accorder avec luy qu'il se contenteroyent de l'Afrique, luy laissant la Sicile. | Et encores que depuis il perdit deux grosses iournées contre les Carthaginois, iusques à estre finablement assiegé, il ne laissa pourtant à bien defendre sa cité : mais d'avantage y commettant une partie de ses gens pour la garde, passa en Affrique avec le reste de son ost, ou il leur mena si vertement la guerre, qu'en peu de temps les contraignit faire lever le siege devant Siracuse, et les vous conduit à une telle necessité qu'ilz furent à la parfin contraintz demander la paix, luy laissans la Sicile paisible, pour se contenter de l'Affrique. | Et combien qu'il eust receu deux routtes des Carthaginois, mesmes à la fin fust assiegé, toutefois il eut le pouoir & hardiesse non point seulement de se defendre & soy & sa ville, mais ayant laissé une partie de ses gens pour la garde de la ville, avec l'autre partie il envahit l'Afrique, & en peu de temps il reduit les Carthaginois en termes de quitter le siege, & les rengea en si extreme necessité, qu'il leur fut force d'accorder avec luy qu'ils se contenteroient de l'Afrique, luy laissant la Sicile. |
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Chi considerasse adunque l'attioni et virtù di costui, non vedria cose, o poche, le quali possa attribuire a la Fortuna, conciosia che, come disopra è detto, non per favore d'alcuno ma per li gradi de la militia, quali con mille disagi et pericoli si haveva guadagnato, pervenisse al Principato, et quello di poi con tanti animosi partiti et pericolosi mantenesse. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Qui considérera doncques les faictz et vertuz de cestuy cy, il ne trouvera aucunes choses ou bien peu qui se puissent attribuer à fortune, veu que sans la faveur de personne seullement par les degrès de gensdarmerie, qu'il avoit gaigné par mille travaux et dangiers de sa vie, il parvint à la principaulté, et la maintint avec plusieurs entreprinses plaines de péril et d'audace. | Qui doncques considerera bien ses œuvres et vertuz il ne verra rien ou bien peu qu'on puisse dire estre de fortune, veu que (comme nous avons dict ci dessus) il estoit parvenu au Royaume non par la faveur de quelcun, mais par charges de la gendarmerie lesquelles il avoit meritees par mille travaux et dangers, ausquelles il s'estoit maintenu par de magnanimes et perilleux actes. | Qui doncq prendra bien egard aux gestes, et conduittes de cestuy cy, il ne trouvera rien, ou bien peu, attribuable à la fortune, consideré que ce ne fut point, comme i'ay dit, par la faveur d'aucune chose, qu'il penetra iusques à ce souverain estat, et s'y maintint depuis par si hautes, et perilleuses entreprises. Ains y monta successivement par les degrez des charges, et superintendances, qu'on luy donna à la suitte de la guerre, qu'apres mille travaux et dangers il avoit obtenues. | Qui donques considerera bien ses euvres & vertuz, il ne verra rien ou bien peu qu'on puisse dire estre de fortune, veu que (comme nous avons dit cy dessus) il estoit parvenu au royaume non par la faveur de quelqu'un, ains par charges de la guerre, lesquelles il avoit meritées par mille travaux & dangers, esquelz il s'estoit maintenu par de magnanimes & perilleux actes. |
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Non si può chiamare ancor' virtù amazare li suoi Cittadinì, tradir' gli amici, esser' senza fede, senza pietà, senza religione, li quali modi posson' far' acquistar' Imperio ma non gloria. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Dautrepart on ne peult appeler vertu, tuer ses citoyens, trahir ses amyz, estre sans foys, sans pitié, sans religion. Lesquelles manières de vivre peuvent bien faire acquester empire à quelcun, mais gloire non. | Dautre part on ne sçauroit dire que ce soit vertu tuer ses citoyens, trahir ses amis, n'avoir point de foy, de pitie, de religion. Par lesquelz moyens on peut conquester quelque Seigneurie mais non pas honneur. | Or ne doit on pas appeller vertu, que de tuer ses citadins, trahir ses amis, estre sans foy, sans pitié et religion : qui sont possibles moyens pour acquerir seigneuries, mais non pas avecques gloire et reputation. | D'autre part on ne sauroit dire que ce soit vertu tuer ses citoyens, trahir ses amis, n'avoir point de foy, de pitié de religion. Par lesquels moyens on peut conquester quelque Seigneurie, nompas honneur. |
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Perche se si considerasse la virtù de Agathocle ne l'intrar' et nel' uscir' de pericoli et la grandeza de l' animo suo nel' supportar' et superar' le cose adverse, non si vede perche egli habbi ad esser' tenuto inferiore a qual' si sia eccellentissimo Capitano. Nondimanco la sua efferata crudeltà, et inhumanità con infinite scelerateze non consentono che sia intra li eccellentissimi huomini. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Pource que si l'on a esgard à la vertu de Agatocles à l'entrer et sortir des dangiers, à la grandeur de son courage, à supporter et vaincre les adversitez, l'on ne verra en quoy il doibve estre moins estimé, qu'aucun autre tresexcellent capitaine. Touteffoys sa cruaulté et inhumanité enragée guyde de plusieurs autres meschancetez, ne permettent qu'il soit célébré entre les excellents capitaines. | Car si on considere la vertu d'Agatocle de sortir d'affaires, ou d'y entrer, et la grandeur de courage a soutenir, et surmonter les adversitez, on ne trouvera point qu'il ait este moindre que nul autre pour excellent Capitaine qu'il aie este. Neantmoins sa bestiale cruaulte et inhumanite, avec innumerables malheuretes ne permettent point qu'il soit renomme entre les singuliers personnages. | Toutesfois si lon considere la prudence qu'eut Agathocles à se fourrer es dangereux hazardz, et s'en retirer, ensemble la grandeur de son courage, pour supporter, et venir au dessus de ses adversitez, lon ne le iugera point inferieur à tout autre excellent capitaine, qui ayt esté. Si est ce que sa brutalle cruauté, et inhumaine nature accompagnée d'infinis autres vices, ne permettent point, qu'il soit mis au nombre des vertueux, et magnanimes Princes. | Car si on considere la vertu d'Agatocle de sortir d'affaires, ou d'y entrer & la grandeur de courage à soutenir & surmonter les adversitez, on ne trouvera point qu'il ayst esté moindre que nul autre excellent Capitaine qu'il ayt esté. Neanmoins sa bestiale cruauté & inhumanité, avec innumerables malheuretez ne permettent point qu'il soit renommé entre les singuliers personnages. |
Segment 12 | |||
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Non si può adunque attribuire a la Fortuna, o a la Virtù quello che senza l'una, et l'altra fù da lui conseguito. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Parquoy l'on ne peut atribuer à fortune ou à vertu ce que sans l'une et l'aultre luy advint. | A ceste cause lon ne peut iustement attribuer à fortune, ny à la vertu ce, qu'il a de luy mesmes sceu accomplir sans l'une, ne sans l'autre. |
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Ne tempi nostri regnante Alessandro Sesto, Oliverotto da Fermo, essendo più anni adrieto rimaso piccolo, fù da un' suo zio materno, chiamato Giovanni Fogliani, allevato, et ne primi tempi de la sua gioventù dato a militare sotto Pauol' Vitelli, accioche, ripieno di quella disciplina, pervenisse a qualche grado eccellente di militia. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Daultrepart en notre temps régnant pape Alexandre VI, Oliveroto de Ferme, demouré après ses parents bien petit, fut nourry par ung sien oncle maternel nommé Jehan Fouillan. Si s'adonna sur sa première jeunesse à la guerre, soubz la charge de Paul Vitelly, afin que par le moyen de sa discipline il parvint à quelque dignité ou degrès de gensdarmerye. | De nostre temps quand Alexandre VI estoit Pape Oliverot de Ferme estant demoure ia par plusieurs ans petit garson, fut nourri par un sien oncle maternel nomme Iehan Foglian, et des le premier temps de son aage il fut donne a Paule Vitel pour la guerre, affin que estant de luy bien apris, il parvint a quelque honeste commission de gendarmes. | De nostre temps regnant Pape Alexandre, Olivier de Ferme estant encores en bas aage, fut eslevé, et nourry par un sein oncle maternel nommé Iehan Foglian, et mis a la guerre aux premiers ans de sa ieunesse, sous la charge de Paule Vitelli : à celle fin qu'ayant bien profitté en telle discipline, il peust une fois en son temps obtenir quelque honneste ranc, et preeminance à la suitte de ceste vacation. | De notre temps quand Alexandre VI. estoit Pape, Oliverot de Ferme estant demouré ja par plusieurs ans petit garçon, fut nourry par un sien oncle maternel nommé Iehan Foglian, & dez le premier temps de son aage il fut donné à Paul Vitel pour la guerre, affin qu'estant de luy bien apprins, il parvinst à quelque honneste commission & charge de gend'armerie, |
Segment 14 | |||
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Morto di poi Pauolo, militò sotto Vitellozo, suo fratello, et in brevissimo tempo, per esser' ingenioso et de la persona et de l' animo gagliardo, diventò de primi huomini de la sua militia. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Et après la mort du dict Paule, il continua le faict de guerre soubz Vitellot son frère, et en peu de temps à cause de la vivacité de son esprit, force de corps et grandeur de courage, il devint des premiers de sa gensdarmerye. | Paule estant mort il se mit soubz la conduicte de Vitelosse son frere, ou en peu de temps il devint le premier de ses compaignons au faict de la guerre, d'autant qu'il estoit d'un esprit vif, de corps robuste, et de cœur hautain : | Depuis, le seigneur Paule mort, il se mit à suyvre Vitellose frere dudit Paule, soubz lequel il ne demeura gueres, pour estre homme de bon esprit, galant, et dispos de sa personne, à se rendre un des premiers de sa compagnie. | que Paul estant mort il se mit soubz la conduitte de Vitelosse son frere, où en peu de temps il devint le premier de ses compaignons au fait de la guerre, d'autant qu'il estoit d'un esperit vif, de corps robuste & de cueur hautain. |
Segment 15 | |||
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Ma parendoli cosa servile lo stare con altri, pensò con l'aiuto d'alcuni citttadini di Fermo, a quali era più cara la servitù che la libertà de la lor' patria, et con il favor' Vitellesco, d'occupar' Fermo. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Mais à cause qu'il luy sembloit que ce fut chose servile, d'estre subject à aultruy, il délibéra d'envahir la seigneurie de Ferme, avec l'ayde d'aucuns fermans, ausquelz la servitude de leur patrie estoit plus aggréable, que la liberté, et avec la faveur de la maison des Vitelles. | Mais luy semblant une chose servile d'estre soubz un autre, il delibera d'occuper Ferme par l'aide d'aucuns citoyens qui avoient plus chere la servitute que la liberte de leur païs, et avec la faveur de Vitelosse. | Mais luy semblant estre chose trop basse, et serville, que vivre touiours soubz la soude d'autruy, delibera, avecques l'aide d'aucuns citadins de Ferme (auquelz la servituté de leur patrie estoit plus agreable que la liberté) et moyennant le support des Vitelles, surprendre, et occuper ceste ville. | Mais luy semblant une chose servile d'estre souz un autre, il delibera d'occuper Ferme à l'ayde d'aucuns citoyens qui avoient plus chere la servitude que la liberté de leur païs & ce avec la faveur de Vitelosse : |
Segment 16 | |||
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Et scrisse a Giovan' Fogliani come, essendo stato più anni fuor' di casa, voleva venir' a veder' lui et la sua Città, et in qualche parte riconoscere il suo patrimonio; et perche non s' era affaticato per altro che per acquistar' honore, accioche i suoi Cittadinì vedessino come non haveva speso il tempo invano, voleva venir' honorevolemente et accompagnato da cento cavagli di suoi amici et servidori, et pregavalo che fusse contento ordinare che da Firmani fusse ricevuto honoratamente, il che non solamente truovava honore a lui, ma a se proprio, essendo suo allievo. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Aumoyen de quoy il controuva la subtilité d'escrire à Jehan Fouillan son oncle, disant que pour avoir esté si longuement hors de sa maison il avoit grand désir de le venir veoir, ensemble sa cité, et de reveoir son patrimoyne, et de recongnoistre ses amyz, et à cause qu'il ne s'estoit en toute sa vie travaillé sinon pour acquérir honneur, pour aussy donner à congnoistre à ses citoyens qu'il n'avoit pas en vain consumé sa jeunesse, il adjouxta qu'il y vouloit venir honorablement accompaigné de cent chevaulx de ses amyz et serviteurs, le priant qu'il luy pleust faire tant envers les Fermans qu'ilz le receussent honorablement. Laquelle chose ne redonderoit pas seullement à son honneur, mais à la gloire de luy, duquel il s'estimoit estre filz et nourriture. | Ainsi fit sçavoir a son oncle Foglian comme il avoit envie de le venir voir, et sa ville aussi, pource qu'il avoit este fort lontemps dehors, et qu'il vouloit recongnoistre quelque partie de son patrimoine. Et d'autant qu'il ne s'estoit mis en peine pour autre chose, que pour aquerir honneur, affin que ses citoyens connussent qu'il n'avoit point mal emploie son temps, il y vouloit venir honnorablement acompaigne de cent chevaux de ses amis et serviteurs, le priant que fust son bon plaisir d'ordonner que ceux de Ferme le receussent magnifiquement. Ce qui netoit pas seulement gloire a soy, mais a luy mesme, duquel il estoit le nourrisson. | Et de fait il escrivit une lettre à son dit oncle Iehan Foglian, comme ayant demeuré longtemps hors son païs, il luy estoit venu envie d'aller à Ferme pour le visiter et recongnoistre un peu son bien et patrimoine. Et parautant qu'il ne s'estoit point en sa ieunesse travaillé d'acquerir autre chose, que l'honneur afin que ceux de Ferme congneussent son temps n'avoir point esté mal employé, il y vouloit bien entrer le plus honorablement, que faire se pourroit, accompagné de cent chevaux de ses amis et serviteurs : le priant qu'il luy pleust pourvoir à ce, qu'on vint au devant de lui en honneste equipage : remonstrant d'advantage, que cela ne reviendroit seullement à son honneur, mais aussi de luy l'avoit nourry. | Ainsi fit savoir à son oncle Foglian comme il avoit envie de le venir voir, & la ville aussi, pource qu'il avoit esté fort long temps dehors, & qu'il vouloit reconnoistre quelque partie de son patrimoine. Et d'autant qu'il ne s'estoit miz en peine pour autre chose, que pour acquerir honneur, affin que ses citoyens conneussent qu'il n'avoit point mal employé son temps, il y vouloit venir honnorablement accompaigné de cent chevaux de ses amys & serviteurs, le priant que fut son bon plaisir d'ordonner que ceux de Ferme le receussent magnificquement. Ce qui n'etoit pas seulement gloire à soy, mais à luy mesme, duquel il estoit le nourrisson. |
Segment 17 | |||
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Non mancò per tanto Gíovani d'alcuno officio debito verso il nipote, et, fattolo ricever' honoratamente da Firmani, alloggiò ne le case sue ; dove, passato alcun' giorno et atteso a ordinar' quello che alla sua futura scelerateza era necessario, fece un' convito solennissimo, dove invitò Giovan' Fogliani et tutti li primi huomini di Fermo. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Sur ces nouvelles ledict Fouillan feit très bien son debvoir envers son nepveu, tellement qu'à son entrée il fut honoré des Fermans, et fut acompaigné d'eulx jusques en sa maison. Où après quelque peu de jours, et qu'il eust donné ordre à se pourveoir de toutes choses appartenantes à sa meschanceté et malheurese entreprinse, il feit un banquet solennel où il convia Jehan Fouillan, et tous les principaultz citoyens de la ville de Ferme. | A ceste cause l'oncle ne laissa point, et ne faillist a faire son devoir envers son neveu. Et laiant fait recevoir honorablement de ceux de Ferme, il le logea en sa maison, ou apres aucuns iours passez Oliverot aiant donne ordre a ce qui estoit besoin a sa mechancete pourpensee, il fit un festin fort solennel, auquel il pria son oncle, et les principaux du païs : | Parquoy Messere Iehan ne feit aucune faute de devoir envers son neveu, et luy feit user par ceux de la ville d'un fort brave, et honorable accueil, le menant descendre, et loger en sa maison, ou il passa quelques iours, faisant ce pendant ses apprestz de ce, qui estoit necessaire à l'expedition de la trahison, qu'il avoit machinée : pour laquelle mieux executer, il dressa un festin merveilleusement solennel, ou il convia son oncle, avecques tous les plus apparans personnages de Ferme. | A cette cause l'oncle ne faillist à faire ce devoir envers son neveu. Et l'ayant fait recevoir honnorablement par ceux de Ferme, il le logea en sa maison : où aprez quelques iours Oliverot ayant donné ordre à ce qui estoit besoing à sa meschanceté pourpensée, il fit un festin fort solennel, auquel il pria son oncle & les principaux du païs : |
Segment 18 | |||
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Et havuto che hebbero fine le vivande et tutti li altri intrattenimenti che in simili conviti si fanno, Oliveroto ad arte mosse certi ragionamenti gravi, parlando de la grandeza di Papa Alessandro et di Cesare suo Figlio et de l' imprese loro, a li quali ragionamenti rispondendo Giovani et gl'altri, egli a un' tratto si rizò, dicendo quelle esser' cose da parlarne in più secreto luogo, et ritirosi in una camera dove Giovani et tutti gli altri Cittadini gli andorono drieto. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Auquel après que l'on eust desservy et parachevé tous les aultres entretenemens qui se font en es grandz bancquetz, Olyverot d'une malice et cautelle expressément forgée, commença à parler des affaires d'importance, de la grandeur de pape Alexandre, et de César Borgia son filz, et de leurs entreprinses. Ausquelz propos quand Jehan Fouillan et les aultres conviez eurent respondu, tout à coup, il se leva de table, disant que de telz propos il ne falloit déviser sinon en lieu secret. Si se retira dans une chambre où Jehan et les aultres citoyens le suivirent. | et les tables haussees et toutes les autres ioieusetez qui se font vouluntiers en ces magnifiques banquets estant finies Oliverot mit en avant tout expres certains propos d'importance, parlant de la grandesse du Pape Alexandre, et de Borge son filz et de leur entreprises. Son oncle et les autres respondant a ses parolles, luy tout en un instant se leve, disant que c'estoyent matieres desquelles il falloit parler en lieu plus secret, et se retira en une chambre a part, la ou son oncle et tous les autres citoyens le suyvirent | Estans venus sur la fin du repas, et autres menus passetemps dont lon use en telz banquetz, Olivier commença industrieusement mettre en avant certains propos de consequence, parlant de la grandeur de Pape Alexandre, et de son filz le Duc de Valentinois, ensemble de leurs entreprises. A quoy son oncle et les autres entremeslant quelque response, il se meit sur l'instant a soubzrire, disant que c'estoient matieres pour estre devisées en lieu plus secret. Et incontinent se retira en une chambre, ou son oncle, et les assistans luy tindrent compagnie : | & les tables levées & toutes les autres joyeusetez qui se font volontiers en ces magnificques banquetz estant finies, Oliverot mit en avant tout exprez certains propos d'importance, parlant de la grandeur du Pape Alexandre & de Borge son filz & de leur entreprises. Son oncle & les autres respondans à ses parolles, luy tout en un instant se leve, disant que c'estoient matieres desquelles il faloit parler en lieu plus secret, & se retira en une chambre à part, là où son oncle & tous les autres citoyens le suyvirent : |
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Ne prima furon' posti a sedere che de luoghi secreti di quella usciron' soldati che amazoron' Giovanni et tutti gli altri. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Lesquelz ne furent pas si tost assiz que des cachettes de là dedans sortirent plusieurs souldardz armez, qui mirent à mort ledict Fouillan, et tous les aultres citoyens de la ville. | et ne furent pas si tost assis que voila sortir des soldars de quelques lieux caches qui mirent a mort son oncle et tous les autres. | lesquelz ne furent point si tost assis que soudainement quantité de soudars apprestez sortirent de quelques endroitz cachez, qui massacrerent, et mirent à mort en un moment son oncle, et tous ceux de la bande ensemble. | & ne furent pas si tost assiz, que voila sortir des soldars de quelques lieux cachez qui mirent à mort son oncle & tous les autres. |
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Doppò il quale homicidio montò Oliverotto a cavallo et corse la terra et assediò nel' palazo il supremo Magistrato, tanto che per paura furon' constretti obedirlo et fermar' un' governo del' quale si fece Principe; et morti tutti quelli che per esser' mal'contenti lo potevano offendere, si corroborò con nuovi ordini civili et militari in modo che, in spatio d'uno anno che tenne il Principato, non solamente lui era securo ne la Città di Fermo, ma era diventato formidabil' a tutti li suoi vicini. | |||
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Après lequel homicide Olyverot monta à cheval, et ayant couru et saccagé la ville assiégea le souverain magistrat dans le palais, tellement que par crainte ilz furent contraictz de luy obéyr, et reformer ung nouveau gouvernement duquel il se feit prince. Et après avoir faict mourir tous ceulx, qui par mescontentement luy pouvoient nuyre, se conferma en son estat par nouvelles ordonnances et nouveaux statuz, tant pour la paix que pour la guerre. Si feit si bien son cas, qu'en espace d'un an, qu'il tint la principaulté, non seullement il estoit seigneur paisible de sa cité de Ferme, mais, qui plus est, craint et redoubté de ses voisins, | Apres ce meurtre la il monte a cheval, et courut tout le païs assiegant le lieutenant general au Palais, si bien que ceux de Ferme furent contrains par peur de luy obeir, et d'arrester un gouvernement duquel il se fit chef. Aiant aussi faict mourir tous ceux qui pour estre malcontens de cela lui pouvoient nuire, il se fortifia si bien par nouvelles façons tant pour la pais que pour la guerre, qu'en moins d'un an qu'il fust seigneur de Ferme non seulement il y estoit seur et ferme, mais encores il s'estoit eleve iusques la que ses voisins devoient avoir peur de luy : | Ce meurtre executé, Olivier monte à cheval suyvi de ses complices, vous ravage, et court toute la ville, assiege le souverain magistrat dans le palais : tellement qu'un chacun fut contraint luy faire obeissance. Ce fait il establit un gouvernement politicq', duquel il se feit souverain. Et apres avoir depesché tous ceux, qui pour en estre mal contans luy pouvoient aucunement nuyre, il consolida son estat par ordonnances, tant civilles, que militaires : en si bonne fortune, qu'en moins d'un an, qu'il tint la seigneurie, non seullement estoit en asseurance dans la Cité de Ferme, mais faisoit desia craindre son nom à tous ses voisins. | Aprez ce meurtre il monta à cheval, & courut tout le païs assiegeant le lieutenant general au Palais, si bien que ceux de Ferme furent contrains par paour de luy obeir, & d'arrester un gouvernement duquel il se fit chef. Ayant aussi fait mourir tous ceux qui pour estre malcontens de cela luy pouoient nuire, il se fortifia si bien par nouvelles façons tant pour la paix que pour la guerre, qu'en moins d'un an qu'il fut seigneur de Ferme, non seulement il y estoit sur & ferme, mais encores il s'estoit elevé iusques là, que ses voisins devoient avoir crainte de luy. |
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Et sarebbe stata la sua espugnatione difficile, come quella di Agatocle, se non si fusse lasciato ingannar' da Cesar' Borgia, quando a Sinigaglia, come di sopra si disse, prese gli Orsini,et Vitelli, dove, preso ancor' lui un' anno doppo el comesso partricidio, fù insieme con Vitellozo (el quale haveva havuto maestro de le virtù et scelerateze sue) strangolato. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
et eust esté chose mal aisé et forte à le vaincre, comme il fut d'Agatocles, s'il ne se fut laissé tromper par César Borgia, quand par cautelle et grande ruze il saisist au corps les Ursins et les Vitelles à Sénégaille, où de malheur Olyverot fut prins avec eulx, un an après le paricide par luy commys, et fut estranglé avec Vitellozzo Vitelli, qui avoit esté son maistre d'escolle en ces beaux tours de passe passe. | Pour lequel surprendre, aussi bien qu'Agatocle, il y eust eu de l'affaire n'eust este qu'il se laissa tromper de Borge, quand il prist les Ursins et Vitelles a Senegagle (comme nous avons desia dict dessus) la ou il fust aussi pris un an apres avoir massacre son oncle et faict le coup et fut ensemble avec Vitelosse (lequel il avoit eu maistre de ses vices et vertuz) estrangle et deffaict. | Et eust esté aussi fort à rompre, qu'Agathocles, s'il ne se fut point ainsi laissé tromper au Duc de Valentinois, lors qu'il le feit prendre à Synigallia, comme nous avons cy dessus racompté, avec les Ursins, et les Vitelles : auquel lieu un an apres sa commise meschanseté, ledit Olivier fust pendu, et estranglé, avecques Vitellose, soubz lequel il avoit fait l'apprentisage de ses vertus, et vicieuses complexions. | Pour lequel surprendre, aussi bien qu'Agatocle, il y eust eu de l'affaire n'eust esté qu'il se laissa tromper de Borge, quand il print les Ursins & Vitelles à Senegagle (comme nous avons desia dit dessus) là où il fut aussi prins un an aprez avoir massacré son oncle & faict le coup, & fut ensemble avec Vitelosse (lequel il avoit eu maistre de ses vices & vertuz) estranglé & deffait. |
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Potrebbe alcun' dubitare donde nascesse che Agatocle, et alcun' simile, doppò infiniti tradimenti et crudeltà, potette viver' longamente sicuro ne la sua patria et difendersi dagli nimici esterni, et da suoi Citttadini non gli fù mai conspirato contra: con cio sia che molti altri, mediante la crudeltà, non habbin' mai possuto ancor' ne tempi pacifici mantenere lo stato, non che ne tempi dubiosi di guerra ? | |||
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Icy quelcun me pourroit demander la cause dont il advint qu'Agatocles, et ses semblables, après avoir commys innumérables trahisons et cruaultez ont sçeu vivre longuement asseurez en leurs estatz, et se deffendre des ennemyz estrangiers, mesme que les citoyens n'ayent revolté ny esmeu aucune conjuration oculte pour les occire, veu que plusieurs aultres pour raison de leur cruaulté ne peurent jamais, ancor que ce ne fust en temps de paix, se maintenir en estat, et ancores moins en temps de guerre. | Quelcun pourroit douter d'ou venoit cela qu'Agatocle et autres semblables apres infinies trahisons et cruaultez pouvoyent vivre lontemps seurement en leur païs, et qui plus est se pouvoyent defendre des ennemis estrangers, sans que leurs citoyens se bandassent a l'encontre d'eux : veu que plusieurs autres a cause de leur cruaulte n'ont iamais peu maintenir leur estatz, mesme en temps de pais, tant s'en faut que ce fust au temps douteux de le guerre. | Quelqu'un se pourroit esmerveiller, dont proceda qu'Agathocles, et quelque autre son semblable, et aussi homme de bien que luy, apres infinies trahisons, et cruautez à peu vivre si longuement en seureté au meilleu de son païs, et se defendre tant bien de ses ennemis estrangers, sans qu'aucuns de ses subietz ayent oncq conspiré à l'encontre de luy : veu que plusieurs autres pour avoir esté cruelz, n'ont peu conserver en temps de paix leurs principautez : tant s'en faut qu'ilz l'eussent peu faire en saison troublée de guerre. | Quelqu'un pourroit douter d'où procedoit cela qu'Agatocle & autres semblables aprez infinies trahisons & cruautez pouoient vivre longtemps surement en leur païs, & qui plus est, se pouoient defendre des ennemis estrangers, sans que leurs citoyens se bandassent a l'encontre d'eux : veu que plusieurs autres à cause de leur cruauté n'ont iamais pu maintenir leur estatz, mesmes en temps de paix tant s'en faut que ce fust au temps douteux de la guerre. |
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Credo che questo avvenga da le crudeltà male o bene usate; | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Pour résolution de ce doubte, je croy que ceste différence advient selon que les cruaultez sont bien ou mal usées. | Ie croy certainement que cela vienne de la cruaulte bien ou mal emploiee : | Ie croy que cela provient selon, que les cruautez sont, mal ou bien exercées. | Ie croy certainement que cela vienne de la cruauté bien ou mal employée : |
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ben' usate si posson' chiamar' quelle (se del' male è lecito dir' bene) che si fanno una sol' volta per necessità de l' assicurarsi, et di poi non vi s' insiste drento, ma si convertiscono in più utilità de sudditi che si può. | |||
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J'appelle une cruauté bien usée, si d'un grand mal on peult bien dire, quand on la faict une seulle foys quasi par contraincte, pour s'asseurer des ennemys et puys on ne si arreste plus, ains on convertit ce meschef le plus qu'on peult à l'utilité des soubjectz. | Or peut on appeller bonne celle cruaulte (si on peut dire y avoir du bien au mal) laquelle s'exerce seulement une fois encores par necessite pour s'asseurer, et puis ne se continue point, mais bien apres se tourne en prouffit des subietz le plus qu'on peut. | Or on les peut estimer bien exercées (s'il est permis dire bien du mal) quand elles se commettent une seulle fois, comme par necessité de s'asseurer, taschant à se mettre hors de plus grand inconvenient : et cela fait que lon n'y persiste plus : mais au contraire l'on s'efforce faire resortir ce mal à l'augmentation, du bien public. | Or peut on appeller bonne celle cruauté (si on peut dire y avoir du bien au mal) laquelle s'exerce seulement une fois, encore par necessité pour s'assurer, & puis ne se continue point, mais bien apres se tourne en proufit des sujetz le plus qu'on peut. |
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Le male usate son' quelle, quali, ancora che da principio sien' poche, crescon' più tosto col' tempo che le si spenghino, | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Les cruaultez mal usées sont celles qui croissent de jour en jour, jafoit que du commencement il semblast que ce ne fust rien. | La mauvaise est celle qui du commencement encores qu'elle soit bien petite croist avec le temps, plus tost qu'elle ne s'abaisse. | Les mal exercées sont celles qui du commencement, encores qu'elles soient petites, croissent plustost avecques le temps qu'elles ne se diminuent. | La mauvaise est celle qui du commencement encore qu'elle soit bien petite croist avec le temps, plustost qu'elle ne s'abbaisse. |
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Coloro che osservaranno quel' primo modo, possono con Dio et con li huomini al' stato suo havere qual'che rimedio, come hebbe Agatocle. Quelli altri è impossibile che si mantenghino. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Ceulx qui garderoient la première sorte de faire cruaulté, peuvent avec la faveur de Dieu et des hommes avoir quelque remède pour se maintenir en estat, comme eust Agatocles. Mais ceux qui observeroient l'aultre, il est impossible qu'ilz se puissent maintenir. | Ceux qui garderont bien cette premiere sorte de cruaulte ilz peuvent avec l'aide de Dieu et des hommes trouver quelque remede, comme eust Agatocle. Quant aux autres, il est imposible qu'ilz se maintiennent. | Ceux qui ont observé ceste premiere mode, pour estre, que moyennant la faveur de Dieu, et des hommes, quelquefois ilz treuvent moyen de s'entretenir. Les autres il est impossible qu'ilz ayent longue durée. | Ceux qui garderont bien cette premiere sorte de cruauté peuvent avec l'ayde de Dieu & des hommes trouver quelque remede, comme eust Agatocle : quant aux autres, il est impossible qu'ils se maintiennent. |
Segment 27 | |||
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Onde è da notare che, nel pigliar' uno stato, debbe l'occupatore d'esso discorrere et far' tutte le crudeltà in un' tratto, et per non havere a ritornarvi ogni dì et per poter', non l'innovando, assicurar' li huomìni et guadagnarseli con benificarli. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Si fault noter qu'à occupper une seigneurie l'occupateur doibt discourir et faire toutes ses cruaultez en ung coup, pour n'avoir occasion d'y retourner tous les jours, au moyen de quoy, ne renouvellant plus ces occisions, il peult appaiser l'indignation des hommes, les asseurer et gaigner leur amytié par libéralité. | Davantage faut sur ceci noter que a surmonter un païs celuy qui l'occupe doit assembler et prattiquer toutes ses cruaultez en un coup, pour n'y retourner point tous les iours, et ne faisant apres rien de nouveau asseurer les hommes, et les gaigner a soy par bienfaictz. | Dequoy il faut noter que parvenant a une souveraineté par les voyes cy dessus declarées, l'occupateur d'icelle doit de premiere entrée expedier toutes les cruautez, qu'il voit estre a faire, pour n'avoir plus l'occasion d'y retourner si souvent : si bien qu'en ne les reïterant plus, ses subietz se puissent par trait de temps apprivoiser avecq luy s'insinuant a l'endroit d'eux par gracieux, et amyables traitemens. | D'avantage faut sur cecy notter qu'a occuper un païs, celuy qui l'occupe doit assembler & pratiquer toutes ses cruautez en un coup, pour n'y retourner point tous les iours, & ne faisant apres rien de nouveau assurer les hommes, & les gaigner à soy par bienfaicts. |
Segment 28 | |||
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Chi fa altrimenti, o per timidità o per mal' consiglio, è sempre necessitato tenere el coltello in mano ne mai si può fondare sopra i suoi sudditi, non si potendo quelli, per le continue et fresche ingiurie, assicurar' di lui. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Celuy qui aultrement se gouverne, ou pour une suspeçon naturelle de tout le monde, ou pour estre mal conseillé, est tousjours contrainct de tenir le cousteau en la main, et ne se peult fyer en ses subjectz, acause aussy qu'ilz ne se peuvent asseurer ny contenter de luy, voyant les continuelles injures qu'il leur faict de jour en jour. | Qui se gouvernera autrement ou par crainte, ou par mauvais conseil, il sera contrainct de tenir tousiours le couteau en la main, et ne se pourra iamais bien fonder sur ses suies eux ne se pouvant pour les continuelles et fraiches iniures asseurer de luy. | Qui fait autrement incité d'une folle timidité, ou mauvais conseil, sera tousiours contraint d'avoir le cousteau en la main, ny ne plantera iamais la racine de son regne dans le coeur du Peuple : lequel demeurera en perpetuelle crainte, et tremeur pour les continuelles iniures, et tyrannises, qu'il souffre soubz un tel Prince. | Qui se gouvernera autrement ou par crainte, ou par mauvais conseil, il sera contraint de tenir tousiours le couteau en la main, & ne se pourra iamais bien fonder sur ses sujetz, eux ne se pouant pour les continuelles & fraiches iniures confier en luy. |
Segment 29 | |||
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Perche l' ingiurie si debbon' far' tutte insieme, accioche, assaporandosi meno, offendin' meno; i beneficij si debbon' far' a poco a poco, accio che si àsaporin' meglio. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Et est à noter que qui veult faire injure à aultruy, les doibt faire toutes ensemble, affin qu'elles facent moindre l'offense, d'autant que moins et rarement on les gouste : et qui veult faire beaucoup de biens à aultruy les doibt faire peu à peu, affin que mieulx et plus souvent on les puisse savourer. | Car il faut faire le mal tout ensemble, afin que moins le goutant il semble moins amer. Le bien petit a petit, afin que on le savoure mieux. | Car les offenses se doivent commettre ensemble tout a un coup, a celle fin qu'estans moins souvent senties, elles irritent moins aussi. Et faut au rebours faire les plaisirs peu a peu, pour plusieurs fois les iterant en imprimer mieux la saveur dans le courage de ceux, que tu gratifies. | Car il faut faire le mal tout ensemble, afin que moins le goustant il semble moins amer : le bien petit à petit, afin qu'on le savoure mieux. |
Segment 30 | |||
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Et deve sopra tutto un' Principe viver' con li suoi sudditi in modo che nessuno accidente o di male o di bene lo habbia a far' variar'; perche, venendo per li tempi adversi la necessità, tù non sei a tempo al' male, et il ben' che tù fai non ti giova perche è giudicato forzato, et non grado alcuno ne riporti. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Ung prince aussy doibt sur toutes choses vivre avec ses subjectz en telle sorte qu'aulcun accident, bon ou mauvais qu'il soit, ne le face varier : pource que si en quelque adversité de guerre, ou conjuration ou aultre mauvais temps la nécessité te surprend il n'est plus heure de faire aucune cruaulté pour s'asseurer, et pareillement si tu veulx user de libéralité, et procedder par amour à bien faire, cela ne te sert de rien à cause que le bien que tu pourroys faire, est estimé faict par contrainte et simulation, tellement que personne ne t'en sçait bon grè. | Outreplus doit sur toutes choses un Prince vivre avec ses subiectz en sorte que nul accident ou de bien ou de mal le face changer. Car si la necessite vient durant le mauvais temps il n'est pas question de faire mal, si tu fais du bien on ne t'en sçaura point de gre : pource que on l'estimera estre contrainct et ne te proffitera rien. | Sur tout un Prince se doit gouverner envers ses hommes par telle façon, que nulle bonne ou mauvaise fortune le face varier : parce que si tu es un coup assailli de quelque adversité, la saison n'est pas propre à la cruauté, et a iouer du mauvais. Et quand tu voudras contrefaire le doux, et humain, ton peuple ne t'en sçaura aucun gré, congnoissant que tu ne le fais que par contraincte. | Outre plus doibt sur toutes choses un Prince vivre avec ses sujets en sorte que nul accident ou de bien ou de mal le fasse changer. Car si la necessité vient durant le mauvais temps, il n'est pas question de faire mal, si tu fais du bien on ne t'en saura point de gré : pource qu'on l'estimera estre forcé & ne te proufitera point. |