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Perche il regno di Dario da Alessandro occupato non si rebellò da li successori di Alessandro doppò la morte sua. Cap .IIII. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Discours à sçavoir qui fut la cause que le royaume des Perses occupé par Alexandre le Grand, n'esmeut aucune rébellion contre ses successeurs après sa mort et celle de Darius leur roy. Chapitre IV | Pourquoy c'est que le royaume de Daire occupé d'Alexandre ne se revolta point des successeurs d'Alexandre apres sa mort Chap. 4. | D'ou proceda que le Royaume de Darius occupé par Alexandre le grand, ne se rebella contre les successeurs dudict Alexandre, apres la mort. Chapitre IIII. | Pourquoy le royaume de Darius occupé par Alexandre ne se revolta contre ses successeurs apres sa mort. Chapitre 4. |
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Considerate le difficultà le quali si hanno in tenere un' stato acquistato di nuovo, potrebbe alcuno maravigliarsi donde nacque che Alessandro Magno diventò Signore de l'Asia in pochi anni et, non l'havendo appena occupata, morì: donde pareva ragionevole che tutto quello stato si rebellassi, nondimeno li successori suoi se lo mantennero et non hebbono, a tenerselo, altra difficultà, che quella che infra loro medesimi per propria ambitione nacque. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Après avoir consideré les difficultez qui sont à tenir un estat nouvellement conquesté un bon esprit discourant sur les anciennes hystoires se pourroit émerveiller d'où il advint, qu'Alexandre le Grand se saisist du royaume des Perses, et devint seigneur de toute l'Asie en peu d'années, et n'en fust pas si tost en possession paisible, qu'il mourut, dont il sembloit infaliblement que les peuples d'Asie eussent juste cause d'eulx révolter à faire nouveauté alencontre des successeurs dicelluy. Ce néantmoins lesdictz successeurs maintindrent paisiblement la monarchie de toute l'Asie qui auparavant avoit esté dominée par les Perses et dernièrement par Darius, et n'eurent à la tenir aucune difficulté, hormis celle qui nacquit entre eux par leur particulière ambition et envye l'un de l'aultre. | Apres avoir dechiffre les difficultez qui peuvent eschoir a tenir ung païs conqueste de nouveau, si quelcun s'emerveilloit, (comme certes il y a de l'apparence) d'ou vient cela qu'Alexandre le grand gaigna toute l'Asie en peu d'annees, et ne l'ayant pas a grand peine toute vaincue deceda : Dont il s'embloit que tout le païs se deust revolter, neantmoins ses successeurs le maintindrent fort bien, et n'eurent a le garder aucun empeschement que celuy la qui venoit d'eux par leur ambition mesme. | Ayant consideré les difficultez, qui gisent en la longue retention d'un estat nouvellement acquis, quelqu'un se pourroit esbahir, d'ou seroit procede, qu'Alexandre le grand devint en l'espace de bien peu d'années dominateur de toute l'Asie, et mourut avant que de l'avoir a peine occupée. Ce qui devoit si les raisons cy devant deduictes avoient lieu, donner matiere de rebellion à tous ces païs. Toutesfois les successeurs en furent longuement paisibles, et n'eurent autre peine a garder ce, qu'il leur avoit laissé, que celle qui nasquit entr'eux de leurs propres cupiditez, et ambitions. | Apres avoir deduit les difficultez qui peuvent escheoir à tenir un païs conquesté nouvellement, si quelqu'un s'esmerveilloit, (comme certes y a de l'apparence) d'où proceda qu'Alexandre le grand conquit toute l'Asie en peu d'années, & ne l'ayant pas à grand'peine achevee d'occuper, il deceda : dont il sembloit que tout le païs se deust revolter, neanmoins ses successeurs le maintindrent fort bien, & n'eurent à le garder aucun empeschement que celuy qui provenoit d'eux par leur ambition mesme. |
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Rispondo come i Principati de quali si ha memoria si truovano governati in doi modi diversi o per un' Principe et tutti li altri servi, i quali come ministri per gratia et concessione sua aiutano governare quel Regno, o per un' Principe et per Baroni, i quali, non per gratia del' Signore, ma per antichita di sangue tengono quel' grado. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
À ce je respondz que nous trouvons les principaultez estre gouvernées en deux manières diverses, ou par un prince qui soit seul seigneur et que tous ses subjetctz soient serfz, lesquelz comme ministres par la grâce et soumission dicelluy sont seulement coadjuteurs à gouverner et distribuer la justice du royaulme, ou bien par un prince éminent sur plusieurs autres barons et seigneurs. Lesquelz non par la grâce du seigneur, mais de toute ancienneté par la noblesse de leur lignée tiennent en icelluy estat quelque degrè ou préeminence. | Ie responds que toutes les principautez desquelles la memoire dure, se trouvent avoir este gouverneez en deux diverses manieres, ou par un Prince avecques d'autres vassaux, lesquelz comme ses ministres par sa grace et permission aident a gouverner cette Seigneurie, ou par un prince et d'autres barons, lesquelz non par la grace que le Seigneur leur face, mais par ancienneté de leur sang tiennent ce rang. | Ie respons à cela, que les Empires (desquelz ilz se treuve aucune chose par escript) ont esté gouvernez en deux diverses manieres : C'est a sçavoir ou par un Prince et ses subiectz tenus comme serfz et esclaves, lesquelz soubz sa grace, et permission luy aydent à defendre son royaume. Ou bien par un Prince et ses barons, qui luy sont coadiuteurs au gouvernement de ses terres, non tant pour la faveur du souverain, que pour l'ancienneté, et noblesse de leur race, qui les autorise d'eux mesmes en ce maniment. | Ie responds que toutes les principautez desquelles la memoire dure, se trouvent avoir esté gouvernees en deux diverses manieres, ou par un Prince avec d'autres vassaux, lesquels comme ses ministres par sa grace & permission aydent à regir la Seigneurie, ou par un Prince & d'autres Barons, lesquels non par la grace que le Seigneur leur face, mais par ancienneté de leur sang tiennent ce reng & autorité. |
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Questi tali Baroni hanno stati et sudditi proprij, li quali gli riconoscono per signori et hanno in loro naturale affettione. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Ces barons cy ont estatz et subjectz propres qui les recongnoissent pour seigneurs et leurs portent une naturelle affection et obéissance. | Ces barons tiennent des estatz et seigneuries propres a eux, lesqueles le recongnoissent pour Seigneur et luy portent une affection naturelle. | Or ces barons icy ont des subietz propres a eux, qui les recongnoissent pour seigneurs, et leur portent affection naturelle. | Ces Barons tiennent des estats & seigneuries propres à eux, lesquelles les reconnoissent pour Seigneur & luy portent une affection naturelle. |
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Quelli stati che si governano per un' Principe et per servi hanno el lor' Principe con più autorità, perche in tutta la sua provincia non è alcuno che riconosca per superiore se non lui ; et s'obediscono alcuno altro lo fanno come a ministro et officiale, et non li portano particulare amore. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Mais les estatz qui se gouvernent par un seul prince qui a seulement ses serfz et esclaves, sont régiz en plus grande authorité. Pource qu'en toute la province âme ne recongnoit autre seigneur que luy, et s'ilz obéissent à quelque autre ilz le font comme à ministre et officier dicelluy, et ne luy portent aucune particulière affection. | Quant aux païs qui se gouvernent par ung Prince, les autres tous serfz, le Seigneur est envers eux de plus grande autorite, d'autant qu'en toute la contree il n'y a que celuy la qu'ilz recongnoissent pour souverain. Et s'ilz obeissent a quelque autre, ilz le font comme a son officier et ministre, mais ilz ne luy portent pas une amitie particuliere. | Les autres, ausquelz le Prince commande comme a esclaves, ont leur souverain en beaucoup plus de reverence, parce qu'en toute la Province ilz ne recongnoissent que luy pour superieur, et s'ilz obeissent a un autre, ce n'est sinon d'autant qu'ilz le voyent ministre et officier du Seigneur, sans luy porter aucune autre particuliere amour. | Quant aux païs qui se gouvernent par un Prince, les autres estans tous serfs, le Seigneur y est envers eux de plus grande autorité, d'autant qu'en toute la contrée il n'y a que luy qu'ils recognoissent à souverain. Et s'ils obeissent à quelque autre, ils le font comme à son officier, mais ils ne luy portent pas amitié particuliere. |
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Li essempi di queste due diversità di governi sono, ne nostri tempi el Turco, et il Re di Francia. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Nous avons aujourd'huy les royaulmes du Turc, et de France, pour exemples de ceste diversité de gouvernementz. | Les exemples de ces deux differences de gouvernement de nostre memoire sont le grand Seigneur, et le roy de France. | Lon peut voir de ce temps mesmes les exemples de ces deux diversitez de gouvernemens au grand Turc, et au Roy de France : | Les exemples de ces deux differences de gouvernement de nostre memoire sont le Roy de France & le grand Turc. |
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Tutta la monarchia del Turco è governata da un' Signore; l'altri sono suoi servi, et distinguendo il suo regno in Sangiacchi, vi manda diversi amministratori et gli muta, et varia come pare a lui. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Car premièrement toute la monarchie du Turc est dominée par un grand seigneur, tous les aultres sont serfz. Lequel divise sont royaulme en plusieurs sensacques, qui vault autant à dire que gouverneurs, et par iceulx gouverne son estat, en envoyant divers administrateurs en diverses provinces, et les change et remue comme bon luy semble. | Toute la Monarchie du grand Turc est gouvernee par luy seul, tous les autres sont ses vassaux. Et divisant son royaume par Sangiacches, il envoye divers baillifz et gouverneurs, il les change, et les oste comme bon luy semble. | Car toute la Monarchie du Turc est soubzmise soubz un seul seigneur les subiectz duquel sont tous serfz, et captifz. Et divisant ses seigneuries par gouvernemens, qu'ilz appellent Sangiacques, il y envoye divers administrateurs, lesquelz il change, et met comme bon luy semble. | Toute la Monarchie du grand Turc est gouvernee par luy seul, tous les autres sont ses esclaves. Et divisant son royaume par Sangiacches, il envoye divers baillifs & gouverneurs, il les change, & les oste à son plaisir & volonté. |
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Ma il Re di Francia è posto in mezo d'una moltitudine anticha di Signori riconosciuti da loro sudditi et amati da quelli; hanno le lor preminentie, non le può el Re tor loro senza suo pericolo. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Mais le roy de France, est constitué au millieu d'une multitude d'anciens seigneurs recongneuz et bien aimez de leurs subjectz, ayans leurs prééminence et honneurs que le roy ne leur pourroit oster sans son évident danger. | Mais le Roy de France il a entour de sa personne un ancien et grand nombre de Gentilz hommes qui sont congneuz par autres subiectz qu'ilz ont, et sont aimez d'eux, ayans privilieges et dignitez que le roy ne leur peut oster sans son grand danger. | Mais le Roy de France est constitué quasi comme au milieu d'une ancienne compagnie de Seigneurs, lesquelz ayans subiectz propres à eux, de qui ilz sont aymez, et redoubtez, tiennent leur préeminence en ce Royaume, dont le Roy ne les peut bonnement priver, sans crainte de sedition, et tumulte. | Mais le Roy de France a entour de sa personne un ancien & grand nombre de Gentils hommes qui sont reconneus par autres suiets qu'ils ont, & sont aimez d'eux, ayans privileges & dignitez que le Roy ne leur peut tollir sans son grand danger. |
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Chi considera adunque l'uno et l'altro di questi stati, troverà difficultà nell'acquistare lo stato del' Turco, ma, vinto che fia, è facilità grande a tenerlo. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Qui doncques vouldra bien considérer la nature de ces deux estatz il trouvera qu'il y a grande difficulté à conquérir l'estat du grand Turc. Mais si une foys il estoit conquesté, et entre les mains d'un seigneur, il y a grande facilité à le retenir. | Qui donc considerera ces deux façons de gouverner, il trouvera qu'il y a beaucoup d'affaire a gaigner le païs du Turc, mais estant une fois gaingne il n'y aura pas fort affaire de le tenir. | Qui considerera doncq bien ces deux divers estatz, il iugera entreprise fort malaisée de chasser le Turc de ses païs : mais l'en ayant un coup deietté la possession en demeurera de la en avant fort facile pour le vainqueur. | Qui donc considerera ces deux façons de gouverner, il trouvera qu'il y a beaucoup d'affaire à usurper le païs du Turc, mais estant une fois conquis, il n'y aura pas fort affaire à le maintenir. |
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Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
. | Pas de traduction |
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Le cagioni delle difficultà in potere occupare el regno del' Turco sono per non potere lo occupatore esser chiamato da Principi di quel' regno, ne sperare con la rebellione di quelli che gli ha d'intorno poter' facilitare la sua impresa. Il che nasce dalle ragioni sopraddette. Perche esendoli tutti schiavi et obligati si possono con più difficultà corrompere et, quando bene si corrompesseno, se ne può sperare poco utile, non possendo quelli tirarsi drieto i populi per le ragioni assegnate. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Les causes de la grande difficulté à occuper son royaulme, sont que celluy qui vouldroit entreprendre de ce faire, n'y peult estre appellé par aulcun prince dudict royaulme et ne peult espérer de faire son entreprinse aisée par la rébéllion de ceulx qui sont auprès de luy. Laquelle chose advient pour les raisons cy dessus dictes. Car l'on ne peult facilement corrompre ceulx qui luy sont totalement esclaves et obligez, et combien qu'ilz fussent par promesses et argent induictz à favoriser celluy qui leur feroit la guerre, touteffoys l'on n'en peult espérer grand prouffict, à cause qu'ilz ne peuvent tirer après eulx les peuples, desquelz ilz ne sont pas seigneurs, | Les occasions de ces difficultez pour vaincre les païs du grand Seigneur, sont a cause que celuy qui les vouldra occuper ne sera point appelle des princes du païs, et ne doit esperer que par la revolte de ceux que le Turc tient pres de soy, il puisse venir a chef plus aisement de son entreprise. Ce qui advient pour les raisons alleuees : pource qu'estans tous esclaves et obligez ilz ne se peuvent pas si aisement corrompre, et quant bien ilz seroyent corrompuz, on n'en doit pas attendre grand secours, ne pouvans tirer quant et quant eux le populaire, pour les raisons que i'ay assignees. | Et la raison de la difficulté provient de ce, que l'occupateur n'y peut pas estre appellé par les grans Seigneurs du païs, ny avoir esperance de pouvoir faciliter son entreprise, pour la rebellion de ceux, qui sont autour de la personne du Turc. Ce qui depend des occasions susdictes. Parautant que se voyans tous esclaves, et obligez a leur seigneur, ilz ne se peuvent si aisément corrompre. Et quand bien ilz le seroient, il en reviendroit peu de proffit, ne pouvans par les raisons, que i'ay dictes, mutiner, ne rendre le peuple partisan contre son Prince. | Les occasions de ces difficultez à occuper les païs du grand Seigneur, sont à cause que celuy qui le voudra entreprendre ne sera point appellé par les Princes du païs, & ne doit esperer que par la rebellion de ceux que le Turc tient pres de soy, il puisse venir à chef plus aisement de son entreprinse. Ce qui avient pour les raisons alleguees : par ce qu'estans tous esclaves ils ne se peuvent pas si aisement corrompre, & quand bien ils seroient corrompuz, on n'en doit pas attendre grand secours, ne pouvans attraire le peuple à leur cordelle, pour les raisons que i'ay assignees. |
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Onde a chi assalta il Turco è necessario pensare di haverlo a trovare unito et li conviene sperare più nelle forze proprie che ne disordini d'altri. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
dont il convient que celluy qui vouldra assaillir le grand Turc, tasche de le trouver uny et garny de toutes ses forces, et le vaincre en campaigne ; et fault qu'il ayt plus d'espoirs et de fiance à ses forces propres qu'aux faultes et négligences de l'ennemy. | A ceste cause qui veut combatre le Turc, il faut qu'il s'atende de le trouver tout uni, et doit mettre plus d'asseurance sur ses propres forces que non pas au desordre des ennemis. | A ceste cause quiconque luy voudra faire guerre, il faut qu'il se delibere de trouver a qui parler, pour la bonne union des subiectz, et qu'il constitue plus son espoir en ses propres forces, qu'au mauvais ordre de son ennemy. | A ceste cause qui veut combatre le Turc, il fault qu'il s'attende de le trouver tout uny, & doit mettre plus confiance sur ses propres forces que sur le desordre de ses ennemis. |
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Ma vinto che fusse, et rotto a la campagna in modo che non possa rifare eserciti, non s' ha da dubitare d' altro che del' sangue del Principe; il quale spento, non resta alcuno di chi s' habbia a temere, non havendo gli altri credito co popoli. Et come il vincitore avanti la vittoria non poteva sperare in loro, così non debbe doppò quella temere di loro. | |||
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Mais icelluy vaincu et deffaict en champ de bataille de sorte qu'il ne puisse refaire son armée, le conquérant ne doibt plus craindre autres que ceulx de la lignée du prince. Lesquelz il fault incontinent faire mourir. Ce faict il ny a plus âme que l'on doibve craindre, pour ce que tous les aultres n'ont aucune puissance ny crédit envers les peuples. Car comme avant la victoire le conquérant ne pouvoit en iceulx avoir aucune espérance, aussy après icelle il ne doibt diceux aucunement avoir crainte. | Mais s'il est une fois vaincu et rompu en la campagne de sorte qu'il ne puisse refaire camp, on ne doit craindre autre chose que le parentage du Turc, lequel estant amorti, il n'y a moyen dequoy on se puisse doubter. Car les autres n'ont point d'authorite envers le peuple. Et tout ainsi que celuy qui a eu le meilleur ne pouvoit devant la victoire esperer en eux, aussi ne doit il point les craindre apres la route. | Mais l'ayant un coup rompu en belle campagne, de maniere qu'il n'aye plus le moyen de ressusciter son armée, il ne faut rien plus craindre, que ceux de son sang : lesquelz estant un coup adnichillez, il ne reste plus ame, de quï lon se doive doubter, n'ayans les autre Capitaines du Turc aucun credit avecques le peuple. Desquelz tout ainsi, qu'avant la victoire, le vainqueur ne s'en pouvoit faire fort, aussi n'en doit il apres avoir aucun craincte. | Mais s'il est une fois vaincu & rompu en la campagne, de sorte qu'il ne puisse refaire d'ost, on ne doit craindre autre chose que le parentage du Turc, lequel estant amorty, il n'y a moyen dequoy on se puisse douter : car les autres n'ont point d'autorité envers le peuple. Et tout ainsi que celuy qui a eu le meilleur ne pouoit avant la victoire esperer en eux, aussi ne les doit il point craindre apres la route. |
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El contrario interviene ne Regni governati come è quello di Francìa, perche con facilità puoi entrarvi guadagnandoti alcuno Barone del' Regno, perche sempre si truova de mal' contenti et di quelli che desiderano innovare. | |||
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Le contraire de ce que dessus adviendroit aux royaulmes gouvernez comme la Francepource que facillement l'on y peult entrer en gaignant quelque baron du royaume, desquelz il en y a toujours quelcun qui réchigne et qui désire nouvelles mutations. | Tout au rebours advient des royaumes gouvernez comme celuy de France : pource que facilement on y peut entrer et gaigner quelque baron du royaume. Car il se trouve tousiours assez de malcontens, et de ceux qui demandent choses nouvelles | Tout le contraire se voit es Royaumes diversement gouvernez, dans lesquels tu peux facilement entrer, pratiquant quelque Prince d'iceux : parce qu'il y en a tousiours de mal contans, mesmement les amateurs de nouvelles mutations. | Tout au rebours avient des royaumes gouvernez comme celuy de France : par ce que facilement on y peut entrer & gaigner quelque baron d'iceluy. Car il se trouve tousiours assez de malcontens, & de ceux qui demandent choses nouvelles, |
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Costoro per le ragioni dette, ti possono aprir' la via a quello stato et facilitarti la uittoria, la qual' dapoi, a volerti mantenere, si tira drieto infinite difficultà et con quelli che ti hanno aitato et con quelli che tu hai oppressi. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Ceulx cy comme dict est te peuvent donner entrée en icelluy estat, et rendre la victoire plus aisée. Laquelle certainement si tu t'y veulx maintenir, ameine quant et foy innumérables difficultez, partie contre ceulx là mesmes qui t'ont donné secours pour y entrer, partie contre ceulx que tu as abatuz, | lesquels pour les raisons alleguees te pourront bien ouvrir le passage pour entrer au païs aidant bien fort a la gangner. Mais apres vouloir garder la possession, il y a des empechemens infiniz, tant envers ceux qui ont suyvi nostre parti, que ceux que on a surmontez. | Lesquelz, par les moyens cy devant declarez, t'y peuvent faire l'entrée, voires iusques a te rendre la victoire aisée. Laquelle, si a la suitte du temps tu t'y veux continuer, traine apres elle une infinité de difficultez, que tu auras et contre ceux que tu as vaincus, et ceux aussi qui t'ont aydé. | lesquels pour les raisons alleguées te pourront bien ouvrir le passage pour entrer au païs aydant bien fort à le conquerir. Mais apres à en vouloir garder la possession, il y a des empeschemens infinis, tant envers ceux qui ont suyvy vostre party, que ceux que on a surmontez. |
Segment 15 | |||
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Ne ti basta spegnere il sangue del' Principe, perche vi rimangono quelli Signori che si fanno capi delle nuove alterationi, et non li potendo contentare ne spegnere, perdi quello stato qualunche volta venga l'occasione. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
et ne suffict pas avoir exterminé la lignée du prince, pour ce qu'il y reste plusieurs autres seigneurs qui se font chefz de nouvelles rébellions, dont il advient que tu perds l'estat sitost qu'ilz treuvent l'occasion de révolter : et ce pour cause que tu ne les peulx ny contenter, ny destruyre. | Outre ce qu'il ne suffit pas d'estaindre le sang royal, pource qu'il demeurera tousiours des Seigneurs, qui se feront chefz de nouvelles mutations, lesquelz d'autant qu'on ne peut contenter ni ruiner la premiere occasion qui se presentera, tous les estaz gaignez seront perduz. | Et ne sera pas assez en cest endroit d'abolir la race, et le sang du Roy, parautant que les autres Seigneurs demeurent tousiours, qui se feront a un besoing chefz de nouveaux changemens. Et ne les pouvant du tout contenter, ne destruire, il faut necessairement que tu en lasches la prise, et soie dechassé aux premieres occasions, qui s'offriront contre toy. | Outre ce qu'il ne suffit pas d'estraindre le sang Royal, pource qu'il demeurera tousiours des Seigneurs qui se feront chefs de nouvelles mutations : lesquels d'autant qu'on ne peut contenter, ne ruiner, à la premiere occasion qui s'offrira, tous les estats acquis seront perduz. |
Segment 16 | |||
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Hora se voi considerrette di qual natura di governi era quello di Dario, lo troverete simile al' Regno del' Turco; et però ad Alessandro fù necessario prima urtarlo tutto et torgli la campagna. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Or si vous considérez de quelle sorte estoit le royaume de Darius roy des Perses vous le trouverez semblable au royaume du Turc. Parquoy il fut nécessaire à Alexandre de le hurter entièrement et le chasser de la campaigne du premier sault. | Maintenant si nous voulons bien regarder de quelle maniere de gouvernement estoit le royaume du roy Daire, nous le trouverons semblable a celuy du grand Seigneur : et pourtant il estoit force que premierement Alexandre le vint rencontrer, et qu'il le deconfist en la campagne. | Maintenant se vous advisez bien de quelle sorte estoit le Royaume de Darius, vous le trouverez entierement semblable à celuy du Turc. Aussi fallut il de necessité a Alexandre, qu'il le combatist, et luy fist premierement perdre la campagne par deux ou trois iournées : | Maintenant si nous voulons bien regarder de quelle maniere de gouvernement estoit le royaume du Roy Darius, nous le trouverons semblable à celuy du grand Seigneur : & pourtant estoit force que premierement Alexandre le vint rencontrer, & qu'il le deconfist en campagne. |
Segment 17 | |||
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Doppò la qual' vittoria, essendo Dario morto, rimase ad Alessandro quello stato securo per le ragioni sopra discorse; et li suoi successori, se fussino stati uniti, se lo potevano godere ociosi, ne in quello regno nacqueno altri tumulti che quelli che loro proprij suscitorno. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Après laquelle victoire ensemble celle où tous les effors furent monstrez d'une part et d'aultre, ayant esté Darius occis, tout l'estat demoura seur et paisible à Alexandre, pour les raisons cy dessus discourues : tellement que ses successeurs, s'ilz eussent esté uniz et d'accord entre eulx, en eussent jouy paisiblement, et en ce royaume là ne nasquirent aucuns tumultes hormis ceulx là que eulx mesmes excitèrent. | Apres laquelle victoire estant Daire mort, Alexandre demoura paisible de ce païs pour les raisons que nous avons parcy devant discourues. Et si les successeurs eussent voulu s'accorder ensemble, ilz le pouvoyent tenir sans empeschement : car en tout le païs il n'est point survenu d'autre trouble, que celuy qu'eux mesmes ont suscite. | apres lesquelles, et la mort du Roy Darius, l'empire des Perses demoura soudain paisible a Alexandre par la voye que dessus. Et si ses heritiers se fussent aussi bien maintenus en paix ensemble, comme il avoit sceu faire la guerre pour eux, ilz en eussent peu iouir longuement. Car il ne s'y esleva onques autres troubles, ne rebellions, que celles mesmes, que les propres seigneurs y crearent. | Apres laquelle victoire estant mort Darius, Alexandre demoura paisible de ce païs pour les raisons que nous avons cy devant discourues. Et si les successeurs eussent voulu s'accorder ensemble, ils le pouvoient tenir sans destourbier : car en tout le païs il n'est point survenu d'autre trouble, que celuy qu'eux mesmes ont suscité. |
Segment 18 | |||
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Ma li stati ordinati come quello di Francia è impossibile possederli con tanta quiete. | |||
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Mais les estatz ordonnez comme la France ne se peuvent retenir avec si grande tranquillité. | Mais des estatz ordonnez comme la France, il est impossible d'en iouir si paisiblement. | Or il va tout autrement des estatz bien ordonnez, et fondez, comme celuy de France, lequel est impossible d'estre long temps gardé paisiblement par un nouveau usurpateur. | Mais des estats ordonnez comme la France, il est impossible d'en iouïr si paisiblement. |
Segment 19 | |||
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Et di qui nacquono le spesse ribellioni di Spagna, di Francia et di Grecia da' Romani, per li spessi Principati che erano in quelli Stati: de quali mentre che durò la memoria sempre furono i Romani incerti di quella possessione. | |||
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A ceste cause il y eut tant de rébellions en Hespaigne, en la France, et en Græce contre les Rommains pour ce qu'en icelles y avoit grand nombre de princes. Dequelz tant que le sang et la mémoire peult durer, jamais les Romains n'en peurent estre paisibles. Car à tous les coups, par nouveau révoltement ilz estoient troublez en la possession dicelles provinces. | Et dela sourdirent les revoltemens ordinaires d'Espagne de France et de Grece, contre les Rommains pour le grand nombre des Seigneurs qui estoyent en ces quartiers, desquelz tant que la memoire dura, les Rommains ne furent point bien asseurez de les tenir, | Et de là sont sorties ces grandes et fascheuses mutineries qui anciennement se sont faittes es Espagnes, es Gaules, et en la Grece contre le peuple Romain, pour le grand nombre des petitz Seigneurs, dont ces nations estoient remplies. Desquelz tant que la memoire demeura les Romains en furent tousiours en possession incertaine et penible. | Et de là sourdirent les rebellions ordinaires d'Espagne, de France & de Grece, contre les Romains pour le grand nombre des Seigneurs qui estoient en ces quartiers : desquels tant que la memoire dura, les Romains ne furent point bien assurez à les maintenir, |
Segment 20 | |||
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Ma spenta la memoria di quelli, con la potentia et diuturnita de l'Imperio, ne diventorno securi possessori. Et posserno di poi anche quelli, combattendo tra loro, ciascun' tirarsi drieto parte di quelle Provincie, secondo l'autorità v' haveva preso drentro; et quelle per essere el sangue del' loro antico Signore spento non riconoscevan' altri che i Romani. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Mais quand la lignée de ces princes fut totallement estaincte, tant que la force des Romains et l'empire dura, ilz en furent de tous temps paisibles possesseurs, et qui plus est, combien que quelqu'ungs d'entre eulx en combatant contre leurs voisins eussent occupé la seigneurie de quelque partie dicelles, si est ce qu'ilz ne recongnoissoient jamais autre supérieur que les Romains. A cause que la mémoire des anciens seigneurs estoit entièrement anéantye. | mais en ayant aboli la souvenance par la continuation et puissance de leur empire, ilz en sont devenuz seurs et paisibles Seigneurs. Et depuis encores qu'ilz menassent guerre les ungs contre les autres, ilz l'ont tenue et possedee, chacun tirant a soy une partie de ces païs selon l'autorite qu'ilz avoyent prise, d'autant que la race de leur ancien prince estant faillie, ilz n'en recongnoissoyent point d'autres que les Romains pour souverains. | Mais apres les avoir du tout extirpez et fait oblier moyennant la reputation, et ancienneté de leur Empire, ilz en devindrent par trait de temps asseurez seigneurs. Tellement qu'au temps des guerres civilles les Capitaines et Citoyens Romains, qui estoient en different, eurent bien le moyen chacun d'eux d'attirer de son costé une partie de ces Royaumes, et Provinces, selon le credit que ilz avoient auparavant acquis en icelles. Et les pauvres gens ayans perdu la memoire de leurs antiens et naturelz Seigneurs ne recongnoissoient plus autres, que les Romains pour superieurs. | mais en ayant aboly la souvenance par la continuation & puissance de leur empire, ils en sont devenuz surs & paisibles dominateurs. Et depuis, encore qu'ils menassent guerre les uns contre les autres, ils l'ont tenuë & possedee, chacun tirant à soy une partie de ces païs selon l'autorité qu'ils y avoient prinse, d'autant que la race de leur ancien prince estant faillie, ils n'en recognoissoient point d'autres que les Romains à souverains. |
Segment 21 | |||
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Considerando adunque queste cose, non si maravigliarà alcuno della facilità ch' ebbe Alessandro a tenere lo stato d' Asia et delle difficultà ch' anno havuto li altri a conservare l' acquistato, come Pyrrho et molti altri; il che non è accaduto da la poca o molta Virtú del' vincitore, ma da la disformità del suggetto. | |||
Jacques de Vintimille | Guillaume Cappel | Gaspard d'Auvergne | Jacques Gohory |
Je concludz donc, que si l'on considère bien toutes ces diversitez d'estatz, on ne s'en debvra esmerveiller, de la grande facilité qu'eust Alexandre avec ses successeurs, à retenir le royaume d'Asie, et de la grand difficulté qu'ont eu plusieurs aultres, à contregarder leurs conquestes, comme Pyrrhus et semblables. Laquelle chose ne procedda pas tant de la grande ou petite vertu du conquérant, comme de la difformité et diversité du subject. | Qui considerera donc ces choses, ne s'esmerveillera point comment il fut si facile au grand Alexandre, de tenir l'empire d'Asie, combien qu'il fust malaise aux aultres de garder ce qu'ilz avoyent gaigne, comme a Pyrrhe et beaucoup d'autres. Ce qui n'est pas tousiours advenu de la petite ou grande vertu qui soit au victorieux, mais de la diversite du subiect. | Ces choses doncq bien considerées, l'on ne s'esmerveillera point de la facilité, qu'eust Alexandre à garder la monarchie de l'Asie, et de la peine, que les autres ont souffert, à conserver leurs terres conquises, comme feit le Roy Pirrus, et plusieurs autres. Ce qui n'est point advenu pour la trop excellente, ou imbecille vertu du vaincqueur, ains plustost à l'occasion des differentes qualitez du subiet. | Qui considerera donc ces choses, ne s'esmerveillera point comme il fut si facile au grand Alexandre, de tenir l'empire d'Asie, combien qu'il fust malaisé aux autres de garder ce qu'ils avoient acquis, comme à Pyrrhe & beaucoup d'autres. Ce qui n'est pas tousiours avenu de la petite ou grande vertu du vainqueur, ains de la diversité du suiet. |