Chapitre 13.

Titre
De soldati ausiliarii misti et Proprij Cap .XIII.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Des gensdarmes auxiliares, meslez et propres. Chapitre XIII Des soldars qui viennent au secours, des meléz, et des propres. Chap. 13. Des Soudars Auxiliaires, Mixtes et Naturelz. Chapitre XIII Des soldats de secours meslez et propres. Chap. 13.



Segment 1
L'armi ausiliarie, che sono le altre armi inutili, son' quando si chiama un' potente, che con le armi sue ti venga ad aiutare et difendere, come fece ne prossimi tempi Papa Iulio, il qual' havendo visto ne l'impresa di Ferrara la trista pruova de le sue armi mercennarie, si volse a le ausiliarie et convenne con Ferrando Re di Spagna che con le sue genti et eserciti dovesse aiutarlo.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Les armes auxiliaires, que cy dessus j'ai dict estre aussy inutiles, sont quand tu requiers secours à ung seigneur puissant, affin qu'avec ses gens de guerre il te viegne ayder et défendre, comme de naguères a faict le pape, lequel après avoir congneu par expérience l'inutilité des gens mercennaires à l'entreprinse de Ferrare, se jecta sur ses auxiliaires et feit convention avec Ferrand roy d'Hespaigne, affin qu'il luy donnast secours. Les armes qui sont du secours, qui est l'autre sorte d'armes inutiles, c'est quand on appelle quelque potentat lequel avec ses forces nous vienne aider et deffendre comme a fait dernierement Pape Iules lequel voyant le pauvre chef d'euvre qu'avoient faict ses armes soudoiees au siege de Ferrare, se mist a demander secours, et de faict conclut avec Ferrand roy d'Espaigne qu'il le viendroit aider avec ses gens et son armee. Les armes Auxiliaires (qui est l'autre espece d'armes inutilles) sont quand tu appelles un tien puissant voisin pour te venir secourir, et defendre avecques ses gens, comme feit n'a pas longtemps, Pape Iulle : lequel ayant veu au voyage de Ferrare la meschante preuve de son armée Mercennaire, eut son refuge aux Auxiliaires, et feit paction avec Ferdinant Roy d'Espagne, pour luy donner secours de sa gendarmerie. Les armes qui sont de secours appellées auxiliaires, qui est l'autre sorte d'armes inutiles, c'est quand on appelle quelque potentat, lequel avec ses forces nous vienne aider & defendre, comme ha fait dernierement Pape Iules, lequel voyant le povre exploit qu'avoient fait ses bandes soudoiées au siege de Ferrare, se mit à demander secours, & de fait conclud avec Ferrand Roy d'Espaigne qu'il le viendroit ayder avec son armée.



Segment 2
Queste armi posson' esser' utili et buone per lor' medesime, ma son', per chi le chiama, sempre dannose, perche, perdendo, rimani disfato, et vincendo, resti lor' prigione.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Telz souldardz peuvent estre prouffitables à eulx mesmes, mais à celluy qui les faict venir ilz sont tousjours dommageables. Car en perdant une bataille il est destruict, et en gaignant il demoure leur prisonnier. Ceste maniere de gensdarmes peut bien estre bonne et prouffitable pour eux mesmes, mais a ceux qui les appellent est tousiours dommageable. Car si on perd, on demoure deffaict, et si on gaigne on demoure leur prisonnier. Ces armes peuvent estre pour leur propre faict bonnes, et profitables, mais elles sont tousiours dommageables à celuy, qui s'en sert : parce que s'il est vaincu, il demeure deffait avecques eux, et ayant victoire par leur moyen, il tombe en leur misericorde, et discretion. Cette maniere de gensd'armes peut bien estre bonne & profitable pour eux-mesmes, mais à ceux qui les appellent est tousiours dommageable. Car si on perd, on demeure deffait, & si on gaigne on demeure leur prisonnier.



Segment 3
Et ancora che di questi essempi ne sien' piene l'antiche historie, nondimanco io non mi voglio partir' da questo esempio di Papa Iulio Secondo, quale è ancor' fresco; il partito del ' quale non potè esser' manco considerato, per voler' Ferrara mettendosi tutto ne le man' d'un' forestiero.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Et combien que de telz exemples les anciennes hystoires soient pleines, touteffoys je me veulx tenir à l'exemple de pape Jules qui est encore bien fraiz. Lequel ne sçeut prendre party plus inconsideré, que cestuy cy, quand pour convoitise de prendre Ferrare, il se meit entièrement entre les mains d'ung estrangier. Et bien que les anciennes histoires soient pleines d'exemples pour cette matiere si est ce que ie ne me veux point partir de cestuy du Pape Iules II. car il est encores frez, duquel l'entreprise pour vouloir avoir Ferrare ne doit pas estre moins consideree, que ce qu'il a fait, se met tant entierement entre les mains d'un etranger : Et bien que les anciennes histoires soient farcies de ces exemples, si ne partiray ie point encores du propos de pape Iulle, lequel est fort frais, et recent, et digne d'esbahïssement sur tous autres, s'estant ainsi osé commettre entre les mains d'un estranger, à l'appetit d'une ambitieuse volonté, ou il estoit d'empietter Ferrare. Et bien que les anciennes histoires soient plaines d'exemples pour cette matiere, si est-ce que ie ne me veux point partir de cettuy du Pape Iules II. car il est encores frais, duquel l'entreprise de vouloir emporter Ferrare ne doit pas estre moins considerée que ce qu'il a fait, de se mettre entierement entre les mains d'un etranger :



Segment 4
Ma la sua buona fortuna fece nascer' una terza causa, accio non cogliessi il frutto della sua mala elettione, perche, essendo li ausiliarij suoi rotti a Ravenna, et surgendo i Svizeri che caccioron' i vincitori fuor' d' ogni opinione et sua et d'altri, venne a non rimanere prigione delli inimici, essendo fugati, ne de gli ausiliarij suoi, havendo vinto con altre armi che con le loro.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Mais sa bonne fortune remédiant à sa folye feit naistre ung tiers accident, qui luy fut prouffitable, à celle fin qu'il ne receut condigne recompense de sa maulvaise élection. Car quand ses auxiliaires furent defaictz à Ravenne, les Souysses y survindrent qui chassèrent soubdainement les vainqueurs contre son espérance et contre l'opinion d'ung chascun, tellement que par tel accident il ne fut prisonnier des ennemyz, qui furent chassez, ny des auxiliaires aussy qui n'avoient pas vaincu : tellement qu'il fut victorieux par autres gens que par eulx. mais sa bonne fortune fit naitre une tierce cause affin qu'il ne portast point la peine d'avoir mal choisi. Car estant son secours rompu a Ravenne et survenans les Suisses qui chasserent ceux qui avoient gaigne contre toute esperance, et de luy et d'un chacun, il advint qu'il ne demoura point prisonnier des ennemis, car ilz avoient este chassez, ny de ceux qui luy avoient porte secours, car ilz avoient gaigne avec autres forces que les siennes. Mais sa bonne fortune feit naistre un tiers accident, afin de luy tollir l'occasion de cueillir le mauvais fruit de son indiscrette election. Car apres que sa gent auxiliaire fut defaite à Ravenne, et la survenue des Suysses eut mis contre l'esperance de tout le monde, et la sienne, en fuitte les vaincqueurs Françoys, il evada la prison de ses ennemis, à cause qu'ilz furent ainsi repoulsez, ensemble celle de ses soudars auxiliaires, lesquelz avoient vaincu par autres armes que les leur. mais sa bonne fortune fit naistre une tierce cause à ce qu'il ne portast la peine d'avoir fait mauvaise election. Car estant son secours rompu à Ravenne & survenans les Suisses qui chasserent ceux qui avoient gaigné contre toute esperance & de luy & d'un chacun, il avint qu'il ne demoura pas prisonnier des ennemis (car ils avoient esté chassez) ne de ceux qui luy avoient porté secours, car ils avoient gaigné avec autres forces que les siennes.



Segment 5
I Fiorentini, essendo al tutto disarmati, condussero .X. milia Francesi a Pisa per espugnarla, per il qual' partito portorno più pericolo che in qualunche tempo de' travagli loro.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Les florentins aussy estant totallement désarmez feirent venir pour eulx dix mille Françoys à Pise pour la prendre, pour laquelle follye ilz tumbèrent en plus grand dangier de perdre leur estat que jamais auparavant ilz n'avoient esté. Les Florentins n'aiant assez de gens pour mener la guerre, conduisirent dix mille François a Pise pour la prendre, et par ce parti la ilz se mirent en plus grand danger qu'en quelque autre temps de leur entreprises. Les Florentins se trouvans totalement nuz, et destituez de compagnons de guerre, emprunterent dix mil Françoys pour prendre la ville de Pise : Qui fut un advis dont ilz emeurent plus de dangers, et inconveniens, qu'ilz n'avoient iamais fait auparavant en tous leurs affaires. Les Florentins n'aiant assez de gens pour mener la guerre, conduirent dix mille François à Pise pour la prendre & par ce party se mirent en plus grand danger qu'en quelque autre temps de leurs entreprinses.



Segment 6
Lo Imperadore di Constantinopoli, per opporsi alli suoi vicini, misse in Grecia dieci milia Turchi, li quali finita la guerra non se ne volser' partire, il che fù principio de la servitù de la Grecia con l' infideli.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
L'empereur de Constantinople voulant combattre ses voisins, meit en Græce dix mille Turcz, lesquelz après la guerre finie, ne s'en voulurent départir : qui fut la première cause de faire la Græce esclave aux infidelles. L'Empereur de Constantinople pour resister a ses voisins il mit en Grece dix mille Turcs, lesquelz la guerre finie ne s'en voulurent partir, ce qui fut commencement que les infideles subiugurent la Grece. L'Empereur de Constantinople pour resister à ses voisins, fit descendre dix mille Turcs en la Grece, dont ilz ne voulurent partir, nonobstant la guerre finie. Ce qui donna le commancement à la servitute, et captivité, ou les infidelles ont reduit ceste miserable contrée. L'Empereur de Constantinoble pour resister à ses voisins il mit en Grece dix mille Turcs, lesquels la guerre finie ne s'en voulurent partir, ce qui fut commencement que les infideles subiuguerent la Grece.



Segment 7
Colui adunque che vuole non poter' vincere, si vaglia di queste armi, perche sono molto più pericolose che le mercennarie.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Celluy doncques qui a envie de ne vaincre jamais, qu'il se serve de telles gens. Car ilz sont beaucoup plus dangereux que les mercennaires, Celuy donc qui veut ne pouvoir point gaigner, se face fort de ses armes la qui sont encores beaucoup plus dangereuses que les soudoiees : Qui doncques à volonté de ne pouvoir vaincre faut qu'il se serve de ces armes, lesquelles sont encores plus perilleuses que les Mercennaires, Celuy donc qui veut ne pouoir gaigner, se fasse fort de ces armes qui sont encores beaucoup plus dangeureuses que les soudoyées :



Segment 8
Perche in queste è la rovina fatta, son tutte unite, tutte volte a la obedientia d'altri, ma ne le mercennarie ad offenderti, vinto che l'hanno, bìsogna più tempo et miglior' occasione et non essendo tutte un corpo, et essendo et trovate, pagate da te; ne le quali un' terzo che tù facci capo non può pigliar' subito tanta autorità che t' offenda.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
pource qu'en iceulx la ruyne est toute preste : ilz sont uniz, tous enclins et tournez à l'obéissance daultruy. Mais aux mercennaires pour t'opprimer après la victoire il est besoing d'avoir plus de temps et plus grande occasion, pour raison qu'ilz ne sont pas tout ung corps, et qu'ilz sont trouvez et payez par toy tellement que un tiers que tu face chef, ne peult soubdainement acquérir envers eulx si grande authorité qu'il te puysse nuyre. car en celles ci la destruction est toute preste, pource qu'elles sont toutes unies et toutes accoustumees d'obeir a un autre qu'a toy. Mais les soudoiees quand bien elles auroient emporte la victoire si elles nous veullent nuire, il faut plus long temps et plus grandes occasions, n'estant point toutes en un corps, et puis qu'elles sont appellees et paiees de nous, envers lesquelles un tiers qu'on aura faict chef ne pourra pas si tost prendre si grande autorite qu'il les puisse tourner a nostre dommage. parce que ta ruyne est en elles plus prompte, et appareillée. Elles sont toutes unies, et inclinées à l'obeissance d'un autre, que toy. Mais il est de besoing aux Mercennaires, si elles ont vaincu, avoir du temps d'avantage, et plus grande occasion pour te nuyre, n'estans toutes un mesme corps, ains une bande par toy ramassée de divers endroitz, et soudoyée : sur lesquelles si tu preposes un tiers, qui en soit chef, il n'y peut pas si soudainement acquerir tant d'authorité, qu'il aye le moyen de te pouvoir fascher. car en celles-cy la destruction est toute preste, pource qu'elles sont toutes unies & toutes accoustumées d'obeir à un autre qu'à toy. Mais les soudoyées quand bien elles auroient emporté la victoire si elles nous veulent nuire, il faut plus long temps & plus grandes occasions, n'estant point toutes en un corps, & puis qu'elles sont appellées & paiées de nous, envers lesquelles un tiers qu'on aura fait chef ne pourra pas si tost prendre si grande autorité qu'il les puisse tourner à nostre dommage.



Segment 9
In somma, nelle mercennarie, è più pericolosa la ignavia et pigritia al conbattere, nelle ausiliarie, la virtù.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
En somme je concluz que es mercennaires il y a plus grand dangier pour leur grande lascheté, ez auxiliaires pour leur vertu. Bref es armees soudoiees la paresse et lachete a batailler est plus dangereuse, au secours la vaillance et courage. Pour conclusion il faut craindre la lascheté des Mercennaires, et la promptitude des Auxilaires. Bref és armées soudoiées la paresse & lacheté à batailler est plus dangereuse, au secours la vaillance & le courage.



Segment 10
Un' Principe pertanto savio sempre ha fuggito queste armi et voltosi a le proprie, et ha voluto più tosto perdere con le sue che vincer' con l'altrui, giudicando non verà vittoria quella che con le armi d'altri s'acquistasse.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Parquoy ung saige prince doibt tousjours fuyr l'usage de telles armes et se fonder sur les propres, et plustost se contenter de perdre avec les siens, que gaigner avec ceulx daultruy. Donc un Prince sage tousiours evitera ces armes et se rengera au siennes mesmes, voulant plus tost perdre avec les siennes, que gaigner avec les etrangeres, estimant cette victoire n'estre point vraye quand on l'aqueste par les forces d'autruy. Parquoy un sage Prince les fuyra tousiours pour emploier les siennes propres avec lesquelles il aimera mieux perdre, que vaindre, par l'ayde des empruntées : estimant n'estre point vraye victoire, celle qui s'acquiert par les armes d'autruy. Donc un Prince sage tousiours evitera telles armes & se fondera sur les siennes propres, voulant plus tost perdre avec les siennes, que gaigner avec les etrangeres, estimant la victoire n'estre point vraye qui est acquise par les forces d'autruy.



Segment 11
Io non dubiterò mai di allegar' Cesare Borgia, et le sue attioni. Questo Duca entrò in Romagna con l' armi ausiliarie, conducendovi tutte genti Francese, et con quelle prese Imola et Forlì; ma non li parendo poi tal' armi sicure, si volse a le mercennarie, giudicando in quelle manco pericolo, et soldò gli Orsini, et Vitelli; li quali poi nel' maneggiare truovando dubie et infideli et pericolose le spense et volsesi a le proprie.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Si allégueray sur ce point César Borgia et ses gestes, et n'auray jamais honte de le mectre en avant. Ce Duc entra en Romaigne avec les auxiliaires qui estoient tous Françoys et avec eulx print Imola. Mais acause qu'il sçavoit que telles gens ne sont jamais fidèles, il se meit à prendre les mercennaires, jugeant qu'en iceulx il y eust moins de dangier, et souldoya les Ursins et les Vitelles et au manier les trouvant desloyaux, variables et périlleux, les cassa, et print ses propres souldardz. Ie ne feray point difficulte d'alleguer Cæsar Borge ses œuvres et fais, Borge entra en la Romagne avec les soldars François qui luy estoient venuz au secours, et par leur aide il prist Imole et Furli : mais ne luy estant point avis que telles armes fussent fort seures il se mist en avoir de soudoiees, pensant qu'il y eust moins de danger, et soudoia des Ursins et des Vitelles, lesquelz apres (quand ce venoit a les employer) trouvant doubles, sans foy, et fort perilleux, les cassa, et pensa d'avoir des gens de ses propres païs, Ie ne crainderay iamais d'alleguer Cesar Borgia, et ses gestes, lequel entra en la Romaigne accompagné seullement de forces Auxiliaires : car tous ses soudars estoient Françoys, par le moyen desquelz il prit Immole, et Furly. Toutesfois ne se fiant pas beaucoup en eux, il les licentia, et se meit apres les Mercennaires, pensant en icelles avoir moins de danger, et soudoia les Ursins, et Vitelles. Depuis les trouvant à l'espreuve doubles, et infidelles, il les vous cassa incontinent, et convertit de là en avant son esprit au service des Propres, et Naturelles. Ie ne feray point difficulté d'alleguer Cesar Borge & ses gestes. Borge entra en la Romagne avec ses soldats François qui luy estoient venuz au secours, & par leur ayde print Imola & Furli : mais ne luy estant point avis que telles armes fussent fort sures, il se mit à en avoir de soudoyées, pensant qu'il y eust moins de danger & soudoya des Ursins & des Vitelles : lesquels apres (quand ce venoit à les employer) trouvant doubles, sans foy, & fort perilleux, les cassa, & avisa d'avoir des gens de ses propres païs,



Segment 12
Et puosi facilmente vedere che differentia è fra l'una et l'altra di quest' armi, considerato che differentia fu da la reputation' del' Duca quando haveva i Francesi soli, et quando haveva gli Orsini et Vitelli, et quando rimase con li soldati suoi et sopra di se stesso, si truoverrà sempre accresciuta, ne mai fù stimato assai se non quando ciascun' vedde che gl' era intero possessor' delle sue armi.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Or l'on peult veoir aiseement quelle différence il y a des ungs aux aultres, si l'on considère quelle différence il y eut de la réputation et puissance du Duc, quand il tenoit les Françoys, ou les Ursins et Vitelles, à quand il faisoit la guerre avec ses propres souldardz, se fyant à soi mesmes, et l'on trouvera qu'elle fut tousjours augumentée. Car il ne fut oncq bien redoubté sinon après que tout le monde le veid paisible possesseur de ses armes. et pouvoit on bien facilement voir quelle difference il y avoit entre l'une et l'autre de ces armes. Considere combien il y avoit a dire de sa reputation quand il avoit les François seulement, et quand il avoit les Ursins et Vitelles, et quand il demoura avec ses soldars ne dependant que de luy mesmes, et trouvera on qu'elle est tousiours augmentee, et iamais ne fut beaucoup estime sinon quand un chacun vid qu'il tenoit entierement ses forces en sa main. En quoy il feit clairement congnoistre la diversté, qui est entre ces deux manieres d'armes, veu la difference de reputation qu'il eut du temps que les Françoys le servirent, et quand il s'accomoda depuis des Ursins, et Vitelles. Et lors qu'il demeura content de ses soudars Naturelz, ne s'appuiant que sur soy. Certes on l'estima bien plus le voyant en ce dernier estat, et n'en avoit on auparavant iamais fait grand compte, iusques à ce, que l'on veit entier possesseur de ses forces. & pouoit on bien facilement voir quelle difference il y avoit entre l'une & l'autre de ces armées. Consideré combien y avoit à dire de sa reputation quand il avoit les François seulement, & quand il avoit les Ursins & Vitelles, & quand il demeura avec ses soldats ne dependant que de soy-mesme. Or se trouvera qu'elle a esté tousiours augmentée, & que iamais ne fut beaucoup estimé sinon quand chacun veid qu'il tenoit entierement ses forces en sa main.



Segment 13
Io non mi volevo partir' da li essempi Italiani et freschi, pur' voglio non lasciar' indrieto Hierone Siracusano, essendo uno de sopra nominati da me.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Je disoys cy dessus que ne me départiroys des exemples d'Italie, touttefoys je ne veulx obmettre Hyéron Syracusain qui a esté cy dessus mentionné. Ie ne me voulois pas encores partir des exemples Italiens et nouveaux, toutesfois ie ne veux point oublier derriere Hieron de Syracuse estant un de ceux la que i'avois devant nomme. Ie n'avois point volonté sortir hors des exemples Italiens, qui sont de fresche memoire : toutesfois ie ne puis laisser en arriere Hiero le Siracusain, duquel i'ay cy dessus fait mention. Ie ne me voulois pas encores elogner des exemples Italiens & nouveaux, toutefois ie ne veux point oublier derriere Hieron de Saragouse, estant un de ceux que i'avois devant nommé.



Segment 14
Costui come di già dissi, fatto da li Siracusani capo de li eserciti, conobbe subito quella militia mercennaria non esser' utile, per esser' conduttori fatti come li nostri Italiani, et parendoli non li poter' tener' ne lasciar', gli fece tutti tagliar' a pezi, di poi fece guerra con l'armi sua et non con l'altrui.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Cestuy cy comme dict est, estant chef des armes Syracusaines, cogneut du premier coup la gensdarmerie mercennaire estre inutile à cause que leurs Capitaines estoient comme sont aujourdhuy les nostres d'Italie. Si congneut aussy qu'il ne les pouvoit honnestement casser, ny seurement tenir, tellement qu'il trouva que c'estoy le meilleur de les mectre tous en pièces, comme il feit, et depuis feit une nouvelle armée de ses gens, sans se servir des armes daultruy. Cestuy cy donc comme i'ay desia dit fut faict chef du camp de ceux de Syracuse. Or conneust il incontinent que cette gendarmerie soudoiee n'estoit point fort proufitable, d'autant que les gouverneurs en estoient fais comme sont les nostres d'Italie, et luy estant bien advis qu'il ne les pouvoit bonnement ny retenir ny casser, il les fit tous tailler en pieces : et par apres il mena guerre de ses propres forces, et non pas etrangeres. Cestuy cy (comme vous avez cy dessus peu entendre) se voyant lieutenant general de l'armée des Siracusains, ne tarda gueres à congnoistre l'inutilité de la gendarmerie Mercennaire, voyant les Capitaines d'icelles estre tous telz, que sont les nostres Italiens. Et iugeant en luy mesmes, qu'il ne les pouvoit ne profitablement retenir, ne seurement envoyer, les vous feit mettre un beau iour tous en pieces. Depuis il mena la guerre avecques ses simples forces, sans se servir du secours d'autruy. Il fut donc (comme i'ay desia dit) fait chef du camp de ceux de Saragouse. Or connut il incontinant que cette gend'armerie soudoyée n'estoit pas fort utile, d'autant que les gouverneurs en estoient faits comme sont les notres d'Italie, & luy estant bien avis qu'il ne les pouoit bonnement ne retenir ne casser, il les fit tous tailler en pieces : & aprez il mena guerre avec ses propres forces nompas etrangeres.



Segment 15
Voglio ancora ridurre a memoria una figura del' testamento vecchio fatta a questo proposito.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Il y a une figure au vieil testament, qui sert à mon jugement à ce propos. Encores veux ie bien remettre en memoire une histoire du viel testament faisant a ce propos : Ie veux outre cecy reduire en souvenance une figure du vieux testament accommodable à ce propos. Encores veux-ie bien remettre en memoire une histoire du viel testament faisant à ce propos :



Segment 16
Offerendosi Davit a Saul d'andar' a combattere con Golia provocatore Filisteo, Saul, per dar'li animo, l' armò de l'armi sue, le quali, come Davit hebbe in dosso, recusò, dicendo con quelle non si poter' ben' valere di se stesso, et però voleva truovar' il nimico con la sua fromba et con il suo coltello.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Quand David se vint offrir à Saul d'aller combattre Goliath Philistin provocateur en bataille de seul à seul, Saul pour luy faire couraige l'arma de son harnoys : lequel David, après l'avoir essayé sur son doz, refusa tout à plat, allégant qu'il n'estoit pas là dedans à son aise et delivré de sa personne, et qu'il ne vouloit que son cousteau et sa fronde. Quand David s'offrit a Saul d'aller combatre Goliath Philistien, qui avoit deffie Saul, pour luy donner courage il l'arma de ses armes lesquelles aussi tost que David eut endossees, il refusa disant qu'il ne s'en pouvoit bien aider, pource qu'il vouloit aller trouver son ennemi avec sa fronde et son glaive. Qui est que se presentant David au Roy Saül pour aller combatre Goliath le provocateur Philistin. Saül pour l'enhardir d'avantage, luy feist vestir ses armes, lesquelles David refusa, les ayant une fois mises sur ses espaules, disant ne se pouvoir aucunement ayder ne manier en icelles : Et partant il ne vouloit affronter son ennemy, qu'avecques sa fonde, et son braquemard. Quand David s'offrit à Saul d'aller combatre Goliath Philistien, qui avoit deffié Saul, pour luy donner courage il l'arma de ses armes, lesquelles aussi tost que David eut endossées, il refusa disant qu'il ne s'en pouvoit bien ayder, parce qu'il vouloit aller trouver son ennemy avec sa fronde & son glaive :



Segment 17
In somma, l' armi d' altri o le ti cascon' di dosso o le ti pesano o le ti stringono.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Somme toute les armes daultruy te cheoient des espaules, ou te foullent, ou t'estraignent. Conclusion, les armes d'autruy ou te cheent du dos ou te pesent trop, ou te serrent fort. Dont allegoriquement nous pouvons tirer, que les armes d'autruy ou te sont trop amples, ou trop estroittes, ou bien trop pesantes. Conclusion, les armes d'autruy ou te cheent du dos, ou te poisent trop, ou te serrent fort.



Segment 18
Carlo Settimo, padre del' Re Luigi .XI., havendo con la sua fortuna et virtù liberata Francia da gli Inghilesi, conobbe questa necessità d' armarsi d' armi proprie et ordinò nel' suo regno l'ordinanze de le genti d'arme et de le fanterie.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Charles VII père de Loys XI, roy de France, ayant par sa vertu et fortune, delivré la France des Angloys, congneut qu'il estoit nécessaire d'avoir des gens de guerre de son pays propre, et à ceste cause ordonna en son royaulme les ordonnances des hommes d'armes, et de gens de pied. Charles VII. pere du Roy Loüys aiant par sa grande fortune et vertu delivre la France des Angloys, il conneust bien qu'il estoit necessaire de se garnir de ses forces, instituant en son roiaume les ordonnances des hommes d'armes, et compagnies des gens de pied. Charles septiesme pere de Loys onziesme, apres avoir, moyennant sa bonne fortune, et vertu, delivré la France des Anglois, entendit fort bien, qu'elle estoit la necessité s'armer de ses propres armes. Au moyen dequoy il institua en son Royaume les ordonnances de sa gendarmerie et gens de pié. Charles VII. pere du Roy Loüys ayant par sa grande fortune & vertu delivré la France des Anglois, il connut bien qu'il estoit necessaire de se garnir de ses forces, instituant en son roïaume les ordonnances des hommes d'armes & compagnies des gens de pied.



Segment 19
Dipoi el Re Luigi suo figliolo spense quella de fanti et cominciò a soldare Svizeri, il qual' error' seguitato da gli altri è (come si vede hora in fatto) cagion de' pericoli di quel' regno.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Depuis le roy Loys son filz, cassa l'ordonnance de gens de pied, et au lieu diceulx commença à souldoyer les Souysses, laquelle faulte suyvye par les aultres roys, est cause, comme l'on veoit de faict, que ledict royaulme est subiect à plusieurs dangiers Depuis le roy Loüys son filz abolist ceste la des gens de pied, et commença de soudoier les Suisses : laquelle faute que les autres Roys ont suyvie, est cause (comme on le voit auiourd'huy par experience) des perilz de ce roiaume. Depuis son filz Loys supprima la fanterie de ses païs, et commença à soudoier les Suysses : qui est un faute, laquelle suyvie par ses successeurs donne occasion (comme de fait il se voit mesmes auiourd'huy) à tous les dangers, et inconveniens, ou ce Royaume est subiet. Depuis le roy Loüys son fils abolist celle des gens de pied, & commença de soudoyer les Suisses : laquelle faute que les autres Roys ont suyvie, est cause (comme on le void auiourd'huy par experience) des perilz de ce royaume.



Segment 20
Perche, havendo dato reputatione a Svizeri, ha invilito tutte l'armi sue, perche le fanterie ha spente et le sue genti d'armi ha obligate a l'armi d' altri, perche essendo assuefatti a militar' con Svizeri, non par' lor' di poter' vincer' senza essi.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Car en donnant grand vogue aux Souysses, ilz ont totallement osté le credit aux armes propres, n'ayant point de fanterie de leur royaulme, et ont tellement asservy leurs hommes d'armes aux gens de pied estrangiers, que pour estre accoustumez à combattre avec les Souysses, ilz pensent ne pouvoir gaigner une bataille sans eulx. Car donnant reputation aux Suisses, il abatardit ses forces, et aneantist sa fanterie obligeant a d'autres ses gens de cheval : pource que estant accoustumez a combatre quantetquant les Suisses il leur est a ceste heure avis qu'ilz ne pourront gaigner s'il ne sont avec eux. Car ayant mis en reputation les Suysses, il annonchallit, et anneantit toutes ses forces naturelles : parce qu'il cassa entierement ses gens de pié, et obligea et rendit affectez ses gens de cheval aux armes d'aultruy : lesquelz pour estre accoustumez de batailler avecques les Suysses, se sont desia persuadez ne pouvoir vaincre sans iceux. Car donnant reputation aux Suisses, il abatardit ses forces, & aneantist sa fanterie obligeant à d'autres ses gens de cheval : pource qu'estant accoustumez à combatre avec les Suisses, il leur est à cette heure avis qu'ils ne pourront iamais bien faire sans eux.



Segment 21
Di qui nasce che li Francesi contro a Svizeri non bastino, et senza Svizeri contro ad altri, non pruovano.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Voylà aussy d'où il advient que les Françoys ordinairement ne sont assez fortz contre les Souysses, et sans les Souysses aussy ne sont rien qui vaille contres les aultres. De la vient que les François ne sont pas pour les Suisses, et sans eux ilz ne s'essaient point contre les autres. De là procede que les Françoys ne peuvent suffire, seulz contre les Suysses, et si ne font pas grand exploit sans leur ayde contre autruy. De là vient que les François ne sont pas pour les Suisses, & sans eux ils ne s'essaient point contre les autres.



Segment 22
Sono adunque stati li eserciti di Francia misti, parte mercennarij et parte proprij, le quali armi tutte insieme son' molto megliori che le semplici mercennarie o le semplici ausiliarie, et molto inferiori a le proprie.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Les armées doncq des Francoys ont esté meslées, partie des mercennaires, partie des propres. Lesquelles ensemble sont beaucoup meilleures que les mercennaires ou auxiliaires, et beaucoup moindre que les propres : Doncques les ostz des François sont melez en partie d'etrangers soudoiees, en partie de propres, lesquelles armees toutes ensemble sont beaucoup meilleures que les pures etrangeres, ou le simple secours : aussi ne sont elles pas si bonnes que celles qui sont de propres subiectz et gens du païs mesme seulement, Parainsi l'excercite de France à presque tousiours esté meslée, partie de gent Mercennaires, partie de Naturelle : lesquelz ensemble sont encores meilleurs, que les simples Mercennaires, ou Auxiliaires : et beaucoup inferieurs aux propres, Donques les ostz des François sont meslez en partie d'etrangers soudoyez, en partie des propres, lesquelles armées toutes ensemble sont beaucoup meilleures que les pures etrangeres, ou le simple secours : aussi ne sont elles pas si bonnes que celles qui sont de propres suietz & gens du païs mesme seulement,



Segment 23
Et basti l' essempio detto, perche il regno di Francia sarebbe insuperabile se l'ordin' di Carlo era accresciuto o preservato, ma la poca prudentia de gli huomini comincia una cosa che, per saper' al'hora di buono, non manifesta il veleno che v' è sotto, com' io dissi disopra de le febri ettice.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
et sur ce n'allégueray aultre exemple que le susdict. Car à la vérité le royaulme de France seroit insupérable, si les ordonnances de Charles eussent esté gardées comme il falloit, mais l'imprudence des hommes commence souvent une chose, laquelle pour avoir quelque odeur de bien en soy, ne manifeste point le venin dessoubz caché, comme cy dessus j'ay dict des fiebvres éthiques. et sufise pour ceci l'exemple que i'en ay donne : car le roiaume de France seroit invincible si le bon ordre qu'establist le roy Charles estoit augmente ou continue. Mais le peu de iugement et sagesse qui est aux personnes leur faict commencer une chose, laquelle par sembler estre bonne ne montre point encores son venin, qui est dessoubz cache : comme i'ay devant dict des fiebvres ethiques. comme l'exemple dessudict assez le tesmoigne. Et n'y a point de doubte, que la puissance Françoise seroit invincible, si l'institution de Charles septiesme estoit augmentée, ou bien entretenue. Mais la petite prudence des hommes met volontiers choses en avant, qui pour avoir quelque apparence de bonté, cachent soubz elles leur venin : ainsi que nous avons cy devant parlé des fievres etiques. & suffise pour cecy l'exemple que i'en ay donné : car le royaume de France seroit invincible si le bon ordre qu'establit le roy Charles estoit augmenté ou continué. Mais le peu de iugement & sagesse qui est aux personnes leur fait commencer une chose, laquelle par semblance d'estre bonne, ne montre point encores son venin, qui est dessoub caché : comme i'ay devant dit des fievres ethiques.



Segment 24
Pertanto colui che in un' Principato non conosce i mali se non quando essi nascono, non è veramente savio; et questo è dato a pochi.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Et ung prince qui ne s'apperçoit du mal sinon quand il apparoit n'est pas vraiment saige, et à la verité ceste grâce est donnée à bien peu de gens. Pour ceste cause celuy qui en une Principaute ne congnoist point les dangers et maux sinon quand ilz sont grans, certainement il n'est pas sage : Mais peu de gens ont ceste grace. Parquoy si celuy qui est constitué en principauté ne congnoist les maux avant leur origine, il n'est point veritablement sage, chose qui toutesfois est de Dieu donnée à bien peu. A cette cause celuy qui en une Principauté ne connoist point les dangers & maux sinon quand ils sont grandz, certainement il n'est pas sage : Mais peu de gens ont ce don de grace.



Segment 25
Et se si considerassi la prima rovina del' Imperio Romano, si truoverrà esser' stato solo il cominciar' a soldar' Gothi, perche da quel' principio cominciorno ad enervare le forze del' Imperio Romano, et tutta quella virtù, che si levava da lui, si dava a loro.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Davantaige si l'on considère d'où est procédée la première ruyne de l'empire romain, on trouvera que ce fut dès le premier souldoyement des Goths. Pource qu'alors on commenca à énerver et affoiblir les forces de l'empire Romain et toute la vertu qui en leur deffalloit se augmentoit aux estrangiers. Et si on veut bien considerer la premiere destruction de l'Empire de Romme on trouvera que c'a este d'avoir soudoie des Goths. Car des ce commencement ilz abastardirent les forces de l'Empire, et toute ceste vertu qui se perdoit de la part des Rommains s'aioustoit a l'endroit des Goths : Et si lon veut considerer la premiere ruyne de l'Empire Romain, elle se trouvera n'estre venue d'ailleurs que pour avoir soudoyé les Gotz : parce que de ceste entrée ilz commencerent à enerver les forces de l'Empire, et osterent aux Romains leurs ancienne vertu, pour se l'aproprier. Et si on veut bien considerer la premiere destruction de l'Empire de Romme, on trouvera que ç'a esté d'avoir soudoyé des Goths. Car des ce commencement ils abastardirent les forces de l'Empire, & toute cette vertu qui se perdoit de la part des Rommains, s'aioustoit aux Goths :



Segment 26
Conchiudo adunque che, senza havere' armi proprie, nessun' Principato è securo, anzi è tutto obligato a la fortuna, non havendo virtù che ne l' adversità lo difenda. Et fù sempre opinione et sententia de gli huomini savij che niente sia così infermo et instabile com' è la fama della potentia, non fondata ne le forze propie,.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Dont je concludz qu'il n'y a principauté asseurée sans avoir des gens de son pays, ains est totallement subjecte à la fortune, n'ayant aucune vertu qui la défende en temps d'adversité. Car l'opinion des saiges a tousjours esté telle qu'il n'y a rien si débile que la renommée de grande puissance non fondée sur forces propres. Somme que si une Principaute n'est bien garnie des propres gensdarmes, iamais ne sera seure, mais est toute dependante de la fortune, n'aiant point autre vertu qui la defende en l'adversite. Mesmes a este tousiours une opinion et dict on des gens sages, qu'il n'y a rien plus incertain, et moins seur que le bruit d'estre puissant et n'estre point fonde en forces propres. Ma conclusion sera doncques, que le Prince n'estant fort de ses propres armes, ne peut bien estre asseuré : ains tiendra perpetuellement de la fortune, n'ayant aucun certain moyen, dont il doive esperer secours en adversité. Et à tousiours esté l'opinion et commun dire des sages, qu'il n'y a rien si foible, et muable comme est la renommée d'une puissance, non fondée sur les propres forces, Somme que si une Principauté n'est bien garnie de propres gensd'armes, iamais ne sera sure, ains est toute dependante de la fortune, n'aiant point autre vertu qui la defende en l'adversité. Mesmemment a esté tousiours une opinion & dicton des sages, qu'il n'y a rien plus incertain, & moins sur que le bruit d'estre puissant & n'estre point fondé en forces propres.



Segment 27
Et l'armi proprie son' quelle che son' composte di sudditi o di Cittadini o di creati tuoi, tutte l' altre sono mercennarie o aussiliarie, et il modo ad ordinar' l'armi proprie sara facile a truovare, se si discorreranno gli ordini sopranominati da me, et se si vedrà come Philippo, padre di Alessandro Magno, et come molte Republiche et Principi si sono armati, et ordinati a quali ordini io mi rimetto al tutto.
Jacques de Vintimille Guillaume Cappel Gaspard d'Auvergne Jacques Gohory
Les armes propres sont les gens de guerres qu'ung prince choisist de se subjects, ou de ses citoyens ou de ceulx qu'il a nourryz, tous aultres souldards sont mercennaires ou auxiliaires. Et quand à la manière de créer une armée propre elle seroit aysée à trouver si l'on discouroit les ordonnances cy dessus par moy touchées et si l'on se mectoit en imitation des ordres que Philippe père d'Alexandre le Grand, et plusieurs aultres Républiques et princes ont inventé pour s'armer, ausquelz totallement je me refère. Les propres forces sont celles qui sont assemblees de tes subiectz ou citoyens, ou d'autres gens que tu auras faicts : toutes les autres especes sont soudoiees, ou de secours etranger. Et la maniere comment il faut songner pour avoir des propres gensdarmes sera facile a trouver si on discourt les ordres et bons gouvernemens que i'ay dessus nommez, et si on considere comment Philippe pere d'Alexandre le grand, et comme beaucoup d'autres Republiques et Princes se sont fortifiez et armez : Vous remettant a ces institutions la. lesquelles se font, et composent de tes subietz, citadins, ou gens par toy nourris, et eslevez : toutes les autres ont la nature de Mercennaires, ou Auxiliaires. La maniere de les ordonner, et establir sera de facile invention, si lon regarde bien à la façon, que i'en ay cy devant designée. Et comme Phelippe pere d'Alexandre le grand, et plusieurs autres Princes et Republicques se sont fortifiez et mis en ordre : à quoy ie me remetz du tout. Les propres forces sont celles qui sont assemblées de tes suiets ou citoyens, ou d'autres gens que tu auras faits : toutes les autres especes sont soudoyées, ou de secours etranger. Et la maniere comme il faut songner pour avoir de propres gensd'armes sera facile à trouver, si on discourt les ordres & bons gouvernemens que i'ay dessus nommez, & si on considere comme Philippe pere d'Alexandre le grand, & comme beaucoup d'autres Republiques & Princes se sont fortifiez & armez : Vous remettant à telz establissemens.