Chapitre 25.

Titre
Quanto possa nelle humane cose la Fortuna et in che modo se gli possa obstare Cap .XXV.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
De la puissance de fortune sur les choses mondaines et en quelle manière on luy doibt résister. Chapitre XXV Combien c'est que la fortune peut es choses humaines, et comment on y peut resister Chap. 25. Combien peut la Fortune es affaires du monde, et par quel moyen on luy peut resister. Chapitre XXV. Combien peut la fortune és choses humaines et comment on y peut resister. Chapitre 25.



Segment 1
Non mi è incognito come molti hanno havuto et hanno oppinione che le cose del' mondo sieno in modo governate, dalla Fortuna, et da Dio, che li huomini con la prudentia loro non possino correggerle, anzi non vi habbino rimedio alcuno; et per questo potrebbeno iudicare che non fusse da insudare molto ne le cose, ma lasciarsi governare dalla sorte.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Il ne m'est pas incogneu que plusieurs ont eu et ont telle opinion que les choses mondaines sont tellement menées et gouvernées par Dieu et fortune que les hommes ne les peuvent avec toute leur prudence corriger ny amender, et qu'il n'y a aucun remède à y pourveoir. Dont ilz pourroient inférer que l'on ne se doibt soucyer d'aucun affaire, ains qu'il se fault laisser gouverner à l'adventure. Ie scay bien que quelques uns furent et sont en ceste opinion que les affaires de ce monde soient gouvernees de Dieu, et de la fortune : tellement que les hommes avec toute leur sagesse ne les peuvent redresser, n'y metre aucun remede : et par ainsi ilz pourroient estimer, qu'il ne fallust point se travailler beaucoup es choses humaines, mais se laisser du tout gouverner par l'aventure. Ie n'ignore point ceste opinion avoir esté tenue de plusieurs, et estre encores auiourd'huy que les choses de ce monde sont tellement gouvernées de Dieu, et de la fortune, qu'il est hors de la puissance des hommes, d'y donner ordre, comme de chose abandonnée de remede : et par consequent ilz estiment que c'est grand follie de tant s'en travailler, estant beaucoup meilleur se laisser aller au gouvernement de l'advanture. Ie sçay bien qu'aucuns furent & sont en opinion que les affaires de ce monde soyent gouvernez de Dieu & de la fortune : tellement que les hommes avec toute leur sagesse ne les peuvent adresser, n'y mettre aucun remede : par ainsi ilz pourroient estimer, qu'il ne fallust point se travailler beaucoup és choses humaines, mais se laisser du tout aller à l'aventure.



Segment 2
Questa oppinione è suta più creduta ne nostri tempi per la variation' grande delle cose che si son' viste et veggonsi ogni dì, fuor' d' ogni humana coniettura.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Laquelle opinion a esté crue et tenue pour vraye plus en nostre temps que jamais, à cause des grandes variations et changementz d'estatz que l'on a veu et veoit tous les jours, contre toute pensée humaine ; Ceste opinion a eu plus grand cours en nostre temps, pour la merveilleuse inconstance des gouvernemens qu'on a veuz, et voit on tous les iours hors de toute coniecture des hommes : De nostre temps on a donné grande foy a telle opinion pour la merveilleuse variation des affaires, qu'on a veuz advenir, et se voient tous les iours outre toute coniecture, et prevoiance humaine : Cette opinion a eu plus grand cours en notre temps, pour la merveilleuse inconstance des gouvernemens qu'on a veuz & void on tous les iours hors de toute coniecture des hommes :



Segment 3
Al' che pensando io qualche volta, sono in qualche parte inchinato ne la oppinion' loro.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
à quoy presque mon esprit s'est incliné à croire, considérant quelque foys la qualité de ces volubilitez mondaines. si bien qu'y pensant aucunesfois moy mesmes, en partie ie me laisse tomber en cest erreur. A quoy pensant quelquesfois, ie me renz aucunement de leur party : si bien qu'y pensant aucunefois moy-mesme, en partie ie me laisse tomber en cet erreur.



Segment 4
Nondimanco, perche il nostro libero arbitrio non sia spento, iudico poter' esser' vero che la Fortuna sia arbitra de la metà de le attioni nostre. Ma che ancora ella ne lasci governare l'altra metà o poco meno a noi.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Touteffoys puys qu'il est certain, que nostre libéral arbitre n'est pas anéanty, j'estime bien qu'il peult estre vray que la fortune soit maistresse de la moictié de noz actions, mais qu'elle nous en laisse gouverner l'autre moictié à nostre fantasie, ou peu moins. Neantmoins afin qu'il ne soit force d'acorder quant et quant que nostre liberal arbitre soit du tout estaint et aboli, i'estime qu'il peut estre vray que la fortune soit maistresse de la moitie de noz œuvres : mais aussi qu'elle nous en laisse gouverner l'autre moitie, ou un peu moins. toutesfois afin que nostre liberal arbitre nous demeure, ie fay iugement en cela, que possible la fortune dispose d'une partie de nos actions, et entreprises, mais qu'elle nous laisse l'autre, ou bien peu s'en faut à la discretion de nostre entendement. Neanmoins à fin qu'il ne soit force d'accorder ensemble que notre liberal arbitre soit du tout estaint & aboly, i'estime qu'il peut estre vray que la fortune soit maistresse de la moitié de noz euvres : mais aussi qu'elle nous en laisse gouverner l'autre moitié ou un peu moins,



Segment 5
Et assomiglio quella a un' fiume rovinoso che, quando è s' àdira, allaga i piani, rovina gli arbori et li edificij, lieva da questa parte terreno, ponendolo a quell'altra, ciascuno gli fugge davanti, ognun' cede al suo furore, senza potervi obstare.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Et je la compare à ung grand fleuve ruyneux, lequel parfoys va paisible, par foys se courrousse et desborde, et ce faisant il inonde les plaines, abbat les arbres, démolit les édifices, oste la terre d'ung lieu et la poulse en ung aultre, chascun fuyt, chascun court devant luy, chacun cède à sa fureur, sans le pouvoir empescher ou divertir. Ce que ie puis descrire par une comparaison d'une riviere coutumiere de deborder, laquelle se courrouçant naye a l'entour les plaines, boute bas les arbres et maisons, derobe d'un coste de la terre pour en donner autrepart, un chacun fuit devant elle, tout le monde donne lieu a sa fureur, sans y pouvoir rien empecher. La fortune se peut comparer à un fleuve impetueux, et ravissant, lequel lors qu'il est enflé, et desbordé, submerge les grandes plaines, arrache les arbres, et ruyne les edifices, enleve d'un endroit les gros monceaux de terre, pour les transporter en un autre : tout le monde s'en fuyt au devant, chacun quitte la place à sa fureur, sans y pouvoir remedier. Ce que ie puis descrire par une comparaison d'une riviere coutumiere de deborder, laquelle se courrouçant noye à l'entour des plaines, boute bas les arbres & maisons, derobe d'un costé de la terre pour en donner autrepart, chacun fuit devant elle, tout le monde cede à sa fureur, sans y pouvoir remparer.



Segment 6
Et benche sia così fatto, non resta però che gli huomini quando sono tempi quieti, non vi possino fare provedimenti, et con ripari et con argini, in modo che, crescendo poi, o gli anderebbe per un' canale o l'impeto suo non sarebbe si licentioso et dannoso.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Et jafoit qu'il soit tel et si violent, si n'est pas pourtant dict que les hommes, durant le beau temps, n'y puissent pourveoir et faire des rempartz et chaussées, pour le contraindre, s'il se desbordoit encor ung coup, d'aller tout par ung canal sans faire dommaige, ou pour le moins que son impetuosité ne divagueroit si librement par tout. Et bien qu'elle soit ainsi furieuse en quelque saison, si est ce que quand elle est remise et que le temps est paisible, les hommes ne laissent pas a pourvoir, et par rempars, et par levees, de maniere qu si elle croist, et qu'elle vueille une autrefois se deborder, ou se degorgeroit par un certain canal ou ne seroit pas son degast si dangereux et dommageable. Ce neantmoins combien qu'il soit tel, cela n'empesche pourtant, que lon n'y puisse pourvoir lors, qu'il est remis en son premier estat, et cours naturel, avecques force levées, et puissans rampars : en maniere que s'il vient apres à croistre, il courra par un canal limité ou pour le moins son impetuosité n'en sera du tout si effrenée, et dommageable. Et combien qu'elle soit ainsi furieuse en quelque saison, si est-ce que quand elle est retraitte en son vaisseau & que le temps est paisible, les hommes ne laissent pas à pourvoir, & par rempars & par levées, de sorte que si elle croist & qu'elle vueille une autrefois se deborder, ou elle se degorgeroit par un certain canal ou ne feroit pas le degast si dangereux & dommageable.



Segment 7
Similmente interviene de la Fortuna, la quale dimostra la sua potentia dove non è ordinata virtù a resistere: et quivi volta i suoi impeti, dove la sà che non son' fatti gli argini ne i ripari a tenerla.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Pareillement il advient de la fortune, laquelle demonstre sa puissance là où il n'y a aucune vertu ordonnée pour résister, et est impétueuse et royde contre les lieux où elle sçait n'y avoir point de rempartz ou murailles pour la soustenir. Semblablement est de la fortune, laquelle demontre sa puissance aux endroits ou il n'y a point de vertu dressee pour luy resister, et tournes a grand force au lieu auquel elle sçait bien qu'il n'y a point de rempars faits contre elle. Il en advient tout ainsi de la fortune, laquelle monstre sa puissance, ou elle ne trouve point de vertu disposée à la resistance, et addroisse sa furie aux endroitz, qu'elle congnoist despourveus d'obstacles, et defenses pour la recevoir. Ainsi est de la fortune, laquelle demonstre sa puissance és endroits ou il n'y a point de vertu dressée pour luy resister & tourne à grand force au lieu ou elle sçait bien qu'il n'y a point de rempars faitz contre elle.



Segment 8
Et se voi considerarete la Italia (che è la sede di queste variationi et quella che ha dato loro il moto) vedrete esser' una Campagna senza argini et senza alcun' riparo : che, se la fussi reparata da conveniente virtù (come è la Magna, la Spagna et la Francia) questa inundatione non havrebbe fatto le varìationi grandi che l'ha, o la non ci sarebbe venuta.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Or si vous considérez la qualité d'Italie, qui est le fond de telles variations, et où premièrement elles ont esté esmeues, vous verrez que c'est une campaigne plaine, sans aucune motte ni chaussée, et que si elle eust esté remparée d'une bien médiocre vertu, comme l'Alemaigne, l'Hespaigne et la France, ce desbordement et inondation de fortune, n'eust faict les mutations si grandes, comme elle a faict, ou elle n'y seroit aucunement venue ; Et si vous considerez bien l'Italie, laquelle est le siege propre a ces changemens, vous la verrez estre une vraie campagne sans levees ny deffences aucunes. Ou si elle estoit remparee et bien munie de convenables vertuz, comme est l'Alemaigne, la France, et l'Espaigne, ces grandes ravines n'auroient pas faict si merveilleux deluges comme elles ont faict, ou bien qu'ilz ne seroient point du tout avenues. Si doncq lon considere l'Italie, qui est le lieu, et siege, ou sont advenues ces grandes mutations, et celle mesme, qui a causé leur origine, vous trouverez, que c'est une campagne sans aucunes levées, ne rempars : et que si elle eust esté munie de la vertu, qu'il failloit, comme est l'Allemagne, l'Espagne, et la France, l'innondation n'eust point engendré tant de changemens, qu'elle a faitz, ou du tout n'y fust point descendue. Et si vous considerez bien l'Italie, laquelle est le siege propre à ces changemens, vous la verrez estre une vraye campagne sans levées ne deffences aucunes. Or si elle estoit remparée & bien munie de convenables vertuz, comme est l'Alemaigne, la France & l'Espaigne, ces grandes ravines n'auroient pas fait si merveilleux deluges comme elles ont fait, ou bien n'y seroyent point du tout avenuës.



Segment 9
Et questo voglio basti haver' detto quanto al' opporsi a la Fortuna in universale.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
et cecy me suffit quand à s'opposer en général à la fortune. Et me suffise avoir dit cela quand est de resister a la fortune en general. Et me suffira d'avoir dit cecy quant à s'opposer en universel à la fortune. Et me suffise avoir dit cela quant est de resister à la fortune en general.



Segment 10
Ma restringendomi più al' particulare, dico come si vede hoggi questo Principe felicitare et domane rovinare, senza vederli haver' mutato natura o qualità alcuna. Il che credo nasca, prima, dalle cagioni che si sono lungamente per lo adrieto trascorse, cioè che quel' Principe che s' appoggia tutto in sù la Fortuna, rovina come quella varia.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Mais pour venir au particulier, je diz que l'on veoit ung prince estre aujourdhuy bien heureux, demain malheureux sans congnoistre qu'il soit changé de nature ou qualité aucune. Laquelle chose provient, comme j'estime, des causes cy dessus au long discourues. C'est que le prince qui totallement s'appuye à la fortune tumbe en ruyne et se pert aussytost qu'elle se change. Pour entrer plus particulierement a la matiere ie di qu'on voit auiourd'huy un Prince avoir la vogue soudain le lendemain ruiner sans l'avoir aperceu, changer ou de nature, ou de quelque qualite que ce soit : ce que ie croy qu'il vienne premierement pour les occasions, et raisons, que nous avons ci dessus amplement discourues. C'est a sçavoir qu'un Prince qui s'apuïe du tout sur la fortune, tumbe, ainsi comme elle change. Mais me voulant restraindre un peu d'advantage aux particularitez, ie dy que lon voirra un Prince prosperer auiourd'huy et ruyner demain, sans que l'on en puisse attribuer la cause à la mutation de sa nature, ou gouvernement. Ce qui procede, comme ie croy, des occasions, que nous avons auparavant discourues : cest à sçavoir que le Prince fondant son appuy totallement sur la fortune, tombe en decadence au mesme instant, qu'elle varie. Pour entrer plus particulierement à la matiere ie dy qu'on void auiourd'huy un Prince avoir la vogue soudain le lendemain ruiner sans l'avoir apperceu, changer ou de nature ou de quelque qualité que ce soit : ce que ie croy qui procede premierement pour les occasions & raisons, que nous avons cy dessus amplement deduites : C'est à savoir qu'un Prince qui s'appuie totalement sur la fortune, tumbe, ainsi comme elle change.



Segment 11
Credo ancora che sia felice quello il modo del' cui procedere si riscontra con la qualità de tempi, et similmente sia infelice quello dal' cui proceder' si discordono i tempi.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
J'estime aussy que celluy là est heureux, qui en ces manières de faire s'accorde avec la qualité du temps, et pareillement celluy malheureux duquel les faictz ne sont conformes à la variation du temps. Ie pense aussi que cestuy soit heureux lequel sçait bien se gouverner selon la qualite, et condition du temps : et celuy la malheureux qui ne procede pas d'une bonne maniere s'acordant selon le temps : Celuy me semble heureux, la mode de faire duquel rencontre selon la qualité du temps ou il est : et mesme raison malheureux, qui se conduit par forme repugnante à la saison. Ie pense aussi que celuy soit heureux qui sçait bien se gouverner selon la qualité & condition du temps : & celuy malheureux qui ne procede pas de bonne maniere en s'accordant & accommodant au temps :



Segment 12
Perche si vede li huomini ne le cose che li conducono al fine, quale ciascuno ha innanzi, cioè gloria, et ricchezze, procedervi variamente: l'uno con respetti, l'altro con impeto, l'uno per violentia, l'altro per arte, l'uno con patientia, l'altro col' suo contrario, et ciascuno con questi diversi modi vi può pervenire.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Car on veoit que les hommes procèdent tous en diverse manière, selon les instinctz de leur naturel pour parvenir à leur fin desirée, qui est devant les yeulx d'ung chascun gloire ou richesses, l'ung par doulceur, l'autre par force, l'ung par impetuosité et violence, l'autre par art et finesses, l'ung avec prudence, l'aultre par son contraire, et touttefoys par ces divers moyens chascun y parvient. pource qu'on voit les hommes es choses qui les conduisent au but ou un chacun vise (c'est a sçavoir l'honneur, et les richesses) y parvenir en diverses sortes et manieres, les uns observant des egards par douceur, et les autres par une fureur : cestuy ci par force, cestuy la par art, les aucuns par patience, les autres par son contraire : par toutes lesquelles manieres on y peut assener et frapper. L'on voit aussi que les hommes procedent diversement es choses, qui les conduisent a leurs fins pretendues, lesquelles un chacun se propose devant les yeux, comme une butte (qui sont les richesses, et la gloire.) L'un y va froidement et avecques advis, l'autre s'y fourre temerairement : l'un par violence, l'autre par finesse : l'un avec patience, et l'autre par son contraire : et est possible d'y parvenir par chacune de ces diverses voyez. parce qu'on void les hommes és choses qui les conduisent au but où chacun vise (qui est l'honneur & la richesse) y parvenir par diverses voyes, les uns observant des egards par douceur, les autres par une fureur : cestuy cy par force, cestuy-la par art, aucuns par patience, les autres par son contraire : par toutes lesquelles manieres on peut assurer au but.



Segment 13
Et vedesi ancora doi respettivi, l'uno pervenire al suo disegno, l'altro no, et similmente doi equalmente felicitar' con diversi studij, essendo l'uno respettivo, l'altro impetuoso. Il che non nasce d' altro, se non da qualitati di tempi che si conformino, o no, col procedere loro.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Daultre part on veoit deux hommes respectifz et procédans de doulceur en leurs affaires, dont l'ung parviendra à son but, l'aultre non : et pareillement deux hommes devenir esgallement heureux par contraires manières de faire, estant l'ung respectif et honteux, l'aultre impetueux et deshonté. Laquelle diversité de fortune ne procède d'ailleurs, sinon de la qualité du temps à laquelle les hommes ne se peuvent conformer. Outreplus on voit pareillement deux qui se gouverneront chacun par respect, l'un parvenir, et l'autre ne parvenir point a son dessein : on veoit aussi d'autre coste deux desquelz l'un usera de modestie l'autre d'audace, qui prospereront egallement, encores que leurs manieres de faire soient diverses : car l'un procedera par modestie, l'autre par audace, ce qui ne y vient d'autre chose sinon que la sorte du temps qui se conforme, ou contrarie a leur façon de parvenir. Davantage vous trouverez deux hommes froids, et advisez, l'un desquelz viendra au dessus de ses souhaitz et l'autre non. Semblablement deux, qui prospereront egallement ayans deux diverses complexions, l'un estant discret et l'autre temeraire ; ce qui n'est causé d'ailleurs que de la qualité du temps conforme a leur maniere de faire, ou non. Outre-plus on void pareillement deux qui se gouverneront chacun avec consideration, l'un parvenir, l'autre ne parvenir point à son dessein : on veoid aussi d'autre costé deux desquelz l'un usera de modestie l'autre d'audace, qui prospereront egalement, encores que leurs manieres de faire soyent diverses : car l'un procedera par modestie, l'autre par audace : ce qui ne provient d'autre chose sinon que de la sorte du temps qui se conforme, au contraire a leur façon de faire.



Segment 14
Di qui nasce quello ho detto che doi, diversamente operando, sortiscano il medesimo effetto, et dui, equalmente operando, l'uno si conduce al' suo fine et l'altro no.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Dont il advient que deux hommes par deux divers moyens sortissent ung mesme effect, et de deux procedans par ung mesme moyen l'ung se conduit à ce qu'il désire, l'autre non. De la mesme source vient ce que i'ay dict devant, que deux qui s'avancent diversement, sortissent un mesme effect, et que deux autres suiveront un mesme moyen, desquelz l'un frappera son but, l'autre demourera. De là provient ce que i'ay dit, que deux par entreprises diverses operent un mesme effet, et au contraire deux autres semblables en leurs conduittes, l'un parviendra à son point, et l'autre non. De la mesme source vient ce que i'ay dit devant, que deux qui s'avancent diversement, sortissent un mesme effect & que deux autres suyvront un mesme moyen, desquelz l'un frappera son but, l'autre demourera costier.



Segment 15
Da questo ancora depende la variation' del' bene, perche se a uno, che si governa con rispetto et pacientia, i tempi et le cose girono in modo ch' il governo suo sia buono, esso viene felicitando, ma se li tempi et le cose si mutano, èi rovina, perche non muta modo di procedere.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Et d'icy dépend aussy la diversité du bien pource que si à celluy qui se gouverne avec patience les temps et les humeurs des hommes se tournent en telle sorte que son gouvernement y soit fortable et convenant, il deviendra heureux, mais si les temps luy sont contraires indubitablement il sera malheureux, pource qu'il ne change manière de faire. Encore de la mesme cause, descendent les mutations des biens : pource que si quand un qui se gouverne par sagesse, et patience, le temps, et les affaires tournent si bien a propoz, que sa maniere soit trouvee bonne, il se portera heureusement : mais si la saison se tourne il sera destruit, s'il ne change aussi façon de faire. Cecy depend encores de la variation du bien, qui change sa valleur, et mise, selon la saison, ou il est mis en oeuvre : car si celuy, qui se gouverne par moderation, et patience, rencontre le temps ou ces vertus soient requises, il ne pourra faillir de prosperer : mais si le temps, et les choses se tournent il se destruira, s'il ne mue pareillement sa façon de vivre. Encore de la mesme cause, descendent les mutations des biens : pource que si quand un qui se gouverne par prudence & patience, le temps & les affaires tournent si bien à propoz, que sa maniere soit trouvée bonne, il se portera heureusement : mais si la saison se tourne il sera destruit : s'il ne change aussi façon de faire.



Segment 16
Ne si truova huomo sì prudente che si sappi accordare a questo, sì perche non si può deviare da quello a che la natura ci inchina, sì ancora perche, havendo sempre un' prosperato camminando per una via, non si può persuadere che sia bene partirse da quella.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Mais je pense bien qu'il n'y a homme si prudent qui se puisse en tout et par tout accorder à cecy, et varier selon les temps, tant pource que les hommes ne peuvent fourvoyer de ce que par inclination de nature ilz ont accoustumé de suyvre, comme aussy pource qu'ilz ont veu prospérer ung homme procédant par une voye, de la quelle ilz n'ausent départir. Le pis est, qu'il n'y a personne pour bien advise qu'il soit, qui le puisse faire : tant pource qu'on ne peut se destourner de la ou nostre naturel nous pousse, tant aussi que si quelcun a tousiours prospere a cheminer par un moyen, on ne luy peut mettre en teste que ce soit bien fait de s'en retirer : Toutesfois il n'est possible trouver homme si parfaittement sage, qu'il se puisse accommoder à toutes ces diversités, tant parce que l'on ne peut destourner son esprit de la naturelle inclination, que pour la difficulté qu'il y a de retirer une personne d'une voye, et la luy faire trouver mauvaise, la suitte de laquelle il a tousiours auparavant experimentée heureuse. Le pis est, qu'il n'y a personne si bien avisé qui le puisse faire : tant pource qu'on ne peut se destourner de là où le naturel nous pousse, tant aussi que si quelqu'un ha tousiours prosperé à cheminer par un moyen, on ne luy peut mettre en teste que ce soit bien fait de s'en retirer :



Segment 17
Et però l'huomo respettivo, quando gli è tempo di venire a lo impeto, non lo sà fare, donde ègli rovina; che sè mutasse natura con li tempi et con le cose, non si mutarebbe Fortuna.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Et partant ung homme paisible et humain, quand il est temps de venir à l'impétuosité il ne le sçait faire, et n'est pas merveille s'il ruyne. Car s'il changeoit sa façon de faire selon que la fortune se change, la prosperité en son endroict ne se changeroit. ainsi l'homme respectueux, quant il est temps d'user d'audace, il ne le peut faire, dont procede sa ruine : que si le naturel tournoit avec le vent et les affaires, sa fortune ne changeroit point. Au moyen dequoy l'homme froid, et posé ne peut venir à la soudaineté lors, que le temps le requiert, ce qui le fait ruyner : et ou il sçauroit diversifier sa nature selon la saison, et les accidens, sa bonne fortune ne se changeroit iamais. ainsi l'homme respectueux, quand il est temps d'user d'audace, il ne le peut faire, dont procede sa ruine : que si le naturel tournoit avec le vent & les affaires, sa fortune ne changeroit point.



Segment 18
Papa Iulio secondo procedette in ogni sua attione impetuosamente, et truovò tanto i tempi e le cose conformi a quello suo modo del' procedere, che sempre sortì felice fine.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Pape Jule II en tous ses faictz procédoit avec une grande impetuosité et trouva le temps et les humeurs si convenans à sa manière de faire, qu'il vint à bout de toutes ses entreprinses. Pape Iules second en tous ses faits proceda d'une telle impetuosite, que trouvant le temps semblable et conforme a ceste sienne maniere, il vint tousiours a bout de ses entreprises : Pape Iulle second proceda en toutes ses actions d'une impetueuse hastiveté, et rencontra le temps, et les occasions si commodes à ceste complexion, que ses affaires luy succederent tousiours heureusement. Pape Iules second en tous ses faits proceda d'une telle impetuosité, que trouvant le temps semblable & conforme à cette sienne maniere, il vint tousiours à bout de ses entreprises :



Segment 19
Considerate la prima impresa che fece di Bologna vivendo ancora Messer' Giovanni Bentivogli.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Considérez la première guerre qu'il feit à Boulogne, durant la vie de messire Jehan Bentivole. considerez la premiere de Boulongne du vivant de messire Iehan Bentivoille, Considerez un peu sa premiere entreprise de Bouloigne, vivant encores le Seigneur Iean Bentivolle. considerez la premiere de Boulongne du vivant du seigneur Iehan Bentivoille,



Segment 20
I Venitiani non sè nè contentavano, il Re di Spagna similmente con Francia haveva ragionamento di tale impresa, et lui nondimanco con la sua ferocità et impeto si mosse personalmente a quella espeditione.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Les Vénitiens n'en estoient point contens, le roy d'Hespaigne s'en mocquoit, le roy de France n'en espéroit aucun bien, et touteffois esmeu de sa fiérete et ardeur naturelle, il se rua personnellement à celle expédition. les Venitiens ne s'en contentoient point, le roy d'Espaigne, et le roy de France en consultoient ensemble, et neantmoins luy par sa fureur et bravade marcha en personne a ce voiage : Les Venitiens n'en estoient aucunement contens, et y avoit desia eu pour parlement, et traitté entre les Roys d'Espagne, et de France pour cette mesme entreprise. Ce neantmoins avecques sa braveté, et furie de courage il vint luy mesmes en personne à ceste expedition, les Venitiens ne s'en contentoient point, le roy d'Espagne & le roy de France en consultoient ensemble, neanmoins luy par sa fureur & hardiesse marcha en personne à ce voyage :



Segment 21
La quale mossa fece star' sospesi et fermi, et Spagna et I Venitiani, quelli per paura, quel' altro per il desiderio di recuperar' tutto el Regno di Napoli; et da l'altra parte si tirò drieto il Re di Francia, perche, vedutolo quel' Re mosso et desiderando farselo amico per abbassar' i Venitiani, iudicò non poterli negar' la sua gente senza ingiuriarlo manifestamente.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Laquelle commencée, il estonna le roy d'Hespaigne et les Vénitiens, les ungs de crainte, l'aultre de convoitise de recouvrer tout le royaume de Naples. Et daultre part il tira à soy le roy de France, lequel voyant le pape esmeu et désirant avoir sa faveur pour rabaisser les Vénitiens, congneut qu'il ne pouvoit honnestement luy refuser ses gens sans manifestement l'injurier : ce qui feit demourer en branle tant les Venitiens, que les Espagnolz, ceux la par crainte, ceux ci par desir de recouvrer tout leur roiaume de Naples. D'autrepart le roy de France voulut estre de la partie, car desirant tenir le Pape en amitie pour chastier les Venitiens, il estimoit qu'il ne luy eust peu bonnement refuser du secours de ses gens, sans l'offenser apertement. laquelle activité tint en suspend, et arrest le Roy de Espagne, et Venitiens, ceux cy de crainte, et l'autre pour le desir, qu'il avoit de recouvrer tout le Royaume de Naples. D'autrepart le Roy de France se rangea incontinent de son costé, parautant que le voyant desia fort esbranlé, et advancé en ceste conqueste, et desirant le rendre son amy pour abbaisser les Venitiens, pensa qu'il ne luy pouvoit refuser secours de ses gens, sans manifestement l'irriter. ce qui fit demeurer en bransle tant les Venitiens, que les Espagnols, ceux là par crainte, ceux cy par desir de recouvrer tout leur royaume de Naples. D'autre part le roy de France voulut estre de la partie, car desirant tenir le Pape en amitié pour chastier les Venitiens, il estimoit qu'il ne luy eust pu bonnement refuser secours de ses gens, sans l'offencer manifestement.



Segment 22
Condusse adunque lulio con la sua mossa impetuosa quello che mai altro Pontifice, con tutta l'humana prudentia, havria condutto.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
tellement que pape Jule meit à fin une entreprinse par impetuosité que jamais ung autre prince avec toute prudence humaine n'eust sceu faire. Pape Iules doncques marchant luy mesmes hautainement paracheva ce que iamais autre Pape avec toute la prudence humaine n'eust faict : Parainsi Iulle second meit à chef par sa precipitée promptitude, ce qu'un autre Pape n'eust sçeu executer avecques toute l'humaine prudence. Pape Iules donques marchant luy-mesmes hautainement paracheva ce que iamais autre Pape avec toute la prudence humaine n'eust fait :



Segment 23
Perche s'ègli aspettava di partirsi da Roma con le conclusioni ferme et tutte le cose ordinate, come qualunche altro Pontifice harebbe fatto, mai non li riusciva, perche il Re di Francia havria trovate mille scuse et gli altri gli harebbero messo mille paure.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Car s'il eust actendu à partir de Romme que ses délibérations eussent esté consultées et toutes aultres choses arrestées par conseil, comme ung aultre pape eust faict, jamais il ne fut parvenu à son entreprinse. Car le roy de France eust trouvé mille excuses pour ne luy donner ses gens et les aultres luy eussent faict pæur en mille sortes. car s'il eust attendua partir de Romme, iusques a tant que touts les articles eussent este asseurez, et les choses bien ordonnees (comme eust faict quelque autre Pape) iamais l'affaire ne fust bien sortie. Pource que le roy de France eust trouve dix mille excuses, les autres luy eussent mis au devant inifiniz accidens a craindre. Car s'il eust voulu attendre, premier que partir de Rome, la conclusion de tous les articles, et la disposition de toutes les choses qu'un chascun eust estimé bon de faire estant en son lieu, il n'en fust oncq' venu au dessus : parce que le Roy de France luy eust ce pendant forgé mille execuses, et mille craintes, que les autres se fussent efforcez de luy donner. car s'il eust attendu à partir de Romme, iusques à tant que tous les articles eussent esté assurez & les choses bien ordonnées (comme eust fait quelque autre Pape) iamais l'affaire ne fust bien sorty. Pource que le Roy de France eust trouvé dix mille excuses, les autres luy eussent mis au devant infiniz accidens à craindre.



Segment 24
Io voglio lasciar' stare le altre sue attioni che tutte sono state simili, et tutte li sono successe bene: et la brevità della vita non li ha lasciato sentire il contrario, perche, sè fussero sopravenuti tempi che fusse bisognato procedere con respetti, ne seguiva la sua rovina, perche mai non harebbe deviato da quelli modi a quali la natura lo inchinava.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Je ne parleray point des autres actions qui furent toutes semblables et en toutes il fut heureux. Mais la briefveté de sa vie ne luy donna loysir de gouster le malheur que par la variation des temps luy pouvoit advenir. Car s'il fut venu ung temps auquel il est esté nécessaire de procéder avec respect, sa ruyne s'en fust ensuyvye et eust indubitablement esté malheureux, à cause qu'il n'eust jamais variez de sa coustume, à laquelle de nature il estoit subject. Ie me tairay de parler de ces autres actions, car elles ont este semblables, et toutes furent bien finies : mais la brevete de sa vie ne luy a pas laisse essaier le contraire, d'autant que si le temps fust survenu qu'il eust este besoing de se gouverner par une sage modestie, sa ruine s'en ensuyvoit, car il n'eust iamais change son stile, et ses façons naturelles. Ie veuz laisser à part ses autres gestes, qui ont esté tous semblables, et tous luy ont succedé à souhait. Aussi la briefveté de la vie luy a tollu le loisir d'experimenter le contraire : attendu que si la saison fust venue en laquelle eust esté besoing user de maturité, et posée deliberation, il n'eust gueres tardé à se destruire : parautant qu'il n'eust iamais abandonné la façon de proceder, ou nature l'inclinoit. Ie me tairay de parler de ses autres actions, car elles ont esté semblables, & toutes furent bien achevées : mais la breveté de sa vie ne luy a pas laissé essayer le contraire, d'autant que si le temps fust survenu qu'il eust esté besoin de se gouverner par une sage modestie, sa ruyne en ensuyvoit : car il n'eust iamais changé son stile & ses façons naturelles.



Segment 25
Conchiudo adunche che variando la Fortuna, et gli huomini stando ne i loro modi obstinati, sono felici mentre concordano insieme et, come discordano, sono infelici.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Je concludz donc que à cause que la fortune est tousjours variable et dautrepart les hommes obstinez à suyvre leur manière de faire, ilz sont heureux quand ilz s'accordent ensemble, et malheureux quand ilz discordent. Ie conclu doncques que selon le changement de la fortune, si les hommes demourent en leurs manieres entieres, ilz seront heureux s'ilz accordent avec le temps, s'ilz n'accordent pas, ilz seront malheureux. Doncques ie concluray, que se tournant et variant la fortune, et les hommes demeurant arrestez en leurs complexions, ilz sont heureux tant qu'elle s'accorde à leur humeur : et comme elle commance à discorder, soudain ilz descendent au bas de la rouë. Ie conclu donques que selon le changement de la fortune, si les hommes demeurent en leurs manieres entiers, ils seront heureux s'ils accordent avec le temps, s'ils n'accordent pas, ils seront mal-heureux.



Segment 26
Io iudico ben' questo, che sia meglio esser' impetuoso che respettivo perche la Fortuna è donna et è necessario (volendola tenere sotto) batterla et urtarla.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Bien est vray que j'estime qu'il soit beaucoup meilleur d'estre impétueux que respectif, à cause que la fortune est comme une femme, qui veut estre battue et poulsée pour estre dominée, Outre cela i'ay opinion, qu'il soit meilleur d'estre brave, que modeste : a cause que la fortune est maistresse, et qu'il est necessaire pour la tenir subiecte, de la batre et frapper : Mon advis est bien qu'il est meilleur d'estre chauld, et prompt à l'execution, que si froid et craintif : parce que la fortune est de la nature des femmes, laquelle il faut battre et esperonner pour en avoir la raison : Outre cela i'ay opinion, qu'il soit meilleur d'estre brave, que modeste : à cause que la fortune est maistresse, & qu'il est necessaire pour la tenir suiette, de la batre & choquer :



Segment 27
Et si vede che la si lascia più vincer' da questi, che da quelli che fredamente procedano. Et però sempre, come donna è amica de giovani, perche son' men respettivi, più feroci et con più audacia la comandano.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
et l'on veoit communément qu'elle se laisse plus gaigner par les impétueux, que par ceulx qui procèdent froidement. Et à ceste cause, comme les femmes, est amye des jeunes, car ilz sont plus hardiz, plus fiers, et ardentz, et avec plus grande force la contraignent et dominent sur elle. aussi voit on communement qu'elle se laisse plustost vaincre de ceux la, que des autres qui procedent froidement : car elle est tousiours amie des ieunes gens, comme femme, pource qu'ilz sont moins respectifz, plus courageux, et qui par leur audace commandent a la fortune. et voit on communément qu'elle se laisse plustost manier à ces hazardeux, qu'elle ne fait aux autres, qui entreprennent les choses tant froidement, et avec consideration. A ceste cause il n'est de merveilles, si comme femme, elle favorise tousiours les ieunes hommes, lesquelz sont moins consideratifz, plus feroces, et luy commandent avecques plus grande audace. aussi veoid on communement qu'elle se laisse plus tost vaincre de ceux-là, que des autres qui procedent froidement : car elle est tousiours amie des ieunes gens, comme femme, pource qu'ils sont moïns respectifs, plus courageux, & qui par leur audace luy commandent.