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De principati nuovi che con le proprie armi et Virtù s'acquistano. Cap .VI. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Des principautés nouvelles qui s'acquièrent par armes propres et par vertu. Chapitre VI | Des principautéz nouvelles qui s'acquierent par les propres armes et vertuz Chap. 6. | Des nouvelles principautez, qui s'acquierent avec la propre force, et vertu. Chapitre VI. | Des principautez nouvelles qui s'acquierent par les propres armes & vertu. Chap. 6. |
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Non si maravigli alcuno se nel' parlar' ch' io farò de Principati al tutto nuovi et di Principe et di Stato io addurrò grandissimi essempi. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Je ne veulx que aucun s'émerveille, si pour traicter des principaultez du tout nouvellement conquises, j'admeneray tresgrandz exemples de grandz princes et grans estatz. | Que nul s'emerveille si parlant des principautez nouvelles, et du Prince, et de ses estatz, i'allegue de tresgrands exemples. | Il ne se trouvera point estrange, si en parlant des nouvelles Seigneuries, des Princes, et autres affaires d'estat, ie metz en avant de grans et excellans exemples. | Que nul s'esmerveille si parlant des Principautez nouvelles, & du Prince, & de ses estats, i'allegue de tres-grands exemples. |
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Perche, caminando li huomini quasi sempre per le vie battute da altri et procedendo nelle attioni loro con le imitationi, ne si potendo le vie d'altri al tutto tenere, ne a la Virtù di quelli che tu imiti aggiugnere, debbe uno huomo prudente entrare sempre per vie battute da huomini grandi et quelli che sono stati eccellentissimi imitare, accioche se la sua Virtù non v'arriva, almeno ne renda qualche odore, | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Et ce pour cause que les hommes en cheminant communément par les voyes batues par aultruy, et procédant en tous leurs faicts seullement par imitation, ne peuvent tenir entièrement les manières de faire daultruy, ny aussi parvenir au comble de la vertu de ceulx que l'on ensuyt, parquoy l'homme prudent doibt toujours entrer en l'imitation des choses faictes par les grands hommes, et n'ensuyvre jamais aultres, que ceulx qui ont esté très excellentz, à celle fin que si jusques à la pareille et esgale vertu il ne peult arriver, aumoins il en retienne quelque ressemblence en ses gestes | Car d'autant que les hommes marchent quasi tousiours par les chemins fraiez des autres, se gouvernant en leurs faictz par imitation, puis qu'ilz ne peuvent en toutes choses tenir le vray sentier des premiers, ny atteindre la vertu de ceux qu'ilz imitent : un homme sage doit suyvre tousiours les voyes tracees de grands personnages, ensuyvant ceux qui ont este tresexcellens, afin que si leur vertu n'y peut advenir, au moins quelle en approche, | Parautant que les hommes en leurs progrès suyvent presque tousiours le trac, et chemin batu d'autruy : et voulans faire quelque bon oeuvre, ilz se conforment volontiers au patron, et imitation de quelqu'un. Toutesfois n'estant possible tenir du tout si exactement la voye de celuy, qu'on veut suyvre, n'atteindre parfaittement à la vertu de qui on desire estre semblable, l'homme prudent se doit tousiours proposer devant les yeux pour exemple les actions des grans personnages, qui ont excellé en l'execution des affaires, qu'il veut entreprendre. A celle fin que si sa vertu, et possibilité ne parvient à telle perfection, pour le moins elles en puissent approcher de quelque chose. | Car d'autant que les hommes marchent quasi tousiours par les chemins frayez des autres, se gouvernant en leurs faicts par imitation, puis qu'ils ne peuvent en toutes choses tenir le vray sentier des premiers, ny atteindre la vertu de ceux que ils ensuivent l'homme prudent doit suivre tousiours les voyez tracées par de grands personnages, imitant ceux qui ont esté tres-excellens : afin que si leur vertu n'y peut avenir, aumoins qu'elle en approche, |
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et far' come li Arcieri prudenti a quali parendo il luoco dove disegnano ferire troppo lontano, et conoscendo fino a quanto arriva la Virtù de loro arco, pongon' la mira assai più alto ch' il luoco destinato, non per aggiungnere con la lor' forza o freccia a tanta alteza, ma per potere con l'aiuto di sì alta mira pervenire al disegno loro. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
et en cela qu'il face comme les bons arbalestriers. Lesquelz saichans la portée de leur arc quand ilz congnoissent la butte où ilz tirent, estre trop esloignée prennent leur visée plus haulte de beaucoup, que n'est le blanc, non pas pour toucher avec leur flesche jusqu'à celle haulteur, mais pour parvenir à leur dessaing par le moyen de si haulte visée. | a l'exemple des bons archiers, ausquelz si le blanc qu'ilz veulent frapper semble trop loing, congnoissans la portee de leur arc, ilz preignent leur visee beaucoup plus hault que le lieu destine, non pas pour ioindre, ou de leur force ou de leur flesche a si grande haulteur : mais pour pouvoir avecques l'aide de si haulte mire et adresse parvenir a leur dessein. | Et faire comme les sages archers, lesquelz advisans l'endroit, ou ilz veulent tirer, estre un peu trop esloigné d'eux, et cognoissans combien de pas la force de leur arc peut porter, prennent leur visée un peu plus haute, que le point ou ilz tendent : nompas pour eslever leur coup de flesche iusques a ceste hauteur, mais affin qu'ilz puissent soubz la proportion, et conduite de si haute visée, donner dans le but qu'ilz desirent. | à l'exemple des bons archiers, ausquels si le blanc qu'ils veulent frapper semble trop loing (connoissans la portée de leur arc) ils prennent leur visée beaucoup plus hault que le lieu destiné, non pas pour ioindre, ou de leur force ou de leur flesche a si grande hauteur : mais pour pouoir avec l'ayde de si haute mire & adresse parvenir a leur dessein. |
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Dico adunque che ne Principati in tutto nuovi, dove sia un' nuovo Principe, si truova più et meno difficultà mantenerli secondo che più o meno virtuoso è colui che gli acquista. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Parquoy je diz que es principatz du tout nouveaux, où il y a quelque nouveau prince, l'on treuve plus et moins de difficulté selon la grande ou petite vertu du conquérant, | Ie di doncques que touchant les principautez qui sont du tout nouvelles, il se trouve plus ou moins de difficulte selon que plus ou moins est vertueux celuy qui les acquiert. | Par ainsi ie veux dire, qu'es principautez entierement nouvelles par un homme de bas estat acquises, il se treuve plus, ou moins de difficulté à les conserver, selon que les qualitez de l'acquereur sont plus ou moins vertueuses. | Ie dy donc que touchant les Principautez qui sont du tout nouvelles, il se trouve plus ou moins de difficulté selon que plus ou moins est vertueux celuy qui les acquiert. |
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Et perche questo evento di diventar' di privato Principe presuppone o Virtù o Fortuna, pare che l'una o l'altra di queste due cose mitighino in parte molte difficultà. Nondimanco colui che è stato manco in su la Fortuna s'e mantenuto più. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
et pource qu'en tel événement quand un homme d'estat privé devient prince fault présupposer ou vertu ou fortune, il semble que l'une et l'autre de ces deux choses, cache et faict doulcement couler en partie plusieurs difficultez qui luy pourroient estre advenues. Touttefoys je treuve que celuy qui plus par vertu que par fortune a conduict ses entreprinses, s'est maintenu plus longuement en estat. | Et pource que cet aventure de simple homme devenir Prince emporte ou vertu ou fortune, il semble que l'un et l'autre de ces deux choses adoulcissent en partie plusieurs difficultez toutesfois celuy qui depend moins de la Fortune se maintient davantage. | Et parce que l'accident de monter d'une condition privée au souverain estat de Prince presuppose une bien rare vertu, ou singulier benefice de fortune, ces deux choses estans en l'acquereur facilisent grandement la conservation du nouvel estat. Celuy toutesfoys, qui s'est le moins arresté sur la fortune, a duré le plus longuement. | Et pource que cette aventure de simple homme devenir Prince emporte ou vertu ou fortune, il semble que l'un & l'autre de ces deux choses adoucissent en partie plusieurs difficultez toutesfois celuy qui depend moins de la fortune se maintient d'avantage. |
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Genera ancora facilita l'esser' il Principe constretto, per non haver' altri stati, venir'vi personalmente ad habitare. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Voilà donc la première facilité qu'il y a à maintenir telz estatz. C'est que chacun redoubte la vertu ou la fortune de ce nouveau prince. L'autre est qu'ung tel prince est contraict d'habiter en personne en son estat, pour n'avoir aultres estatz où il puisse habiter. | Et si le Prince n'a point d'autres païs si bien qu'il soit contrainct d'y venir demourer en personne, cela luy rend encores la conqueste plus aisee. | La necessité aussi, qu'a un tel Prince de tousiours assister personnellement sur les lieux, qu'il a ainsi assubiettis, n'ayant ou demeurer ailleurs, tollist l'occasion à beaucoup de peines. | Et si le Prince n'a point d'autres pays si bien qu'il soit contraint d'y venir demourer en personne, cela luy rend encores la conqueste plus aysée. |
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Ma per venire a quelli che per propria Virtù,et non per Fortuna son' diventati Principi, dico che li più eccellenti sono Moise, Cyro, Romulo, Theseo et simili. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Si laisseray pour le présent à traicter de la fortune, et parleray seullement de ceulx que la vertu par propres armes a faict princes. Dont il me semble que les plus excellens qui jamais ayent esté sont Moyse, Cyrus, Romulus, et Théseus et leurs semblables. | Mais pour venir a ceux la, qui par leurs propres vertus, et non pas de fortune sont devenuz princes, Ie di que les plus excellens par sus tous sont Moïse, Cyre, Romule Thesee, et quelques autres semblables. | Or pour venir au propos de ceux, qui par leur propre vertu, et non par fortune sont devenus Princes. Ie dy que les plus excellans, dont l'on face cas, sont Moyse, Cyrus, Romulus, Theseus, et semblables. | Mais pour venir à ceux qui par leur propre vertu, nompas de fortune sont devenuz princes, Ie dy que les plus excellens par sus tous sont Moyse, Cyre, Romule, Thesée, & quelques autres semblables. |
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Et benche di Moise non si debbe ragionare essendo stato un' mero essecutor' delle cose che li erano ordinate da Dio, pure merita d' esser' admirato solamente per quella gratia che lo faceva degno di parlar' con Dio. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Et combien qu'il semble que nous ne deussions parler de Moyse, à cause qu'il estoit un pur exécuteur des choses que Dieu luy commandoit : touttefoys il mérite d'estre en admiration seullement pour la grâce, qui le rendoit digne de parler avecques Dieu. | Et bien qu'on ne deust point parler de Moïse n'estant qu'un vray executeur des choses ordonnees de Dieu, toutesfois il merite qu'on s'en emerveille ne fusse que pour ceste grace qui le faisoit digne de parler avecques Dieu. | Et encores que la raison empesche de mettre Moyse en ce ranc, lequel a seullement esté un vray executeur des choses que Dieu luy a commandées : Si a il merité d'estre merveilleusement loué pour le simple regard de ceste grace, et faveur qui le rendoient digne de parler, et communiquer avecques Dieu. | Et bien qu'on ne deust point parler de Moyse n'estant qu'un vray executeur des choses ordonnées de Dieu, toutesfois il merite qu'on s'en emerveille, ne fusse que pour cette grace qui le faisoit digne de parler avecques Dieu. |
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Ma considerando Cyro et gli altri che hanno acquistato o fondato regni, si troveranno tutti mirabili; et se si considereranno le attioni et ordini loro particulari, non paranno differenti da quelli di Moise ch' egli hebbe sì gran' precettore. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Mais si l'on considère Cyrus, et les aultres qui ont conquesté, ou fondé nouveaux royaulmes, on les jugera avoir esté admirables en vertu : et si l'on regarde de près à leurs gestes et manières de faire, on les trouvera presque aussi grans que ceulx de Moyse, combien qu'il eust ung si grand précepteur. | Or si nous considerons Cyre, et les autres qui ont esleve ou gaigne des royaumes nous les trouverrons tous merveilleux, et si on advise bien a leurs faictz et manieres particulieres de proceder, ilz ne sembleront pas estre beaucoup differens a celles de Moïse qui eust un si grand maistre. | Mais si nous considerons binen par le menu la vie de Cyrus, ensemble tous les autres conquereurs, et fondateurs de nouveaux Empires, leurs moyens se trouveront admirables : et si lon pese bien les manieres de faire, qu'ilz ont tenuë en leurs particulieres conduittes, on les iugera peu differenrtes de celles de Moyse, qui eut pour guyde un si grand, et souverain precepteur. | Or si nous considerons Cyre, & les autres qui ont elevé ou conquis des royaumes nous les trouverons tous emerveillables, & si on avise bien a leurs faits & manieres particulieres de proceder, ils ne sembleront pas estre beaucoup differens a ceux de Moyse qui eut un si grand maistre. |
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Et esaminando l' attioni et vita loro, non si vedrà che quelli havessino altro da la Fortuna che l' Occasione, la quale dette loro Materia di potervi introdurre quella Forma che a lor' parse; et senza quella Occasione la Virtù dell'animo loro si saria spenta, et senza quella Virtù l'Occasione sarebbe venuta in vano. | |||
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Et en examinant leurs vies, l'on verra qu'ilz ne doibvent tous rien à fortune, et ne prindrent aucune chose d'elle hormis l'occasion d'exécuter leurs entreprinses, laquelle leur donna matière de pouvoir introduire telle forme que bon leur sembla où sans telle occasion, leur vertu eust esté nulle et, sans telle vertu, pareillement l'occasion se fust présentée en vain. | Car pour bien examiner leurs œuvres et vie, on ne trouve point qu'ilz ayent rien eu de la fortune sinon que l'occasion, laquelle leur donna matiere de pouvoir pousser en avant ceste forme de gouvernement qui leur sembla bonne, la ou sans ceste occasion la vertu de leur courage seroit nulle, et sans leur vertu l'occasion se fut presentee en vain. | Car examinant leurs actions, avecques l'entier cours de leurs gestes, l'on ne voirra point, que ilz ayent autre chose de fortune, que l'occasion dont ilz se sont apprestez la matiere d'introduire, et establir la forme, qui bonne leur a semblé : et sans ceste occasion, la vertu de leur courage ne se fut point mise en lumiere : aussi sans la vertu, l'occasion n'eust de rien servi. | Car pour bien examiner leurs euvres & vie, on ne trouve point qu'ils ayent rien eu de la fortune sinon que l'occasion, laquelle leur donna matiere de pouvoir pousser en avant cette forme de gouvernement qui leur sembla bonne, là où sans cette occasion de leur courage seroit nulle, & sans leur vertu l'occasion se fust presentée en vain. |
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Era adunque necessario a Moise trovar' el Populo d'Israel in Egytto stiavo et oppresso dagli Egyttij, accioche quelli, per uscire di servitù, si disponessino a seguirlo. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Il estoit doncques nécessaire pour monstrer la vertu de Moyse, qu'il trouvast en Ægypte, le peuple d'Israël esclave, et opprimé des Ægyptiens, affin que pour sortir de servaige ilz se disposassent de le suyvre, où il luy plairoit les conduires. | Il falloit donc que Moïse trouvast le peuple d'Israël en Egypte, esclave et foule des Egyptiens, afin qu'il se disposast de suyvre Moïse pour sortir de ceste servitute. | Il estoit doncq necessaire à Moyse rencontrer le peuple d'Israël en Egypte soubz la servitude, et captivité des Egyptiens. A celle fin que pour se delivrer de ceste esclave subiection, ilz se deliberassent le suivre comme capitaine. | Il faloit donc que Moyse trouvast le peuple d'Israël en Egypte, esclave & foulé des Egyptiens, afin qu'il se disposast de suivre Moyse pour sortir de sa captivité. |
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Conveniva che Romulo non capesse in Alba, fusse stato esposto al' nascer', suo, a voler' che diventasse Re di Roma et fondator' di quella patria. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Il advint quasi par nécessité que Romulus ne peust demourer en Albe, et fust exposé et jecté au fleuve en sa naissance, pour se faire roy et fondateur de Romme. | Il estoit force que Romule fust impatient de se tenir en Albe, qu'il eut este iecte a la naissance, afin qu'il devint fondateur de Romme et seigneur du païs. | Falloit semblablement que Romulus des le commencement de sa naissance, fust deietté hors la ville d'Albe, et miserablement exposé aux bestes sauvages, pour vouloir qu'apres il devint Roy de Romme, et fondateur de ce grand Empire. | Il estoit force que Romule fust impatient de se tenir en Albe, qu'il eut esté iecté à sa naissance, afin qu'il devinst fondateur de Romme & seigneur du pays. |
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Bisognava che Cyro trovasse i Persi mal'contenti de l' Imperio de Medi, et li Medi molli et effeminati per la longa pace. | |||
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Il estoit pareillement besoing que Cyrus trouvast les Perses malcontentz du gouvernement des Mèdes, et aussy les Mèdes lasches, et effeminez par ung long séjour, pour plus facillement occuper le royaume. | Bon besoing estoit a Cyre de trouver les Perses malcontens de l'empire des Medes, les Medes effeminez par trop longue paix. | Estoit pareillement de besoing a Cyrus, qu'il trouvast les Perses malcontans du superbe traittement des Medes : et aussi les Medes molz et effeminez pour la longue paix. | Bon besoin estoit à Cyre de trouver les Perses malcontens de l'empire des Medes, les Medes effeminez par trop longue paix. |
Segment 14 | |||
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Non poteva Theseo dimostrare la sua Virtù, se non trovava li Atheniesi dispersi. | |||
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Aussy Théseus ne pouvoit bien démonstrer sa vertu s'il n'eust trouvé les Athéniens dispers et égarez en divers lieux, pour les rassembler au vivre de républicque. | Thesee n'eust peu monstrer sa vertu, s'il n'eust rencontre les Atheniens separez. | Ny ne pouvoit Theseus faire preuve de sa vertu, sans les grands troubles, et confusions, qu'il rencontra a Athenes. | Thesée n'eust peu monstrer sa vertu, s'il n'eust rencontré les Atheniens partialisez. |
Segment 15 | |||
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Queste occasioni per tanto fecion' questi huomini felici et l'eccellente Virtù loro fè quella Occasione esser' conosciuta: donde la lor' patria ne fù nobilitata et diventò felicissima. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Partant ces occasions ainsy advenues furent cause de faire telz hommes bien heureux, et pareillement leur grande vertu fut cause que les occasions et accidentz furent cogneuz et renommez, dont leur nation fut anoblie et remplie de toute félicité. | Donc ces occasions ont faict ces hommes renommez, et leur excellente vertu a faict l'occasion estre congneue. De laquelle leur païs fut annobli et bien heureus. | Toutes ces occasions feirent ces personnages heureux, et leur excellente vertu sceut fort bien faire son profist de l'occasion, dont leur patrie fut annoblie, et grandement augmentée. | Donc ces occasions ont rendu ces personnages renommez, & leur excellente vertu a fait l'occasion estre connu : de laquelle leur pays fut annobli & bien heureux. |
Segment 16 | |||
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Quelli i quali per vie Virtuose simil' a costoro diventano Principi, acquistano il principato con difficultà, ma con facilità lo tengono; et le difficultà che hanno ne l'acquistare el principato nascono in parte da nuovi ordini et modi che son' forzati introdurre per fondar' lo stato loro et la loro sicurta. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Ceulx cy doncques qui par si vertueux moyens semblables aux premiers se font princes, conquestent la principaulté à grande difficulté, mais ilz la retiennent avec grande facilité. Les difficultez qu'ilz ont à l'acquérir, naissent en partie des nouveaux ordres et nouvelles coustumes qu'ilz veulent introduire en leur peuple pour fonder et establir seurement leur estat. | Quant a ceux qui par bons moyens et vertueux semblables a ceux que dessus, se gaignent une principaute, ilz l'acquierennt avecques grand'peine, mais apres ilz la tiennent facilement. Et les difficultez qu'ilz ont pour vaincre naissent en partie des nouvelles ordonnances et coustumes qu'ilz sont contrainctz d'introduire, pour bien fonder leur estat en seurete. | Doncques ceux, qui par vertueuse voye parviennent comme les dessusditz, travaillent beaucoup en venir au dessus : mais y estans un coup, il leur est aisé d'y perseverer. Et toutes les difficultez, qu'ilz y ont, naissent en partie des nouvelles formes de loix, et ordonnances, qu'ilz sont forcez d'y introduire pour fonder, et establir leur estat en seureté. | Quant à ceux qui par bons moyens & vertueux semblables aux precedens s'acquierent une Principauté, ilz l'acquierent avecques grande peine, mais apres ilz la maintiennent facilement. Et les difficultez que ils ont pour vaincre naissent en partie des nouvelles ordonnances & coustumes qu'ils sont contraint d'introduire, pour bien fonder leur estat en sureté. |
Segment 17 | |||
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Et debbesi considerare come non è cosa più difficile a trattar' ne più dubia a riuscire ne più pericolosa a maneggiare, che farsi capo ad introdurr' nuovi ordini. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Icy l'on doibt incidemment considérer qu'il n'y a chose plus difficile à manier, ny de plus incertaine yssue, ny plus dangereuse et forte à entretenir que de se faire chef, à introduire en ung peuple quelques nouveaux ordres et statuz. | Car il faut penser qu'il n'y a chose a traicter plus fascheuse, a bien revenir plus doubteuse, ny plus a manier dangereuse, que de se faire le capitaine en chef pour eslever nouveaux gouvernemens : | Car il faut penser, qu'il n'y a chose plus difficile a entreprendre, ne plus douteuse de son issue, ne plus dangereuse a conduire, que se faire chef, et autheur de quelque secte, ou nouveau changement de loix. | Car il fault penser qu'il n'y a chose à traitter plus penible, a bien revenir plus douteuse, ne plus à manier dangereuse, que de soy faire chef a elever nouveaux gouvernemens : |
Segment 18 | |||
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Perche l'introduttor' ha per nimici tutti colloro che degli ordini vecchi fanno bene, ha tiepidi defensori tutti quelli de che gli ordini nuovi farebbon' bene. La qual' tepideza nasce parte per paura de gli aversarij, che hanno le leggi in beneficio loro, parte dalla incredulità de gli huomini, i quali non credono in verita una cosa nuova, se non ne veggono nata esperientia ferma. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Car celuy qui se mect à ce faire, tombe en l'inimitié de tous ceulx qui faisoient leur prouffict des anciens ordres, et n'a pour amys, qui sont touttefoys bien froids, que ceulx qui espérent d'amender des nouveaux ; et ceste froideur et défaillance du cueur des amys, provient en partie de la craincte qu'ilz ont des adversaires qui sont en grand nombre, et ont les loix anciennes pour eulx ; en partie aussy de l'incredulité naturelle des hommes qui ne croient pas aiseement une chose, s'ilz n'en voient certaine expérience. | pource que celuy qui les introduict a pour ennemis tous ceux auquelz les vieilles manieres estoyent proufitables : et pour defenseurs bien tiedes, ceux auquelz les nouvelles sont bonnes. Laquelle tiedeur vient en partie de la peur qu'on a des adversaires qui font les loix a leur proufict, en partie aussi de l'incredulite des hommes, lesquelz ne croyent point veritablement une chose nouvelle s'ilz n'en voyent desia une certaine epreuve. | Parce que l'introducteur a pour ennemis, et contraires tous ceux, qui font leur proffit des vieilles coustumes, et pour froiz suffragans le party de ceux, qui peuvent esperer quelque bien des nouvelles. Laquelle froydeur advient en partie pour la crainte, qu'ilz ont des adversaires, a qui la vieille mode est plaisante, et profitable : partie aussi de l'incredulité des hommes, lesquelz donnent foy bien à tard à une nouvelle opinion, s'ilz ne la voyent premierement confirmée par l'experience de quelque heureux evenement. | pource que celuy qui les introduits a pour ennemys tous ceux ausquelz les vieilles manieres estoyent profitables : & pour defenseurs bien tiedes, ceux auquels les nouvelles sont bonnes. Laquelle tiedeur vient en partie de la paour qu'on ha des adversaires qui font les loix à leur proufit, en partie aussi de l'incredulité des hommes, lesquelz ne croyent point veritablement une chose nouvelle s'ils n'en voyent desia une certaine espreuve. |
Segment 19 | |||
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Donde nasce che qualunche volta quelli che sono nimici hanno occasion' d'assaltare lo fanno partialmente et quegli altri difendono tepidamente: in modo che insieme con loro si periclita. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Dont il advient que touttefois et quantes que les ennemys ont occasion d'assaillir, ilz le font vigoureusement, et ceulx cy ne se deffendent que bien froidement, tellement que tous ensemble sont en bransle et dangier de ruyner. | D'ou vient que toutes et quantes fois que les ennemis ont commodite d'assaillir, ilz le font par menees et partialitez, et les autres se defendent tiedement, en sorte que ensemble avec eux on se met en dangier. | De là prouvient qu'à la premiere commodite qu'ont les ennemis de leur courir sus, ilz le font partiallement, et la defense des autres est si lasche : que le chef, et ses adherans periclitent le plus souvent tous ensemble. | D'ou procede que toutes & quantes fois les enemis ont commodité d'assaillir, ils le font par menées & partialitez, & les autres se defendent tiedement, en sorte que ensemble avec eux on se met en danger. |
Segment 20 | |||
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E necessario per tanto, volendo discorrere ben' questa parte, esaminare se questi innovatori stanno per lor' medesimi o se dependano da altri, cioè se per condurre l'opera loro bisogna che preghino o vero possono forzare. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Il est donc convenable à celuy qui vouldra diligemment discourir ceste partie d'examiner, si ces innovateurs et nouveaux législateurs se fondent sur eulx mesmes, ou s'ilz deppendent daultruy. Sçavoir est s'il leur est besoing de procedder par amour pour faire admettre leurs loix au peuple, ou s'ilz le peuvent contraindre à faire ce qu'il leur plaira. | Si l'on veut donc bien entendre ce poinct, il faut considerer si ceux qui cerchent choses nouvelles peuvent rien d'eux mesmes, ou s'ilz dependent d'autruy, c'est a dire, si pour conduire a chef leur entreprise, il faut qu'il procedent par prieres, ou bien qu'ilz puissent forcer et contraindre. | Parquoy il est necessaire, voulant bien discuter ce passage, examiner si ces innovateurs peuvent subsister d'eux mesmes, ou s'ilz dependent du support d'autruy. C'est à sçavoir si pour accomplir leur entreprise, ilz viennent par supplication, et requeste, ou par le moyen de la vraye force. | Si l'on veut donc bien entendre ce point, il fault considerer si ceux qui cerchent choses nouvelles peuvent rien d'euxmesmes, ou s'ils dependent d'autruy, c'est a dire, si pour conduire à chef leur entreprise, il faut qu'il procedent par prieres, ou bien qu'ils puissent forcer & contraindre. |
Segment 21 | |||
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Nel' primo caso, capitan' sempre male et non conducon' cosa alcuna, ma quando dependon' da loro proprij et posson' forzare, allhora è che rare volte periclitano. Di qui nacque che tutti li Propheti armati vinsono et li disarmati rovinorono. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Au premier cas ilz tumbent en ruine, et ne mettent à fin aucune entreprinse. Au segound et quand ilz se fondent sur eulx mesmes, et qu'ilz peuvent procedder par force, ilz font tenir au peuple tout ce qu'ilz veullent, et n'advient pas souvent qu'ilz encourent aulcun dangier. Et pour ceste raison il advint, que tous les profètes armez et puissans en campaigne furent victorieux, et les désarmez tombèrent en ruine | En premier cas ilz finissent tousiours mal, et ne viennent point a bout. Mais quand ilz dependent d'eux mesmes, et peuvent forcer, alors ilz ne sont pas en grand dangier de perir. De la vient que tous les prophetes bien fortifiez ont este les maistres, et ceux qui n'estoyent bien garniz de forces, furent ruinez. | Au premier cas il n'en reschappe communément gueres leurs bagues sauves. Mais quand ilz n'empruntent rien que d'eux mesmes, et ont la contrainte en la main pour s'en faire croyre, peu de foys les en voyez vous tomber en inconvenient. Et qu'ainsi soit, il appert par la saincte histoire de la Bible, tous les Prophetes qui ont eu puissance de contraindre, estre venus au dessus de leurs reformations. Et les autres, qui n'estoient garnis que de la simple parolle, et predication, avoir esté martirizez et bannis, | En premier cas ils finissent tousiours mal, & ne viennent point a bout. Mais quand ils dependent d'eux-mesmes, & peuvent user de la force, alors ils ne sont pas en grand danger de perir. De la vient que tous les prophetes bien fortifiez ont esté les maistres, & ceux qui n'estoyent bien garniz de forces, furent ruinez. |
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Perche, oltra le cose dette, la natura de populi è varia et è facile a persuadere loro una cosa. Ma è difficile fermarli in quella persuasione. Et però conviene essere ordinato in modo che, quando non credon' più, si possa far' lor' creder' per forza. | |||
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pour ce que oultre les choses susdictes, il y a cecy, que la nature d'un peuple est variable, et combien qu'il soit aisé leur persuader une chose, il est malaisé de les tenir fermes en celle persuasion. Parquoy il convient estre ordonné en telle sorte qu'on leur puisse faire croire par force, quand ilz commenceroient à mescroire. | Car outre les choses dessusdictes la nature du peuple est variable, auquel il est aise de persuader une chose, mais de les arrester en ceste fantasie il y a de l'affaire. Pource il y faut donner si bon ordre, que lors qu'ilz ne croiront plus, on leur puisse faire croire par force. | par ce qu'oultre ce, que i'ay desia dit, la nature du peuple est variable, et fort facile à se persuader du commencement quelque nouvelle doctrine. Mais il est extremement malaisé de l'y arrester, et contenir à perpetuité. Parainsi il est de necessité se fortifier en sorte, que quand ilz cesseront de croire, lon leur face reprendre leur foy par force. | Car outre les choses dessusdictes la nature du peuple est variable, auquel il est aysé de persuader une chose, mais de les arrester en cette fantasie il y a de l'affaire. Pource il y faut donner si bon ordre, que lors qu'ils ne croiront plus, on leur puisse faire croire par force. |
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Moyse, Cyro, Theseo, et Romulo non harebbon' possuto fare osservar' lungamente le lor' constitutioni, se fusseno stati disarmati, come ne nostri tempi intervenne a Frate Girolamo Savonarola, il qual' rovinò ne suoi ordini nuovi, come la moltitudine cominciò a non crederli, et lui non haveva el modo da tener' fermi quelli che havevan' creduto ne a far' creder' i discredenti. | |||
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Moyse, Cyrus, Romulus, Théseus, n'eussent peu longuement faire garder leurs constitutions aux peuples s'ilz eussent esté désarmez. Comme en nostre temps il est advenu à frère Jerosme Savonarola. Lesquel tomba en ruine sur le faict de ces nouveaux statuz, aussy tost que la multitude commenca à ne croire plus à ses parolles. Car il n'avoit le moyen de tenir ferme les croyans, ny de faire croire les mescroyans. | Moïse, Cyre, Thesee, et Romule n'auroyent peu faire si longuement garder leurs constitutions, s'ilz fussent este sans armes : comme de nostre temps advint a frere Hierosme Savanarole, duquel la ruine fut en ses nouveaux changemens, aussi tost que la commune commença de ne le croire plus, veu qu'il n'avoyt pas moyen de retenir ceux qui le croyoient, ny de faire croire ceux qui ne le croyoient point. | Moyse, Cyrus, Romulus, Theseus n'eussent iamais peu faire observer longuement leurs constitutions, si la contrainte de la main armée leur eust defailly, comme en est advenu de nostre temps a frere Hiérosme Savanorola, lequel tomba en ruyne avecques ses nouvelles ceremonies, et inventions, aussi tost que la multitude de Florence commença de n'en tenir plus compte. Car il avoit faute du moyen pour confirmer ceux, qui avoient suyvi son opinion, et ne pouvoit forcer les incredulles à le croire. | Moïse, Cyre, Thesée & Romule n'auroyent peu faire si longuement garder leur establissement, s'ils eussent esté sans armes : comme de nostre temps avint a frere Hierome Savanarole, duquel la ruine fut en ses nouveaux changemens, aussi tost que la commune commença de ne le croire plus, veu qu'il n'avoit pas moyen de retenir ceux qui le croyoient, ne de faire croire ceux qui ne le croyoient point. |
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Però questi tali hanno nel' condursi gran' difficultà et tutti e lor' pericoli son' tra via et convien' che con la Virtù gli superino; | |||
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Partant ceulx cy ont à se conduire grande diffuculté, et tous les dangiers leur viennent emmy la voye, et convient qu'ilz les surmontent par vertu. | Doncques ceux la ont grand peine a se bien conduire, mais tous leurs dangiers sont au milieu, et quasi en chemin : et faut qu'avecques la vertu ilz les surmontent : | Telle sorte de gens veritablement travaille beaucoup à se conduyre : et les dangers qui y sont, ne leur peuvent faillir, s'ilz ne les surmontent par une singuliere vertu, et prudence. | Donques ceux la ont grand peine a se bien conduire, mais tous leurs dangiers sont au mylieu & quasi en chemin : & faut qu'avec la vertu ils les surmontent : |
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ma superati che gli hanno et che cominciano a essere in veneratione, havendo spenti quelli che di sua qualità gli havevano invidia, rimangon' potenti, securi, honorati et felici. | |||
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Mais quand ilz en sont venuz au dessus, et qu'ilz commencent à estre en vénération envers le peuple, après avoir exterminé les envieux de leur vertuz et qualitez, ilz demourent puissans et asseurez, plains d'honneur et félicité. | les ayant surmontez, et commençans d'estre en estime, ayant abbatu ceux de sa qualite qui luy portoyent envie, ilz demeurent puissans en seurete, et bien heureux en honneur. | Mais en estans une fois sortis, et que le monde commance leur porter reverance, apres avoir aboly l'envie d'aucuns de leur equalité, ilz demeurent en puissance, seureté, honneur, et opulence. | les ayant surmontez, & commençans d'estre en estime, ayant abbatu ceux de sa qualité qui luy portoyent envie, ils demeurent puissans en sureté & bien-heureux en honneur. |
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A sì alti essempli io voglio aggiugnere un' essempio minore, ma ben' hara qual'che proportione con quelli, et voglio mi basti per tutti l'altri simili, et questo è Hierone Siracusano. | |||
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Aux exemples si haultz j'en veulx seullement adjouxter ung moindre, qui me suffira pour tous aultres semblables, et aura quelques ressemblance aux premiers, c'est de Hiéron Siracusain. | A si grands exemples i'en adiouteray un autre plus petit, mais qui sera de mesme façon, et qu'il me suffise pour tous les autres semblables. C'est Hieron de Syracuse : | A si hautains et divins exemples i'en veux adioindre un de moindre estofe qui aura toutesfois quelque proportion et semblance avecques ceux cy : et me suffira pour tout les autres faisans a ce propos. C'est du bon Hieron le Siracusain : | A si grands exemples i'en adiouteray un autre plus petit, mais qui sera de mesme façon, & qu'il me suffise pour tous les autres semblables. C'est Hieron de Sarragouse : |
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Costui di privato diventò Principe di Siracusa, ne ancor' lui cognobbe altro da la Fortuna che l' occasione, perche essendo li Siracusani oppressi l'elessono per lor' Capitano donde meritò d' esser' fatto lor' Principe. | |||
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Cestuy cy de homme privé devint prince de Siracuse, et ne recongnut rien de sa fortune, hormis l'occasion de monstrer sa vertu, qui fut telle, que se trouvant les Siracusains oppressez, l'esleurent pour capitaine, enquoy il se porta si vertueusement qu'il mérita d'estre leur prince. | cestuy cy de simple compagnon se feit prince, ne recongnoissant rien de la fortune que l'occasion. Car estant ceux de Syracuse pressez de guerre et d'affaires ilz l'eslevrent pour leur capitaine, depuis il se monstra digne d'estre prince. | Cestuy cy devint de personne privée Roy de Siracuse : dont il ne devoit sçavoir bon gré a fortune, fors que de la simple occasion : parce que les Siracusains estans assaillis l'esleurent pour Capitaine, et depuis parvint a estre leur Prince : | cestuy-cy de simple personne se feit prince, ne reconnoissant rien de la fortune que l'occasion. Car estant ceux de Saragouse pressez de guerre & d'affaires ils l'eleurent leur capitaine, depuis il se monstra digne d'estre prince. |
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Et fù di tanta Virtù ancora in privata Fortuna, che chi ne scrive dice che niente gli mancava a regnare eccetto il Regno. | |||
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Lesquel fut mesme en sa privée fortune, si hault et si éminent en vertu que, comme les autheurs disent, pour régner aucune chose ne luy deffalloit fors un royaulme. | Davantage sa vertu fut si grande quant il estoit en bas estat, que ceux qui en escrivent disent qu'il ne luy failloit autre chose pour estre roy que le royaume. | lequel se monstra homme si vertueux en sa privée fortune, que lon souloit dire de luy, rien ne defaillir en ses qualitez pour regner, qu'un Royaume. | D'avantage sa vertu fut si grande quand il estoit en bas estat, que ceux qui en ecrivent dient qu'il ne luy defailloit autre chose de roy que le royaume. |
Segment 29 | |||
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Costui spense la militia vecchia, ordinò la nuova; lasciò le amicitie antiche prese delle nuove; et come hebbe amicitie et soldati che fusser' suoi, possette insù tal' fondamento edificare ogni edificio, tanto che lui durò assai fatica in acquistare et poca in mantenere. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Il cassa la vieille gensdarmerye, il en ordonna une nouvelle, il laissa les vieulx amys, il en print de nouveaux et si tost qu'il se sentit garny d'amyz et de souldardz qui fussent à luy, il eust puissance de bastir sur telz fondementz toute manière d'édifice et faire tenir ses ordonnances au peuple, tellement qu'il eut grand peine à acquérir et peu de difficulté à maintenir son estat. | Il cassa la vieille gendarmerie, il en crea de nouvelle, laissant les vieilles alliances, il s'accointa d'autres, et s'ayant pratique des amitiez et soldarz qui fussent a luy seul, il peut bien sur un tel fondement eslever tout bastiment : tant y a qu'il eut beaucoup de peine pour s'en emparer, mais point ou peu a s'y maintenir. | Ce vaillant personnage supprima du tout sa vieille gendarmerie, et en erigea de nouvelle, abandonna les anciennes confederations, et en prit de fresches. Si bien que ayant amitiez et soudars de sa facture, il peut depuis bastir sur tel fondement ce que bon luy sembla. Et parainsi il travailla grandement d'acquerir ce que luy fut depuis fort aisé de conserver. | Il cassa la vieille gendarmerie, il en crea de nouvelle, laissant les vieilles alliances, il s'accointa d'autres, & s'ayant pratiqué des amitiez & soldarz qui fussent à luy seul, il peut bien sur un tel fondement elever tout bastiment : tant y a qu'il eut beaucoup de peine pour s'en emparer, mais point ou peu à s'y maintenir. |