Titre | |||
---|---|---|---|
De e principati hereditarii Cap .II. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Des principautez héréditaires. Chapitre II | Des Principautez qui tombent de Pere en Filz. Chap. 2. | Des Seigneuries et Monarchies hereditaires. Chapitre II. | Des Principautez hereditaires. |
Segment 1 | |||
---|---|---|---|
Io lascerò indrieto il ragionare delle Republiche perche altra volta ne ragionai a longo. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Je laisseray pour le présent à traicter la matière des républicques, et ce pour cause que j'en ay faict en autre endroict de bien longs discours, | Ie lairray a parler des communautez, pource qu'autrefois i'en ay discouru tout au long, | Ie lairray en arriere le propos des Republiques, parce qu'en autre endroit i'en ay parlé assez au long, | Ie laisseray en arriere le discours des republiques que i'ay faict autrefois bien ample, |
Segment 2 | |||
---|---|---|---|
Volteromi solo al Principato et andrò nel ritessere queste orditure disopra, disputando come questi Principati si possono governare et mantenere. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
et me tourneray seullement à traicter de la principaulté. Parquoy en résumant les poinctz cy dessus divisez, et quasi retissant les filz de la töele cy dessus par moy commencée, je mettray en avant tous les moyens comment ces principautez se peuvent gouverner et maintenir. | et me tourneray seulement vers le Prince, retissant les proufilures que dessus, et disputeray comme ces principautez se peuvent gouverner et maintenir. | et me delibereray d'escrire seulement des principautez, suyvant le proiet de la precedente division, enseignant comme ces Monarchies se peuvent gouverner, et longuement entretenir en leur estat. | ie me rengeray seulement aux Principautez (en retissant les trames ourdies cy dessus) à disputer par quelle maniere elles se peuvent gouverner & maintenir. |
Segment 3 | |||
---|---|---|---|
Dico adunque che neli stati hereditarij, et assuefatti al' sangue del lor' Principe sono assai minori difficultà a mantenerli che ne nuovi, perche basta solo non trapassar l'ordine de' suoi antenati et di poi temporeggiare con li accidenti; in modo che, se tal' Principe è di ordinaria industria sempre si manterrà ne lo suo stato, se non è una ordinaria et eccessiva forza che ne lo privi; et privato che ne sia, quantunche di sinistro habbia lo occupatore lo r'acquisterà. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Parquoy je diz qu'en tous estatz héréditaires, et qui sont acoustumez au sang de leurs princes, il n'y a pas tant de difficultez à les maintenir, qu'aux nouveaux. Pource qu'il suffit d'ensuyvre les anciennes coustumes de les gouverner, et ne oultrepasser l'ordre de ses predecesseurs, au demourant temporiser, et avec prudence donner remède aux nouveaux accidentz, qui peuvent survenir : tellement que si un tel prince est seullement garny d'une ordinaire, voire bien médiocre vertu et industrie, il se pourra tousjours en son estat aiseement maintenir, si par mésadventure la vertu et force de celuy qui l'en priveroit n'estoit trop roide et excessive. Et quand ores il en seroit privé, combien que l'occupateur luy feust encombreux et senestre, si est ce qu'il aura tousjours quelque moyen de le reconquérir. | Mon opinion est que au regard des estatz de succession accoustumez au sang de leurs Princes, il y a beaucoup moins d'affaire pour les garder, qu'aux nouveaux estatz. Car il suffist seulement, n'outrepasser point le gouvernement de ses predecesseurs : en apres temporiser selon les incidens qui surviendront, de sorte que si ung tel Prince est d'un gouvernement ordinaire, il se maintiendra tousiours en ses estatz, s'il n'y a force excessive qui les luy oste. Et s'il en est dechasse, pour tant soit peu de mauvaise fortune, qui advienne a celuy qui les aura occupez, l'autre les regaignera | Ie dy doncq' qu'il y a beaucoup moindres difficultés a maintenir les païs, et seigneuries hereditaires accoustumées d'obeïr au sang de leur Prince, qu'il n'y a aux nouvellement acquises : parce qu'il suffit seulement au seigneur naturel n'outrepasser les loix, et ordonnances de ses predecesseurs, et temporiser au reste selon les fortunes. De sorte qu'il sera facile a un tel Prince, encores qu'il soit de mediocre esprit, et conduicte, se continuer tousiours en la tranquille possession de ses terres : si ce n'estoit une extraordinaire et excessive force d'ailleurs, qui l'en deboutast. Et bien quil en fust privé, la chance ne sçauroit si peu tourner a lencontre de l'usurpateur nouveau, qu'aysement il n'y retourne. | Ie dy doncques que es estats hereditaires & accoustumez à la race de leurs Princes, y a beaucoup moindre difficulté à les conserver qu'es nouveaux : d'autant qu'il y suffit de ne transgresser & enfraindre l'ordre des ancestres, & apres temporiser selon les cas qui surviendront : de sorte que si un tel Prince est d'industrie ordinaire, il se maintiendra tousiours en son estat, s'il n'y a force extraordinaire & excessive qui l'en prive. Et s'il en est dechassé, par tant soit peu de fortune adverse, qui avienne à celuy qui l'aura occupé, il y rentrera aysement. |
Segment 4 | |||
---|---|---|---|
Noi habbiamo in Italia, per essempio, il Duca di Ferrara, il quale non ha retto agli assalti de Vinetiani nel'LXXXIIII ne a quegli di Papa Iulio nel'X, per altre cagioni che per essere antiquato in quel' Dominio. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Nous avons pour exemple et approbation de ce dessus en Italie veu le Duc de Ferrare, qui a soustenu et repoulsé les assaultz des Vénitiens l'an 1484, et ceulx de pape Jule l'an 1510, laquelle chose luy eut esté quasi impossible, si ledict prince n'eust esté enraciné et par longue succession estably en son estat. | Pour exemple nous avons en Italie le Duc de Ferrare, lequel ne tint iamais bon contre les assaultz des Venitiens, l'an cinq cens quatre vingts et quatre, n'y contre ceulx du Pape Iules, l'an cinq cens quatre vingts et dix, Par autre moyen que pour avoir este de longue main ses ancestres et luy Seigneurs du païs : | Nous en avons en Italie le Duc de Ferrare pour exemple, lequel ne resista aux assaux, et guerres que les Venitians luy firent l'an mil.iiii.c.iiii.xx.iiii. et ceux du Pape Iule l'an m.v.c.x. que par le moyen de l'ancienneté de sa maison en ce Duché. | Pour exemple nous avons en Italie le Duc de Ferrare, lequel ne tint iamais bon contre les assaults des Venitiens, l'an cinq cens quatre vingts & quatre, ny contre ceux du Pape Iules, l'an cinq cens quatre vingts & dix, par autre moyen que d'estre fondé en longue possession de la Seigneurie : |
Segment 5 | |||
---|---|---|---|
Perche il Principe naturale ha minori cagioni et minore necessità di offendere, donde conviene che sia più amato; et se straordinarii vitij non lo fanno odiare e ragionevole che naturalmente sia ben voluto da suoi. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Car le prince naturel a moins d'occasions et n'est si souvent contraict d'offenser aultruy. Donc par droicte raison il convient qu'il soit plus aymé, plus chéry, et bien voulu des siens, si quelques vices insupportables ne le mettent en haine. | pource que le Prince naturel n'a pas tant de causes ny de necessite de grever ses subiectz : doncques il fault qu'il soit plus ayme : Car s'il n'est entache de vices desordonnez, qu'ilz le mettent en haine, la raison veult que naturellement il soit bien voulu, | Car un Prince naturel n'a point tant d'occasions, ne de besoin de rigoureusement traicter ses subietz, que le nouveau, desquelz par consequent est necessaire qu'il soit aymé. Et si ses estranges vices et complexions ne le font bien fort haïr, il sera naturellement tousiours bien voulu des siens, | pource que le Prince naturel n'a pas tant de causes ne de necessité d'offenser ses suiects : dont y a occasion qu'il soit plus aimé : Et si ses vices trop exorbitans ne le mettent en haine de son peuple, raison veult que naturellement il soit bien voulu : |
Segment 6 | |||
---|---|---|---|
Et nell'antichità et continuatione del' Dominio sono spente le memorie et le cagioni de le innovationi, perche sempre una mutatione lascia lo addentellato per la edificatione del'altra. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Pource qu'en l'ancienneté d'une domination bien continuée, les mémoires des injures, qui sont causes des innovations, sont extainctes, ainsy comme par le contraire une nouvelle et soubdaine mutation, laisse tousjours quelque feu couvé et non amorty pour en allumer et édifier une autre. | d'autant que la longueur et continuation de son regne aneantist l'occasion et memoire de toutes nouveautez, a raison qu'un changement laisse quelque attente pour en bastir un autre. | tellement que par le vieil enracinement, et continuation de son regne, les causes et souvenances des changemens demeurent estainctes, parce qu'une fraische, et nouvelle mutation laisse tousiours une attente à l'edification, et entreprise d'une autre. | d'autant que longue continuation d'un regne estaint l'occasion & memoire du remuëment de mesnage, à raison qu'une mutation laisse tousiours une attente pour en rebastir une autre. |