Chapitre 26.

Titre
Eshortatione a liberare la Italia da i Barbari Cap .XXVI.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Conclusion du traicté avec une exhortation pour faire délivrer l'Italie des mains des barbares et estrangiers. Chapitre XXVI Remonstrance pour delivrer l'Italie des Barbares Chap. 26. Exhortation pour delivrer l'Italie de la subiection des Barbares. Chapitre XXVI. Enhortement à delivrer l'Italie des Barbares. Chap. 26.



Segment 1
Considerato adunche tutte le cose di sopra discorse, et pensando meco medesimo sè al presente in Italia correvano tempi da honorare un' Principe nuovo; et sè c'era materia che dessi occasione a uno prudente et virtuoso a introdurvi forma che facesse honore a lui et bene alla università de gli huomini di quella, mi pare concorrino tante cose in beneficio d' uno Principe nuovo, che non sò qual' mai tempo fussi più atto a questo.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Considérant doncques toutes les reigles cy dessus discourues, et pensant en moy mesme si le temps présent pourroit point estre convenable pour récepvoir et honorer ung nouveau prince, et daultre part s'il y avoit assez de matière pour donner occasion à ung saige et vertueux homme d'introduyre quelque forme de principaulté, qui fust à son honneur et au prouffict de toute l'Italie, il me semble qu'il y a tant de choses qui luy porteroient ayde et faveur, qu'à peine seroit il possible de trouver occasion plus grande que le temps présent. Considerant donc a par moy toutes les choses ci dessus discourues, et pensant en moy mesme si de present le temps qui court pourroit estre tel, d'honnorer un Prince nouveau, et s'il y auroit matiere qui donnast occasion a un prudent et vertueux homme d'introduire un gouvernement de principaute nouvelle, qui luy aportast honneur, et prouffit a la communaute des hommes : il me semble qu'il y a tant de choses qui viennent toutes en faveur d'un Prince nouveau, que i'estime onques temps n'avoir este plus propre a cela que cestuy ci. Recapitulant doncques en mon esprit tout ce, que nous avons cy devant discouru, et pensant en moymesmes s'il court point maintenant saison en Italie, pour recevoir et honnorer quelque Prince nouveau, s'il se levoit, et si matiere s'y trouverroit point, qui donnast occasion à un prudent, et vertueux personnage d'introduire une nouvelle forme, laquelle redondast à l'honneur, et gloire de luy, et au bien de l'universel païs. Il me semble que tant de choses y concurrent ce iourd'huy ensemble à l'advantage, et commodité d'un Prince nouveau, que ie fay doubte, qu'il ait iamais esté temps plus propre, que cestuy cy. Considerant donc à par moy toutes les choses cy dessus deduittes, & pensant en moy-mesme si de present le temps qui court pourroit estre tel, d'honnorer un Prince nouveau & s'il y auroit matiere qui donnast occasion à un prudent & vertueux personnage d'introduire un gouvernement de Principauté nouvelle, qui luy apportast honneur & proufit à la communauté des hommes : il me semble qu'il y a tant de choses qui viennent toutes en faveur d'un Prince nouveau, que i'estime onques temps n'avoir esté plus propre à cela que cestuy-cy.



Segment 2
Et se, come io dissi, era necessario, volendo vedere la virtù di Moisè, ch'el Popolo d'Israel fussi schiavo in Egitto, et a conoscere la grandeza et lo animo di Ciro, che i Persi fussero oppressi da Medi, et ad illustrare la eccellentia di Theseo, che gli Atheniesi fussero dispersi;
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Car s'il advint quasi par fatale providence, comme j'ay dict, pour congnoistre la vertu de Moyse que le peuple d'Israel fust esclave en Ægipte, et pareillement pour veoir la grandeur de Cyrus il fallut que les Perses fussent oppressez de la tyrannie des Mèdes, et pour illustrer la vertu et industrie de Théseus que les Athéniens fussent dispertz et esgarez, Or si comme i'ay dict autrefois, il estoit necessaire pour veoir les vertuz de Moïse, que le peuple d'Israël fut esclave en Egypte : pour connoistre la grandeur de Cyre, que les Perses fussent tirannisez des Medes : pour faire aparoir l'excellence de Thesee, que les Atheniens fussent escartez : Et si comme il estoit necessaire, selon que i'ay dit voulant voir la vertu de Moyse, que le peuple d'Israël fust esclave en Egypte : et pour congnoistre la magnanimité de Cyrus que les Perses fussent foullez des Medes : et semblablement pour illustrer l'excellence de Theseus, que les Atheniens se rencontrassent dispersez, et bannis : Or si, comme i'ay dit autrefois, il estoit necessaire pour veoir les vertuz de Moïse, que le peuple d'Israël fust esclave en Egypte : pour connoistre la grandeur de Cyre, que les Perses fussent tyrannisez des Medes : pour faire apparoir l'excellence de Thesée, que les Atheniens fussent escartez :



Segment 3
così al presente, volendo conoscere la virtù d'uno spirito Italiano, era necessario che la Italia si conducesi ne termini presenti, et che la fusse più schiava che gli Hebrei, più serva che i Persi, più dispersa che gli Atheniesi, senza capo, senza ordine, battuta, spogliata, lacera, corsa, et havessi sopportato d'ogni sorte rovine.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
pour ceste mesme raison si l'on vouloit congnoistre la vertu d'ung esprit italien, il semble que par providence divine, l'Italie a esté conduicte à la malheurté des temps présens. Et qu'elle soit plus esclave que les Ebreux, plus serve que les Perses, plus dispersée et esgarée que les Athéniens, sans chef, sans ordre, battue, despouillée, saccagée et affligée et qu'elle aye supporté toute manière de ruyne et cruaulté. ainsi de present pour vouloir connoistre la vertu d'un esprit Italien, il estoit besoing que l'Italie fut conduicte en ces termes auxquelz on la veoit, et qu'elle fust plus subiecte que les Iuifz, plus serve que les Perses, plus separee que les Atheniens, sans chef, sans ordre, batue, dechiree, nue, pillee, bref, qu'elle eust endure toutes sortes de malheuretez. tout ainsi a il esté de besoing, pour mettre maintenant en evidence la vertu d'un esprit Italien, que l'Italie tombast en l'extremité, ou elle est de present : et qu'elle fut plus captive, que les Iuifz ; plus serve, que les Perses : plus dissipée, que les Atheniens, sans chef, sans ordre, battue, saccagée, descouppée, et vollée, ayant souffert toute espece de degast, et destruction. ainsi de present pour vouloir connoistre la vertu d'un esperit Italien, il estoit besoin que l'Italie fust conduitte és termes esquels on la void & qu'elle fust plus suiette que les Iuifs, plus serve que les Perses, plus separée que les Atheniens, sans chef, sans ordre, batue, dechirée, nuë, pillée, bref qu'elle eust enduré toutes sortes de malheurs.



Segment 4
Et benche in fino a quì si sia mostro qualche spiraculo in qualcuno, da poter' iudicare, fusse ordinato da Dio per sua redentione, nientedimanco si è visto come di poi, nel' più alto corso de le attioni sue, è stato da la Fortuna reprobato.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Et jafoit que jusques à présent l'on aye vue quelque estincelle de grande vertu en aucun particulier, pour pouvoir juger que celluy là fust ordonné de Dieu pour la délivrance dicelle, touteffois au plus hault de ses entreprinses la fortune l'a reprouvé, Et bien que iusques a present il se soit monstre quelque petite aparence de pouvoir respirer, par le moyen de quelcun qui fust ordonne de Dieu pour sa delivrance, neantmoins on a veu comme au plus haut cours de ses menees, il a este reprouve, et rechasse de la fortune, En encores que quelque vertueux indice se soit par cy devant descouvert en quelqu'un, que l'aye fait presumer né et envoyé de Dieu, affin de rachapter ceste pouvre, et esclave province : Ce neantmoins lon l'a depuis veu au plus haut cours de ses gestes avoir esté reprouvé, et abandonné de la fortune : Et combien que iusques à present il se soit monstré quelque petite apparence de pouoir respirer, par le moyen de quelqu'un qui fust ordonné de Dieu pour sa delivrance, neanmoins on a veu comme au plus hault cours de ses menées, il a esté reprouvé & rechassé de la fortune,



Segment 5
In modo che, rimasa come senza vita, aspetta qual' possa esser' quello che sani le sue ferite et ponga fine a le direptioni et sacchi di Lombardia, a le espilattioni et taglie de' Reame et di Thoscana, et la guarisca da quelle sue piaghe già per il lungo tempo infistolite.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
en sorte qu'elle est demourée sans vie, et ne faict qu'attendre quelque aultre, qui s'entremette de la guérir de ses playes, qui veuille donner ordre aux larcins et saccagementz de Lombardie, aux expilations et tailles du royaume de Naples et de la Toscane, et la veuille rendre saine et entière des playes qui sont de long temps apostumées. en sorte que demouree quasi morte, elle attend qui pourra estre celuy qui guerisse ses plaies, et mette fin aux pillages et sacagemens de Lombardie, aux maletostes et tailles du royaume de Naples, et de la Tuscane, et referme sainement ces aposteumes, qui ia lon temps sont en fistule. de maniere que ceste miserable region ne luy estant rien demeuré de vigueur, ne de vie, attend iournellement la venue de celuy, qui est destiné pour guerir ses blesseures, et imposer fin aux pillages, et saccagemens de la Lombardie, aux exactions et tailles du Royaume de Naples, et de la Thoscane, et la medicamenter de ses vieilles playes ia parsi long temps enracinées, et infistulées. en sorte que demourée quasi morte, elle attend qui pourra estre celuy qui guerisse ses playes & mette fin aux pillages & sacagements de Lombardie, aux maletostes & tailles du royaume de Naples & de la Tuscane, & reconsolide sainement ces apostumes, qui ja long temps coulent en fistule.



Segment 6
Vedesi come la prega Dio che li mandi qualcuno che la redima da queste crudeltati et insolentie Barbare.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Or l'on veoit bien qu'elle prie Dieu qu'il luy donne secours et luy envoye quelque prince qui la délivre des cruaultés et insolences barbares, Voiez comme elle prie Dieu qu'il luy envoie quelcun qui la rachete de ces cruautez, et tirannies Barbares : Vous voyez comme elle prie Dieu incessamment pour luy envoier homme, qui la retire de ceste barbare insolence, et cruauté. Voyez comme elle prie Dieu qu'il luy envoye quelqu'un qui la rachete de ces cruautez & tirannies Barbares.



Segment 7
Vedesi ancora tutta prona et disposta a seguire una bandiera, pur che ci sia alcuno che la pigli.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
mesmes qu'elle se demonstre encline et disposée à suyvre l'enseigne, pourveu qu'il y ait ung qui la preigne. Voiez aussi comme elle est preste et disposee a suyvre une enseigne, pourveu qu'il s'offre quelcun qui la veille lever. Vous la voyez toute incline et disposée à suyvre une enseigne, pourveu que quelqu'un s'ingerast de la porter : Voyez aussi comme elle est preste & disposée à suivre une enseigne, pourveu qu'il s'offre quelqu'un qui la veuille lever.



Segment 8
Ne si vede al' presente che ella possa sperare altra che la Illustre casa vostra potersi fare capo di questa redentione, sendo questa dalla sua virtù et Fortuna tanto suta esaltata et da Dio et dalla Chiesa, della quale tiene hora il Principato, favorita.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Au demourant il est plus que certain que la pauvre Italie ne peult présentement avoir espérance de salut sinon en vostre noble maison, et n'attend autre chose sinon qu'elle se face chef de ceste si juste entreprinse. Et ce pour cause que par vertu et fortune tout le monde vous veoit estre monté si hault et si favory de Dieu et de l'Église, de laquelle vostre maison tient à présent la principaulté, Or n'a elle point esperance qu'autre maison sinon que la vostre tresexcellente se face chef de ceste delivrance, puis qu'elle est et par ses vertuz et fortunes si haut exaltee et de Dieu, et de l'Eglise, de laquelle elle en tient le gouvernail. Et ne congnoist pour ceste heure de qui elle doive plus esperer, que de vostre tresillustre, et noble maison : laquelle, avec sa vertu, et bonne fortune, favorisée de Dieu, et de l'Eglise (sur qui elle preside) peut bien entreprendre se faire chef de ceste redemption : Or n'a elle point esperance qu'autre maison sinon que la vostre tres-excellente se fasse chef de cette delivrance, puis qu'elle est & par ses vertuz & fortunes si haut exaltée & de Dieu & de l'Eglise, de laquelle elle tient le gouvernail.



Segment 9
Et questo non vi sarà molto difficile, sè vi recherete innanzi le attioni et vite de sopranominati. Et benche quelli huomini siano rari et maravigliosi, nondimeno furno huomini, et hebbe ciascuno di loro minore occasione che la presente, perche l' impresa loro non fù più iusta de questa, ne più facile, ne fù Dio più loro amico che a voi.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
que telle entreprinse ne vous sçauroit estre fort difficile, principallement si vous proposez pour exemple les faictz, et gestes de ceulx qui par cy devant ont esté nommez. Car combien que ces hommes soient rares et esmerveillables, touteffoys ilz furent hommes, et chascun d'eulx eut moindre occasion pour se monstrer vertueux que n'est la présente. Et leur entreprinse ne fut jamais plus raisonnable ny mieulx fondée que ceste cy, ny plus aysée à manier aussy, et Dieu ne leur estoit plus favorable qu'il est à vous et à vostre maison, Cela ne vous sera pas malaise, si vous proposes devant les yeux les faits et vies de ceux que ie vien d'alleguer. Et bien que ces hommes aient este rares, et merveilleux, neantmoins ilz furent hommes, et chacun d'eux eust moindre occasion que ceste ci que vous avez, n'estant point leur entreprise plus iuste, ny plus facile, que ceste ci, et ne leur fut point Dieu plus favorable ou ami, qu'il vous est. chose, qui vous sera fort facile, prenant vostre miroir sur les vies, et operations des dessus nommez. Et bien que ce soient personnages rares, et admirables, si estoient ilz pourtant hommes, et eut un chacun d'eux moindre occasion, que vous n'avez : parce que leur entreprise ne fut point fondee sur meilleure raison, que ceste cy, ne plus aysée, ny n'eurent Dieu pour eux d'advantage que vous. Cela ne vous sera pas malaisé, si vous proposez devant les yeux les faits & vies de ceux que ie vien d'alleguer. Et jaçoit que tels personnages aient esté rares & merveilleux, si furent ils hommes, & chacun d'eux eut moindre occasion que celle que vous avez, n'estant point leur entreprise plus iuste ne plus facile que ceste cy, & ne leur fut point Dieu plus favorable ou amy, qu'il vous est.



Segment 10
Qui è iustitia grande, perche quella guerra è iusta che gli è necessaria, et quelle armi son' pietose dove non si spera in altro che in elle.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
mesmes qu'en cecy il y a grande justice. Car la guerre est alors tresjuste quand elle est prinse par nécessité, et les armes sont alors pitoyablement maniées, quand il n'y a espoir sinon en icelles. Ici connoistra lon la iustice : car ceste guerre est iuste, laquelle est necessaire : et ces armes la sont pitoyables, hors desquelles on n'espere rien. La iustice de ce propos est grande, parautant que la guerre ne peut faillir d'estre estimée iuste, laquelle est necessaire, et les armes sont bonnes, et raisonnables, quand lon ne peut avoir esperance d'ailleurs, que d'elles. Icy connoistra l'on la iustice : car cette guerre est iuste, laquelle est necessaire : & ces armes là sont pitoyables, hors desquelles on n'espere rien.



Segment 11
Qui è dispositione grandissima, ne può esser', dove è grande dispositione, grande difficultà, pur che quella pigli delli ordini di coloro che io vi ho preposto per mira.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
La disposition des peuples est icy tresgrande et n'est pas possible, où la disposition des hommes est bonne, qu'il y ait difficulté à conduyre une entreprinse pourveu que vous ensuyviez les ordres de ceulx que j'ay proposé pour exemple. Ici est une tresgrande ordre et consentement : or ne peut estre que la ou il y a si bon ordre il y ait beaucoup d'affaire, pour le moins si elle retient des gouvernements de ceux que ie vous ay propose pour exemple. Les choses y sont aussi fort bien disposées : et ou est la bonne disposition, à peine y trouverez vous de la difficulté, moyennant que vous conformiez à la conduitte de ceux, que ie vous ay proposez pour patron. Icy est un tres-grand ordre & consentement : or ne peut estre que là où il y a si bon ordre il y ait beaucoup de affaire, pour le moins s'il retient de la conduitte de ceux que ie vous ay proposé pour exemple.



Segment 12
Oltre a questo qui si veggano estraordinarij senza essempio, condotti da Dio. Il mare s' è aperto. Una nube vi ha scorto il camino. La pietrà ha versato l'acque. Qui è piovuto la Manna. Ogni cosa è concorsa nella vostra grandeza.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Oultreplus Dieu vous a extraordinairement aorné de plusieurs grâces admirables, et vous a spécialmente envoyé des choses miraculeuses tellement que la mer, les nuées, l'air, et la terre se sont employez et se mesleront encores pour vous faire plus grand, Outre cela on peut voir des choses extraordinaires que Dieu a parfait en ceste matiere, ce qu'il ne fist iamais en autre : la mer s'est ouverte : une nuee vous a decouvert le chemin : la bonte vous a verse des eaux : il a pleu de la manne : toute chose est convenue a vostre grandeur Outre cela il se treuve des cas en aucuns d'eux qui sont extraordinaires, et sans exemple. Dieu les conduissoit, la mer s'entrouvrit, une nuée leur a enseigné le chemin, la priere de Moyse a miraculeusement fait sortir de l'eau le ciel a pleu la Manne. Toutes ces choses sont recompensées par vostre seulle grandeur, Outre cela on peut voir des choses extraordinaires que Dieu a parfaittes en cette matiere, ce qu'il ne fit iamais en autre : la mer s'est ouverte : une nuë vous a decouvert le chemin : la bonté vous a versé des eaux : il a pleu de la manne : toute chose est convenue à vostre grandeur,



Segment 13
Il rimanente dovete far' voi; Dio non vuole far' ogni cosa per non ci torre il libero arbitrio et parte di quella gloria che tocca a noi.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
pourveu que vous vouliez faire le demourant et y mettre vostre vertu. Dieu ne veult pas tout faire pour ne priver nostre nature du franc arbitre qu'il nous a donné et de ce peu de gloire qui nous appartient. le demourant gist en vous : Dieu ne veut pas entreprendre de faire tout luy mesmes, pour n'oster point le liberal arbitre, et une partie de ceste louenge que nous pouvons avoir. le reste vous le devez executer de vous mesmes. Dieu ne veut pas tout faire, a fin de ne point nous tollir le liberal arbitre, et partie de ceste louange, qui depend de nous. le demourant gist en vous : Dieu ne veut pas entreprendre de faire tout luy-mesmes, pour n'oster point le liberal arbitre & une partie de ceste loüange que nous pouvons avoir.



Segment 14
Et non è maraviglia sè alcun' de prenominati Italiani non ha possuto fare quello che si può sperar' facci la Illustre casa vostra, et se, in tante revolutioni d' Italia et in tanti maneggì di guerra, pare sempre che in quella la virtù militar' sia spenta: perche questo nasce che gli ordini antichi di quella non erano buoni, et non ci è suto alcuno che l'habbi saputo truovare de nuovi.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Si ne sera pas aussy grand merveille, si aucun des dessus nommez n'a sceu faire ce que vostre noble maison fera, comme j'espère, et s'il semble qu'en toutes les revolutions d'Italie, et en tant de maniemens de guerres la vertu militaire soit totallement exstaincte. Car cecy provient à cause que les anciens ordres d'Italie n'estoient bons, et que aucun n'en a sceu inventer daultres plus duysables. Aussi n'est il pas de merveilles si nul des autres Italiens, desquelz nous avons faict mention, n'a peu faire cela, qu'on espere que fera vostre illustre famille : et si en tant de changemens d'Italie et maniemens d'affaires il semble que la vraie façon, et vertu de guerre soit estainte : car cela procede, d'autant que le gouvernement du temps passe n'estoit pas bien ordonne et n'est encores venu personne qui en ait trouve de meilleur. Et n'est point de merveilles, si aucun de noz Italiens, sus mentionnez, n'a peu achever ce, que lon espere se pouvoir mettre à chef par vostre maison, et si en tant de revolutions de l'Italie, et si diverses menées de la guerre, il a tousiours semblé, que la vertu militaire fut estaincte, et anneantie en icelle : attendu que cela procede, d'autant que leur vieille conduitte, et mode de faire ne vallut oncques rien, et ne s'est rencontré personne, qui en ait sçeu inventer de meilleures. Aussi n'est il pas de merveilles si nul des autres Italiens, desquels nous avons fait mention, n'a peu faire cela, qu'on espere que fera vostre illustre famille : & si en tant de changemens d'Italie & maniemens d'affaires il semble que la vraie façon & vertu de guerre soit estainte : car cela procede, d'autant que le gouvernement du temps passé n'estoit pas bien ordonné & n'est encores venu personne qui en ait trouvé de meilleur.



Segment 15
Nessuna cosa fa tanto honore a un' huomo che di nuovo surga, quanto fanno le nuove leggi et li nuovi ordini trovati da lui: queste cose, quando sono ben' fondate et habbino in loro grandeza, lo fanno reverendo et mirabile.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Il n'y a choses qui face tant d'honneur à ung homme qui sourd de nouveau, et se mect au monde, que les nouvelles loix et nouveaux ordres par luy inventez. Lesquelles choses le rendent révéré et admirable, si elles sont bien fondées et pleines de grandeur. Il n'y a chose qui face tant d'honneur a un homme qui nouvellement croist, comme font les nouvelles lois, et bonnes ordonnances inventees de luy : ces choses la quand elles sont bien fondees, et ont une grandeur, luy gaignent une maieste esmerveillable : Il n'y a chose, qui face tant d'honneur a un homme nouvellement parvenu en estat, que font les nouvelles loix, et constitutions par luy mises en avant, lesquelles, si elles sont bien fondées, et qu'elles ayent quelque cas de grand en soy, acquierent a leur autheur une reverence admirable : Il n'y a chose qui cause tant d'honneur à l'homme qui nouvellement croist, comme font les nouvelles loix & bonnes ordonnances par luy inventées. Telles choses quand elles sont bien fondées, & ont une grandeur, luy acquerent une maiesté merveilleuse :



Segment 16
Et in Italia non manca materia da introdurvi ogni forma. Qui è virtù grande ne le membra, quando ella non mancasse ne capi.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Laquelle aptitude d'introduyre toute forme de nouvelles loix est aujourdhuy plus en Italie qu'en lieu du monde. Davantage si vous considérez les particuliers membres dicelle, et pleust à Dieu qu'elle fust semblables aux chefz, capitaines et seigneurs. maintenant en Italie la matiere ne deffaut point d'introduire toute sorte de gouvernement. C'est la ou il y a grande force aux membres, moiennant qu'elle ne faille point au chef : et quant a l'Italie la matiere d'y establir toute nouveauté, n'y est point defaillante. La vertu y est grande aux membres, pourveu qu'elle ne manquast point aux chefz. maintenant en Italie la matiere ne deffaut point d'introduire toute sorte de gouvernement. C'est là où il y a une grande force aux membres, moyennant qu'elle ne faille point au chef :



Segment 17
Specchiatevi nelli duelli et ne i congressi de pochi, quanto li Italiani siano superiori con le forze, con la destreza, con l'ingegno; ma come si viene a li eserciti, non compariscono,
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Considérez les combats singuliers, voyez les escarmouches de peu d'hommes, les expériences de vertu d'ung à ung, et vous congnoistrez combien les Italiens soient supérieurs à tous aultres de force, dextérité, art et subtilité, mais quand ilz font une armée ilz ne font rien qui vaille et sont inférieurs à tous les aultres. prenez exemple aux combats et fais d'armes d'un seul contre un autre, ou de peu contre peu, comment c'est que les Italiens ont du meilleur par force, par adresse, et par leur esprit : mais quand ce vient aux batailles ilz ne comparoissent point, ilz ont du pire. Et qu'ainsi soit considerez un peu es combatz, et escharmouches de peu de gens, combien l'Italien est superieur de force, d'agilité de corps, et d'esprit à toute autre nation : mais quand se vient aux armées, et batailles, ilz n'apparoissent iamais : prenez exemple aux combats & faits d'armes d'un seul contre un autre, ou de peu contre peu, comme les Italiens y ont du meilleur par force, par adresse, & par leur esperit : mais quand ce vient aux batailles, ils ne comparoissent point, ils ont du pire.



Segment 18
Et tutto procede dalla deboleza de capi, perche quelli che sanno non son' obediti, et a ciascuno par' saper', non cì essendo insino a qui suto alcuno che si sia revelato tanto, et per virtù et per fortuna, che gl'altri cedino.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Laquelle chose provient de la lascheté et débilité des chefz et seigneurs. Car ceulx qui sçavent ne sont obeyz à cause que chascun s'estime sçavoir autant, ou plus que son compaignon, et pource aussy que jusques icy aucun ne s'est sceu eslever si hault par dessus les autres avec sa vertu ou fortune, qu'ilz ayent voulu se soubmettre à luy. Et tout cela vient de l'insuffisance des Capitaines : car ceux la qui l'entendent bien, ne sont pas obeïs, et semble bien a chacun qu'il si entend, veu que personne iusques a cest heure ne s'est encore tant eleve, ny par vertu, ny par fortune, comme s'abaissent, et se laissent aller les autres. dont il faut reietter la coulpe à la lascheté, et petit coeur des capitaines : parce que ceux qui sçavent, n'obeïssent pas volontiers : et chacun presume sçavoir, et entendre les choses, ne s'estant trouvé iusques a maintenant personnage, qui se soit eslevé si haut par sa felicité, et vertu, que les autres luy ayent voulu ceder. Et tout cela provient de l'insuffisance des Capitaines : car ceux qui bien entendent ne sont pas obeys, & semble à chacun qu'il s'y entend, veu que personne iusques à ceste heure ne s'est encore tant elevé, ne par vertu ne par fortune, comme s'abaissent & se laissent aller les autres.



Segment 19
Di qui nasce che in tanto tempo, in tante guerre fatte ne passati .XX. anni, quando gli è stato uno esercito tutto Italiano, sempre ha fatto mala pruova, di che è testimonio prima il Taro, di poi Alessandria, Capua, Genova, Vaila, Bologna, Mestri.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Au moyen de quoy en toutes les guerres qui se sont veues depuy vingt ans en ça, quand il y avoit une armée de tous Italiens elle n'a jamais faict aucune prouesse, ains monstré toute lascheté et couardise. Et de ce que je diz le Tare, Alexandrie, Capoue, Gennes, Vaylà, Boulogne, et Mestry lieux renommez seulement de leurs pertes et deffaictes, porteront bon tesmoignage. De la vient qu'en longue espace, durant tant de guerres lesquelles passe a 20. ans qu'on fait, quand il y a eu un camp tout d'Italiens, il s'est tousiours mal porte : pour tesmoings seront la iournee de Fournoue, d'Alexandrie, Capue, Gennes, Vaila, Bolongne, Mestre. De là est sorty qu'en si long temps parmy tant de guerres, qui sont ensuivies depuis vingt ans, quand un exercite n'a esté composé que d'Italiens, il a tousiours fait mauvaise preuve : Dequoy a esté premierement tesmoing le Tare, depuis Alexandrie, Capes, Gennes, Vaile, Bouloingne, et Mestri. D'où procede qu'en long espace, durant tant de guerres lesquelles passé a 20. ans on a menées, quand il y a eu un camp tout d'Italiens, il s'est tousiours mal porté : pour tesmoings seront la iournée de Fornoue, d'Alexandrie, Capue, Gennes, Vaila, Bolongne, Mestre.



Segment 20
Volendo dunque la illustre casa vostra seguitare quelli eccellenti huomini che redimerono le provincie loro, è necessario innanti a tutte le altre cose (come vero fondamento, d'ogni impresa) provedersi d'armi proprie, et perche non si può havere ne più fidi, ne più veri, ne megliori soldati. Et benche ciascuno d'essi sia buono, tutti insieme diventaranno migliori, quando si vedranno comandare da loro Principe, et da quello honorare et intrattenere.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Parquoy si vostre excellente maison veult imiter ces hommes admirables, qui par vertu ont affranchy leurs provinces, sur toutes choses il vous est nécessaire de vous pourveoir, comme vray fondement de toutes entreprinses, d'armes propres ; pource que l'on ne peult avoir meilleurs souldardz, ne plus fidelles et obéyssans, que ceulx qui sont de mesme province, et combien que chacun à part soy soit bon, si est ce que tous ensemble ilz deviendront meilleurs quand ilz se verront conduyre et régir par leur prince, et estre par icelluy honorez et entretenuz. Si doncques vostre tresexcellente famille veut ensuyvre ces vertueuses personnes, qui ont delivre leur païs, avant toutes ces choses, il est necessaire de se garnir de propres armes, comme vray fondement de toute entreprise : davantage pource qu'on ne sçauroit avoir de plus vrais, ny fideles soldars : Et bien qu'un chacun d'eux soit bon en particulier, tous ensemble deviendront meilleurs quant ilz se verront estre gouvernez, honorez, et entretenuz de leur Prince : Voulant doncques vostre tresillustre maison ensuyvre ces excellens hommes, qui deslivrerent leur patrie de captivité, il est necessaire, avant tout oeuvre (comme vray fondement de toute entreprise) se pourvoir d'armes propres, et naturelles : consideré qu'il n'est possible recouvrer soudars plus fidelles, plus affectionnez, ne meilleurs, que ceux de vostre facture. Et bien qu'un chacun d'eux soit pour son particulier regard homme de bien, ilz deviendront encores meilleurs tous ensemble, quand ilz voirront que leur Prince leur commandera, fera compte d'eux, et les entretiendra. Si donques vostre tres-cellente famille veut ensuivre ces vertueuses personnages, qui ont delivré leur païs, avant toutes ces choses, il est necessaire de se garnir de propres armes, comme vray fondement de toute entreprise : d'avantage pource qu'on ne sauroit avoir de plus vrais ne fideles soldats : Et bien que chacun d'eux soit bon en particulier, tous ensemble deviendront meilleurs quand ils se verront estre gouvernez, honnorez, entretenus de leur Prince :



Segment 21
È necessario per tanto prepararsi a queste armi per potersi con virtù Italiana defendere da li esterni.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Et fault faire bonne et diligente eslite de telz souldardz, pour pouvoir avec une vertu italienne se défendre des estrangiers. il est donc necessaire de se fournir de ses forces, affin que par la vertu Italienne on se puisse defendre des estrangers. Pourtant est il requis se fortifier de ceste sorte d'armes, qui voudra defendre l'Italie des estrangers. il est donc necessaire de se fournir de ses forces, affin que par la vertu Italienne on se puisse defendre des estrangers.



Segment 22
Et benche la fanteria Svizera et Spagnuola sia estimata terribile, nondimanco in ambedue è defetto per il quale uno ordine terzo potrebbe non solamente opporsi loro, ma confidare di superargli.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Et jafoit que communément l'on estime les gens de pied Souysses et les fanteries Hespaignolles estre invincibles, ce nonobstant en tous les deux il y a de la faulte, qui pourrait estre cause qu'une ordonnance mieulx bastye les pourroit surmonter et deffaire. Et bien que l'enfanterie Espagnole et Suisse soit estimee terrible, neantmoins en l'une et en l'autre il y a un deffaut, a raison duquel une tierce institution de gens de guerre pourroit non seulement leur faire teste, mais s'asseurer de les vaincre : Et si la fanterie de Suysse, et d'Espagne est estimée terrible, elles ne laissent pourtant d'avoir toutes deux quelque defaut, moyennant lequel il se pourroit dresser une tierce gendarmerie, non suffisante seullement pour leur respondre, mais pour s'asseurer de les pouvoir vaincre. Et bien que la fanterie Espagnole & Suisse soit estimée terrible, neanmoins en l'une & en l'autre y a un deffaut, à raison duquel une tierce institution de gens de guerre pourroit non seulement leur faire teste, mais s'assurer de les vaincre :



Segment 23
Perche li Spagnuoli non possono sostener' i cavagli, et gli Svizeri hanno ad haver' paura di fanti quando li riscontrino nel' combattere ostinati come loro. Donde si è veduto et vedrassi, per esperientia, li Spagnuoli non potere sostenere una cavalleria Franceze et gli Svizeri esser' rovinati d'una fanteria Spagnuola.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Car les Hespaignolz ne valent rien contre les hommes d'armes, et les Souysses seroient deffaictz d'autres gens de pied qui fussent au combattre aussi obstinez comme eulx. Dont l' on a veu et verra par expérience que les Hespaignolz ne peuvent résister à une gensdarmerie francoyse, et que les Souysses sont deffaictz par une fanterie Hespaignolle. car les Espagnolz ne peuvent soustenir le heurt des chevaux, et les Suisses doivent avoir peur de rencontrer des gens de pie aussi acharnez a combatre qu'ilz sont. Telle veoit on l'experience, que les Espagnolz ne peuvent soutenir la gendarmerie Françoise, et que les Suisses sont rompus voluntiers par une enfanterie Espagnole : Car l'escadron Espagnol ne peut resister aux gens de cheval : et les Suysses craignent tousiours rencontrer fanterie, qui soit autant qu'eux obstinée au combat. Aussi a lon veu par experiance et se voirra encores, que les Espagnolz n'ont peu soustenir une chevalerie françoise, et les Suysses avoir esté rompus d'une fanterie Espagnolle. car les Espagnols ne peuvent soustenir le heurt des chevaux, & les Suisses doivent avoir paour de rencontrer des gens de pié aussi acharnez à combattre qu'ils sont. Telle veoid on l'experience, que les Espagnols ne peuvent soustenir la gendarmerie Françoise & que les Suisses sont rompus volontiers par une fanterie Espagnole :



Segment 24
Et benche di questo ultimo non se ne sia visto intera esperientia, nientedimeno se n'è veduto uno saggio ne la giornata di Ravenna, quando le fanterie Spagnuole si affrontorono con le battaglie Tedesche, le quali servono il medesimo ordine che i Svizeri, dove li Spagnuoli, con la agilità del' corpo et aiuti de loro brocchieri, erano entrati tra le picche loro sotto, et stavano securi a offendergli senza che li Tedeschi vi havessino remedio; et se non fussi la cavalleria che gli urtò, gli harebbeno consumati tutti.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Et combien que de ce dernier poinct nous en ayons veu entière expérience, si est qu'à la journée de Ravenne l'on en veit ung signe tresévident, quand les gens de pied Hespaignolz se joignirent à combattre contre les battaillons des Allemans, qui gardent le mesme ordre que les Souysses, ou les Hespaignolz avec leur dexterité et agilité de corps et avec l'ayde de leurs boucliers entrèrent dans les picques et deffaisoient les Allemans à leur aise, sans qu'ilz y sceussent donner remède tellement que si la gensdarmerie ne fust survenue il les eussent tous mys en pièces. et bien que ce dernier ci nous n'aions entierement conneu, neantmoins on en vid grande aparence en la iournee de Ravenne, quand les gens de pie Espagnolz s'attacherent aux bataillons des Lansquenetz, qui gardent un mesme ordre que les Suisses. La ou les Espagnolz par l'agilite de leur corps, avec aide de leur boucliers estoient entrez par dessoubz entre les picques et se pouvoyent asseurer de tailler les Alemans en pieces sans que les Alemans fussent secouruz d'autrepart, et n'eust este la cavallerie qui se rua sur les Espagnolz, ilz eussent deffait les Alemans. Et combien que l'on n'aye point iusques icy fait entiere preuve de ce dernier cas, il s'enfeit toutesfois un essay à la iournée de Ravenne, lors que la fanterie Espagnolle s'affronta avec les bataillons des Lantzcequenetz, lesquelz observent en guerre un mesme ordre, que les Suysses : ou les Espagnolz avec l'agilité du corps, et par le moyen de leurs longs estoczs et verduns, entrerent à travers et au dessoubz des piques de leurs ennemis, les combatant moyennant cela à couvert, et en seureté, sans que les Lantzcequenetz y peussent donner ordre. Et hors mis les gens de cheval, qui les vindrent fraper en flanc, ilz les eussent consumez tous sur la place. & combien que ce dernier point nous n'ayons entierement connu, neanmoins on en veid grande apparence en la iournée de Ravenne, quand les gens de pié Espagnols s'attacherent aux bataillons des Lansquenets, qui gardent un mesme ordre que les Suisses. Là où les Espagnols par l'agilité de leur corps, avec ayde de leur boucliers estoient entrez pas dessoubs entre les picques & se pouvoient assurer de tailler les Alemans en pieces sans que les Alemans fussent secourus d'autrepart, & n'eust esté la cavallerie qui se rua sur les Espagnols, ils eussent deffait les Alemans.



Segment 25
Puossi adunque (conosciuto el defetto de l'una et de l'altra di queste fanterie) ordinarne una di nuovo, la quale resista a cavalli et non habbi paura de fanti, il che lo farà la generatione de l'armi et la variatione de li ordini. Et queste sono di quelle cose che, di nuovo ordinate, danno reputatione et grandeza a uno Principe nuovo.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Parquoy congnoissant le deffault des deux, l'on peult ordonner une nouvelle fanterie laquelle puisse résister aux gens de cheval et puisse abbattre les gens de pied. Laquelle chose se pourroit faire, non pas à inventer des nouvelles armeures, mais à changer les ordonnances des batailles et la discipline de guerre. Lesquelles donnent à ung nouveau prince honneur, gloire, réputation et grandeur. Aiaint donc ainsi conneu le defaut de ces deux enfanteries on en peut ordonner une de nouveau qui ne craigne autre quelconque, et si tienne bon contre les chevaux, ce qui se fera non par la nation de soldars, mais par le changement de la discipline. Doncques ces choses la sont du nombre des nouvelles inventions qui donnent reputation a un Prince nouveau. L'on peut doncques, congnoissant la faute de ces deux fanteries, en ordonner une de nouveau, laquelle resistera aux chevaux, et ne craindra point la rencontre d'autre sorte de gens de pié. Ce qui se fera par l'espece des armures, et le changement des ordres. Et cela est l'une des choses, qui pour estre nouvellement introduittes, donnent reputation, et accroissement d'estat à un Prince nouveau. Ayant donc ainsi connu le defaut de ces deux fanteries, on en peut ordonner une de nouveau qui ne craigne autre quelconque, & si tienne bon contre les chevaux : ce qui se fera non par la nation du soldat, mais par le changement de la discipline. Telles choses sont du nombre des nouvelles inventions qui donnent reputation au Prince nouveau.



Segment 26
Non si deve adunque lasciare passar' questa occasione, accioche la Italia vegga doppò tanto tempo apparir un' suo redentore.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Parquoy l'on ne doibt laisser eschapper une si belle occasion, à celle fin que l'Italie après si longs travaux voye appararoistre quelque autheur de sa délivrance. Pour autant on ne doit pas laisser perdre ceste occasion, affin que l'Italie puisse veoir apres un si long temps luy apparoir un qui la delivre. Au moyen dequoy l'on ne doit point permettre passer ceste occasion, à ceste fin que l'Italie voye quelquefois naistre apres si longue attente, celuy qui la delivrera de servitute. Parquoy ne doibt on pas laisser perdre cette occasion, à ce que l'Italie puisse veoir aprez un si long temps luy apparoir un qui la delivre.



Segment 27
Ne posso esprimere con quale amore ei fussi ricevuto in tutte quelle provincie che hanno patito per queste illuvioni esterne, con qual' sete di vendetta, con che ostinata fede, con che pietà, con che lachrime.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Je ne puys bonnement exprimer de quelle amour il seroit receu en toutes les provinces que par ces inundations de peuples estrangiers ont souffert tant de maulx et d'indignitez, avec quelle foys obstinée, quelle soif de vengeance, quelle pitié, quelles larmes il seroit obéyt et honoré. Ie ne sçaurois bien declarer de combien grande affection, il seroit receu en tous ces païs, qui en ont endure pour ses descentes et quasi ravines d'estrangers en Italie. De quel desir de vengeance sur eux ? De quelle entiere foy ? De quelles pietables larmes. Et ne puis exprimer le contentement, duquel il seroit receu par toutes ces provinces, qui ont souffert ces innondations estrangeres, et avec quel desir de vengeance et foy obstinée, et par quelle pitié, et effusion de larmes. Ie ne saurois pas suffisamment declarer de combien grande affection il seroit receu en tous ces païs, qui en ont enduré pour ces descentes & quasi ravines d'estrangers en Italie. De quel desir de vengeance sur eux ? De quelle entiere foy ? De quelles pitoiables larmes ?



Segment 28
Quali porte se li serrerebbeno? Quali popoli li negarebbeno la obedientia? Quale invidia se li opporrebbe? Quale Italiano li negarebbe l'ossequio? A ognun' puza questo barbaro dominio.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Qui seroit la cité qui fermeroit les portes au devant de luy ? Quel peuple luy refuseroit obéyssance ? Qui seroit l'envieux qui s'opposerait à sa gloire ? Quel homme Italien luy plaindroit son service ? Brief il est incroyable comme ceste domination barbare soit dure et desplaisante à ung chascun. Quelles portes luy fermeroit on ? Quel peuple luy refuseroit obeissance ? Quel envieux s'opposeroit a luy ? Quel Italien ne luy envoyeroit secours ? Cette barbare tirannie est a chacun ennuieuse. Ou sont les portes qui luy seroient fermées ? Quel peuple est ce, qui luy refuseroit obeïssance. Quelle envie s'oseroit opposer à luy ? Quel seigneur Italien luy voudroit denier plaisir, et secours ? Certainement ceste barbare domination est odieuse, et desplaist à un chacun. Quelles portes luy fermeroit on ? Quel peuple luy refuseroit obeissance ? Quel envieux s'opposeroit à luy ? Quel Italien ne luy envoyeroit secours ? Cette barbare tyrannie est à tous ennuyeuse.



Segment 29
Pigli adunque la Illustre casa vostra questo assunto, con quello animo et con quelle speranze che si pigliono l'imprese iuste, accio che, sotto la sua insegna, et questa patria ne sià nobilitata, et, sotto i sua auspicij, si verifichi quello detto del' Petrarca. Virtù contro al furore Prenderà l'arme, et fia il combatter' corto, Che l'antico valore Nelli Italici cuor' non è anchor morto IL FINE DEL PRINCIPE.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Parquoy prenez hardiment ceste charge, et avec si hault couraige et si grande espérance de victoire comme l'on faict les justes entreprinses, à celle fin que soubz vostre enseigne ceste nation soit nobilitée, et soubz votre bon heur soit verifié ce beau dicton de Pétrarque en une sienne chanson : Virtu contra al fuore Prenderà l'arme e fia 'l combatter corto, Che l'antico valore Nell'Italici cuor non è ancor morto. Lesquelz vers peuvent estre mys en francoys en la manière qui s'ensuit : Contre fureur la vertu s'armera Et leur combat long temps ne durera, Car la valeur des effortz anciens N'est anchor' morte es cueurs d'Italiens Fin du Prince de Nicolas Macchiavel 1546 Jacques de Vintimille Or vostre excellente maison entrepreigne cette conduitte, d'une telle esperance et courage qu'on ouvre des iustes guerres, affin que soubz vostre enseigne ce païs soit ennobli, et soubz vostre guidon soit verifie ce dit du Petrarque. Nostre vertu vestira l'arme forte, Et combatra brusquement la chaleur : Car dans les coeurs Italiens n'est morte De leurs aieulx l'ancienne valeur. FIN DU PRINCE DE MACHIAVELLE Soit doncques ceste charge prise par vostre illustre maison, avecques ce courage, et esperance, dont l'on fait les iustes, et pitoiables entreprises affin que ceste patrie soit ennoblie, et illustrée soubz son enseigne, et que soubz sa conduitte lon puisse finablement verifier ce dit de Petrache, Virtù contr' al' furore Prender a l'arme, et fia il combater corto : Che l'anticho valore N'ell' Italici cuor' non è anchor' morto. Vertu contre fureur S'armant un coup vaincra tost la follie : Car l'antique valleur Encores vit es coeurs de l'Italie. FIN DU LIVRE DU PRINCE. Or vostre excellente maison entrepreigne cette conduitte, d'une telle esperance & courage qu'on ouvre des iustes guerres, affin que soub votre enseigne ce païs soit ennobly & soub votre guidon soit verifié ce dit de Petrarque : Vertu contre furie Armes prendra et tost la deffera, Car és cueurs d'Italie Vaillance antique est encore et fera. FIN DU PRINCE DE MACHIAVEL.